Le monde de YouTube est encore récent, mais faire des vidéos sur la plateforme est aujourd'hui un véritable métier. Alors que le site de vidéos permet aux créateurs de toucher des revenus grâce aux publicités ajoutées avant/pendant/après leurs contenus, les vidéastes peuvent également se rémunérer grâce à différents placements de produits, des abonnements, des appels aux dons...
Un univers qui passionne le public autant qu'il génère de fantasmes sur ses coulisses, et dont le YouTubeur Regelegorila - spécialisé dans les critiques de films et séries, vient de lever un voile. Là où les créateurs préfèrent habituellement esquiver le sujet de la YouTube Money, ce dernier vient à l'inverse de jouer cartes sur table avec ses abonnés.
Ce jeudi 7 juillet 2022, le vidéaste a en effet tenu à faire un "bilan financier de [sa] chaîne YouTube sur les 6 premiers mois de 2022" publiquement, non "pas pour frimer", mais "pour briser le tabou de l'argent en France". Et c'est peu dire que ses chiffres ont fait bégayer certains internautes.
A en croire ses propos, il aurait déjà touché 21 340€ de YouTube (pubs) + 31 013€ de partenariats (placements de produits). Total des comptes ? Regelegorila aurait donc gagné "52 934€ brut soit environ 35 465€ net" depuis janvier.
Une somme qu'il considère lui-même comme "colossale", d'autant plus qu'il ne veut pas en faire son métier, "je veux quand même un CDI", qu'il a souhaité dévoiler afin de "montrer à quel point [nos] YouTubers préférés vivent extrêmement bien". Et forcément, cela n'a pas manqué de faire réagir le public sur les réseaux sociaux qui s'est transformé en calculatrice pour estimer les gains des autres stars de YouTube.
Un petit jeu malsain et ridicule, pour la simple et bonne raison que les chiffres de Regelegorila ne représentent pas une vérité absolue en mode "les YouTubeurs sont ultra riches". Si, dans sa dernière vidéo intitulée "Interrogatoire sous détecteur de mensonges #2", Mastu a reconnu que sa chaîne YouTube avait généré en 90 jours - donc uniquement avec des pubs, la somme de 225 000€ brut, ce qui semble en apparences donner raison au reviewer, les deux vidéastes ont pourtant une approche totalement différente de la plateforme.
Ainsi, il suffit de faire un tour sur la chaîne de Regelegorila pour comprendre que son contenu ne représente finalement que très peu de charges pour lui. Avec des vidéos tournées quasiment exclusivement devant un fond vert à son domicile, qu'il semble filmer et monter en solo, son coût de production apparaît comme presque nul (logiciel à payer, amortissement matériel), ce qui laisse entendre que son bénéfice rentre alors directement dans sa poche.
A l'inverse, un vidéaste comme Mastu a une approche digne d'un chef d'entreprise avec, en conséquences, des dépenses plus importantes. Entre ses locaux à payer (il a ouvert le LOAT l'an passé), ses équipes à rémunérer (monteur, chargé de prod, agent, comptable...) et ses concepts à financer qui nécessitent régulièrement du matériel, que ce soit pour des vidéos en intérieur ou en extérieur, une large partie de ses bénéfices est donc réinjectée ailleurs. De fait, proportionnellement, il n'est pas idiot de penser que ses revenus sont moins élevés qu'un YouTubeur seul dans sa chambre.
De même, ces deux exemples ne représentent en rien la généralité sur YouTube. Il est utile de rappeler que certains vidéastes ont fait le choix de se passer de publicités sous leurs vidéos (ce qui limite ainsi leurs revenus) ou sont, à l'opposé, boycottés par la plateforme à cause de sujets sensibles comme l'Histoire ou la sexualité. Quand cela arrive, les vidéos peuvent être démonétisées ou simplement moins sujettes à de la pub. On le sait, les marques sont parfois frileuses et ne veulent pas être associées à différents thèmes.
Enfin, petite précision : ces montants ne sont jamais réguliers. Là où les campagnes publicitaires en décembre peuvent rapporter de l'argent aux vidéastes grâce à Noël, c'est souvent le calme plat en été avec les vacances. Une instabilité frustrante qui oblige les créateurs à jongler constamment afin d'éviter de mauvaises surprises. Surtout, elle nous rappelle que, même si YouTube peut rapporter de l'argent, une carrière sur la plateforme entraine une pression constante pour garder la tête hors de l'eau.
Faire des vidéos sur YouTube, c'est être soumis à un algorithme qui évolue constamment, faire face à une concurrence toujours plus importante et accepter de ne pas être véritablement maître de son destin avec un site qui, du jour au lendemain, peut décider de changer les règles du jeu.