Pic à glace, tailleur blanc, croisement de jambes, boîte de nuit, baiser lesbien... Les mots-clés s'accumulent dans notre tête pour désigner l'un des films les plus emblématiques des années 90 : Basic Instinct de Paul Verhoeven. Et l'un des plus sulfureux aussi, si ce n'est LE plus sulfureux. Tant et si bien que sans son succès mondial, toutes ces séries érotiques qui cartonnent aujourd'hui sur Netflix n'auraient peut-être pas vu le jour.
Ce classique du thriller, qui a fêté ses trente ans l'an dernier, revient en trombe au Festival de Cannes par le biais d'une masterclass de sa star, le grand Michael Douglas, qui est venu recevoir une Palme d'or "d'honneur".
Lors de cette nouvelle édition, l'acteur immortel de 78 ans est effectivement revenu sur les dessous d'une oeuvre aussi marquante que polémique. On se rappelle notamment des déclarations de Sharon Stone à propos de la fameuse scène d'interrogatoire de son alias fictionnel, la vénéneuse Catherine Trammel. Par le biais d'un croisement de jambes, l'actrice y dévoile son intimité, et ce, sans que cette visibilité à l'écran n'ait été consentie - c'est ce sur quoi insiste l'interprète dans son autobiographie parue en 2021, The Beauty of Living Twice.
Mais c'est sur d'autres points qu'a préféré s'attarder son complice. Comme la réception du film au Festival au tout début des années 90, faisant dangereusement monter la température d'un paquet de degrés. Notamment lors de la longue scène de sexe le confrontant à sa collègue, donc - une séquence frontale comme il faut (cunnilingus à l'appui) et plutôt éreintante, puisque mise en scène comme un combat.
Face à un public attentif, il témoigne et se réjouit : "Basic Instinct était unique, même pour la France. Voir cette scène de sexe sur le grand écran du Festival du Palais, le plus grand écran que j'aie jamais vu de ma vie, a été un peu écrasant, je pense, pour beaucoup de gens. Nous avons ensuite profité d'un dîner... très calme. Tout le monde était en train de digérer le film je pense... mais c'était très amusant !".
Mais ce qu'explique encore Michael Douglas lors de cette masterclass exceptionnelle, c'est qu'il y avait bien plus sidérant encore que les séquences caniculaires qui ponctuent cette histoire de meurtre mystérieux : Catherine Trammel en personne, Sharon Stone. A l'époque, l'Américaine a déjà tourné devant la caméra de Paul Verhoeven (dans Total Recall, sorti deux ans avant) mais n'a pas forcément explosé à l'international. Ce sera chose faite.
"Nous voulions frapper un grand coup, nous avions un bon scénario, et surtout nous avions une actrice fabuleuse : Sharon. Elle était tout simplement parfaite. Paul m'a envoyé une cassette de l'audition où il jouait mon propre rôle en compagnie de Sharon. Et elle était spectaculaire !", s'enthousiasme l'acteur.
<< Michael Douglas : son cancer ? La faute au... cunnilingus <<
Pourtant, ça n'a pas forcément été simple de trouver celle qui restera pour l'éternité l'une des femmes fatales les plus iconiques du septième art. Notamment parce que Paul Verhoeven aimait à dire en guise de première approche à toutes celles qui passaient le casting pour ce rôle "qu'il y aurait de la nudité, vraiment beaucoup de nudité dans ce film", relate Douglas, amusé.
"Je lui disait toujours : mais Paul, arrête de dire ça !... On a donc continué d'essuyer les refus des actrices...". Finalement le jeu en valait la chandelle. Si Hollywood a par la suite souhaité la cantonner aux mêmes rôles (hautement sexualisés, donc), Sharon Stone est parvenue à s'y échapper un petit peu en délivrant des partitions plus complexes : dans le Casino de Martin Scorsese par exemple, qui lui vaudra carrément un Oscar.