Après la 92ème édition des Oscars à Los Angeles, ce sera au tour de la France de décerner ses prix lors de la 45ème nuit des César, le 28 février 2020 à Paris. Mais avant de découvrir la prestigieuse cérémonie française qui récompense le septième art, 200 personnalités du cinéma français ont publié une tribune sur Le Monde. Ils dénoncent un "système élitiste et fermé" et veulent une "réforme en profondeur" de l'Académie des Arts et Techniques du Cinéma (qui vote pour les César), présidée par Alain Terzian.
Parmi les stars qui ont signé le document, il y a des grands noms comme Omar Sy, Leïla Bekhti, Gilles Lellouche, Marina Foïs, Jean-Paul Rouve, Mathieu Amalric, Bérénice Bejo, Agnès Jaoui, Yvan Attal, Karin Viard, Roschdy Zem, Léa Drucker, Jean-Pierre Bacri, Chiara Mastroianni, Anna Mouglalis, Ludivine Sagnier, Jacques Audiard, Michel Hazanavicius ou encore Cédric Klapisch.
Tous font partie des 4 700 membres qui forment l'Académie des César. Ils ont tous été "hautement sélectionnés", "payent une cotisation annuelle et peuvent voter pour élire les nommés puis les lauréats de chaque catégorie". Pourtant, "nous n'avons aucune voix au chapitre ni dans les fonctionnements de l'académie et de l'association, ni dans le déroulé de la cérémonie" se sont-ils plaints.
Omar Sy, Leïla Bekhti, Gilles Lellouche et le reste des signataires, en plus des dysfonctionnements, ont aussi dénoncé une "opacité des comptes". "Les comptes annuels de l'association et ses statuts apparaissaient sur le site des Césars (dans la partie réservée aux membres), mais ce n'est plus le cas aujourd'hui" ont-ils ainsi écrit. Les personnalités veulent savoir ce que devient leur argent, à quoi il sert vraiment.
Les célébrités souhaitent aussi la parité, les femmes étant encore minoritaires dans les 4 700 membres de l'Académie. Alain Terzian a annoncé vouloir "intégrer une dizaine de femmes dans l'association afin d'atteindre la parité" ont rappelé les comédiens et les cinéastes, "Mais il s'agirait, de nouveau, d'un système de cooptation, vestige d'une époque que l'on voudrait révolue", "celle d'un système élitiste et fermé" ont-ils déclaré.
C'est entre autres à cause de ces problèmes que "la majorité des membres de l'académie ne se retrouve pas dans les choix qui sont faits en leur nom et qui ne reflète pas la vitalité du cinéma français actuel dans ses très nombreuses composantes".
Ils ont même expliqué en comparaison avec les Oscars, les BAFTA et l'EFA que les César sont beaucoup moins démocratiques : "Pourquoi les 4 700 membres de l'académie ne peuvent-ils pas voter pour élire leurs représentants comme c'est le cas aux Oscars, aux Baftas ou à l'EFA (l'Académie européenne du cinéma) ? Pourquoi l'académie est-elle régie par un club de personnes cooptées ou désignées au compte-gouttes ? Comment se fait-il que les membres de l'association le soient à vie et que ses dirigeants soient indéfiniment rééligibles ?".
Quelques heures avant la publication de ce texte, Alain Terzian avait indiqué au Journal du Dimanche les changements qu'il prévoit de faire pour moderniser les César : "Le premier axe d'évolution au sein de l'Association sera d'établir la parité avant la fin de l'année au sein du Conseil d'Administration, composé à ce jour de 21 membres, mais également au sein de son Assemblée Générale, composée de 47 membres".
Le président de l'Académie des Arts et Techniques du Cinéma a aussi assuré s'ouvrir à d'autres possibles membres : "Nous incitons donc toutes celles qui souhaitent faire partie du collège des votants, à faire acte de candidature, et remercions l'ensemble de la profession de bien vouloir relayer ce message le plus largement possible. Si la tendance ne s'inverse pas significativement, il sera alors proposé au Conseil d'Administration de faire évoluer les modalités d'admission".
Mais ces mesures ne suffiraient donc pas pour les 200 signataires, qui espèrent que les César s'ouvriront davantage à d'autres talents, tiendront leurs promesses de parité ou encore seront plus transparents sur leurs comptes.