Etre homo en France en 2023, ce n'est toujours pas évident. Un simple coup d'oeil aux réactions que suscite la moindre publi de Bilal Hassani sur les réseaux devrait te le confirmer. Ou alors, aux coms engendrés par le refus de certains joueurs de foot internationaux d'arborer le drapeau LGBT sur leurs maillots...
Ce constat, c'est justement celui du bien nommé Homos en France, un docu diffusé ce 16 mai sur France 2 et déjà dispo en replay sur le site de France TV, qui s'attarde largement sur une homophobie beaucoup trop banalisée, partout : pop culture, politique, société... Jusqu'à la traduction des séries télé ! Dans la version FR de la série Dynastie, le staff chargé de l'adaptation a effectivement pensé bon de traduire "gay" par... "Malade". Oui oui. Il faut dire que l'homosexualité était encore considérée comme une pathologie jusqu'en 1992...
Face à tout ça, pas facile de s'assumer en tant qu'homo dans notre beau pays. Et donc, de faire son coming-out. Le narrateur de ce docu, Vincent Dedienne, peut le confirmer. Celui que tu connais certainement pour ses anciennes chroniques dans Quotidien auprès de Yann Barthès ou pour ses apparitions tout aussi absurdes dans la série La flamme le déplore sans bafouiller : "le coming out, c'est toujours un précipice".
Dans les pages du magazine Télérama, il dit tout d'ailleurs sur cette étape loin d'être évidente dans la vie d'un gay, mais qui concerne aussi les personnes bis et trans : "Il faut se le manger, ce moment du coming-out et ce moment où l'on comprend qu'on n'est pas comme les autres. C'est toujours un précipice... On a tous dû passer par-dessus les moqueries, les discriminations, les railleries, les insultes, les crachats...".
"Nous restons dans une société hétérosexuelle, où cette différence est considérée comme anormale. Nous formons une communauté, ceux qui manient comme personne l'art du camouflage pour masquer notre secret", explique encore l'humoriste à ce sujet. L'homosexualité est un secret, autrement dit : un tabou.
En fait, la chose est encore plus pernicieuse que ça. Si les personnalités LGBT - homos, lesbiennes, bis, trans - sont de plus en plus médiatisées, et leurs luttes aussi, on observe en parallèle une vraie explosion des actes de haine à leur encontre dans le pays. Comme si sortir du placard et en être fier ne faisait qu'exacerber ces violences.
C'est ce que démontre d'ailleurs le nouveau rapport annuel de SOS Homophobie, qui a recueilli les témoignages de 1 506 personnes : le nombre d'agressions physiques "LGBTIphobes" signalées à l'assoce a augmenté... de 28 % en un an. Une personne LGBTI est agressée physiquement tous les deux jours en France. Ces agressions, elles se produisent dans les lieux publics, le voisinage, mais aussi, dans la famille-même des victimes. Partout en fait.
Cet état des lieux c'est justement celui du docu d'Aurélia Perreau sur France 2 : "Dix ans après le vote du mariage pour tous, les homos sont davantage présents dans le champ médiatique mais les actes homophobes ne cessent d'augmenter. Les personnalités de la politique ou de la culture font leur coming-out mais les insultes, les violences physiques et le cyberharcèlement font de plus en plus de victimes". Et beaucoup peuvent en témoigner. Le docu fourmille de voix d'ailleurs : politiques, sportifs, mais aussi artistes - on entend notamment Angèle.
"Ça va mieux aujourd'hui en France, même si je ne me sens pas toujours tranquille lorsque je tiens la main de mon copain dans une rue parisienne en plein après-midi", s'attriste d'ailleurs encore l'humoriste en interview. "Alors que je trouve qu'on n'est jamais plus heureux que quand on dit vraiment qui on est".