Si les enfants possédés qui hurlent des insanités, les corps qui se tordent à tout rompre et les crucifix qui brûlent ne font pas partie de vos kiffs premiers en tant que spectateur, alors vous risquez de passer un peu à côté de L'exorciste du Vatican. Pour les autres, le divertissement est garanti. Mais si Russel Crowe peut aujourd'hui se ramener dans la peau d'un "exorciste en chef" engagé par le Pape en personne, c'est un peu beaucoup grâce au méga succès d'un film qui célèbre cette année ses cinquante ans : L'exorciste de William Friedkin.
Ce classique de l'horreur au demi-siècle d'existence a bouleversé tout le monde : le public (des évanouissements se seraient accumulés dans les salles), Hollywood (bien décidé à nous noyer de "films d'exorcisme" par la suite) mais aussi son actrice principale, Linda Blair, alors âgée de seulement treize ans au moment du tournage - oui oui, pour une oeuvre pas dépourvue de séquences traumatisantes à vie, comme la fameuse "scène du crucifix".
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Enfant-star propulsée par ce film mais que le succès va également briser. On t'explique tout.
En incarnant Regan McNeil, gamine possédée par un démon bien vicieux baptisé Pazuzu (et son fameux "Ta mère s*** des qu*ues en Enfer"), Linda Blair s'est vue propulsée à même pas quinze ans sous le feu des projecteurs - et des médias - quitte à se brûler. Se voir nommée aux Oscars (inédit pour son jeune âge) n'a pas suffi. Ni le fait de tourner en 1974 aux côtés de Charlton Heston dans le film catastrophe 747 en péril. Car à l'instar de pas mal d'enfants-stars qui suivront (Drew Barrymore, Corey Feldman), l'actrice a rapidement sombré dans la drogue.
Alors qu'elle n'a que dix-sept ans, Linda Blair est arrêtée dans un appartement aux côtés de dealers. On va carrément l'accuser de trafic de stupéfiants - et de consommation de cocaïne. La suite ? Comme tu l'imagines, Hollywood ne pardonne pas vraiment ces écarts. Même quand, dans le cas singulier de Linda Blair, il est ici question d'une actrice qui tournait déjà - dans des pubs - depuis... L'âge de cinq ans. Pas mal.
La native du Missouri n'aura donc jamais vraiment de moment post-Regan : si elle a tourné dans une suite (trop ?) expérimentale du classique de William Friedkin, L'exorciste II de John Boorman, elle dérivera durant près de vingt ans au gré des flops et des séries B : Les Anges du mal, Les rues de l'enfer, Démoniaque Présence, Y a-t-il un exorciste pour sauver le monde ?... Oui bon, les titres suffisent pour te donner le ton.
On te résume la chose : des flops en série, une réputation désastreuse dûe aux addictions... Et quelques traumas. Pros, déjà : le fait que tout juste ado des gens pas forcément bienveillants évoquent face à elle les mêmes images "chocs" et très crues de L'exorciste, comme cette scène où Regan, possédée, se mutile violemment les parties intimes avec un crucifix. Des instants lunaires qu'ont dû vivre par la suite bien des jeunes actrices, comme Natalie Portman.
Et il y a le succès du film aussi (plus de 440 millions de dollars au box-office !), qui lui vaut hourras mais également menaces de mort de la part de spectateurs scandalisés. Pas la meilleure ambiance pour grandir.
Persos, enfin : comme le relate Vanity Fair, Linda Blair était très proche du groupe de rock culte Lynyrd Skynyrd, qu'elle côtoyait. Le crash d'avion qui va causer la mort d'une partie de la bande à la fin des seventies va la marquer à vie et la plonger d'autant plus dans les drogues et l'alcoolisme. L'enfer, pas celui des films : le vrai.
Et aujourd'hui alors ? Linda Blair fait parfois quelques apparitions à l'écran et intervient encore dans des conventions où elle aborde volontiers L'exorciste. Mais elle se consacre surtout à la cause animale. C'est le but de sa Fondation - proposer un refuge aux animaux abandonnés. Une vie plus apaisée, on l'espère.