Terra Battle est un RPG free-to-play (F2P) prévu sur les plates-formes mobiles. Pourquoi avoir choisi ce modèle pour votre nouveau projet ?
Hironobu Sakaguchi : J'ai choisi le F2P car j'aime ce système. Ensuite, il en existe différents types : ceux qui sont à tendance "business" où dès le début du jeu, on vous pousse à acheter pour pouvoir progresser - ce dont je suis contre ; et il y en a d'autres beaucoup plus souples. C'est le cas de Terra Battle que vous pourrez terminer du début jusqu'à la fin sans débourser un euro. Ça dépendra de votre capacité à le faire et de votre persévérance. Les joueurs peuvent donc être rassurés, j'ai essayé de trouver un équilibre qui soit juste et qui leur permette d'y trouver leur compte sans les ruiner et sans les fruster. Après, il faut être conscient qu'on ne vit pas d'un jeu totalement gratuit, il faut être aussi en phase avec la réalité. Si le joueur termine le jeu gratuitement, c'est la fin de notre travail, il n'y aura pas de jeux suivants. Alors que s'il aime et qu'il procède à quelques achats, cela contribuera à ce que des suites voient le jour.
D'où est venue votre envie de développer ce nouveau RPG au modèle atypique ?
H.S : Le déclic a été le recrutement d'un programmeur et aussi d'un game designer de talent au sein de l'équipe de Mistwalker [le studio de développement créé par Hironobu Sakagushi, ndlr.]. On a commencé tous à travailler sur des petits jeux qui nous faisaient plaisir, pour nous changer les idées, comme un jeu de surf sur smartphones. Et il y a eu aussi, il y a un an, la rencontre avec Daisuke Yamamoto, directeur artistique de Puzzle & Dragons, qui m'a expliqué beaucoup de choses sur le marché du smarpthone. Et il y a plein de nouveautés qui m'étaient inédites comme l'utilisation d'un écran à la verticale, ce qui n'est pas anodin pour un développeur qui n'a travaillé que sur des écrans horizontaux. Il y a aussi l'utilisation des applications d'un point de vue purement marketing, comment les mettre en avant et les vendre. Tout ça, c'était des challenges qui m'intéressait et qui ont finalement abouti à la naissance de Terra Battle.
Terra Battle signe aussi votre nouvelle collaboration avec le compositeur Nobuo Uematsu, connu pour son travail sur la série Final Fantasy. Pourquoi appréciez-vous autant son travail ?
H.S : C'est vrai que depuis 30 ans maintenant, on est de bons collaborateurs. Par exemple, pour mon jeu de surf Party Wave, j'ai moi-même composé la musique. Je peux donc aussi développé des jeux sans forcément demander de l'aide à Nobuo Uematsu. D'ailleurs pour l'anecdote, il était plutôt triste que je ne fasse pas appel à lui pour la B.O de Party Wave ! Après, sorti de ce contexte, dans Terra Battle, il y a quand même une histoire, un scénario assez complexe. Il y a un procédé narratif qui fait que l'on a envie que cette narration soit accompagnée d'une musique qui en soit digne. Moi je n'en suis pas capable. Je connais le talent de Nobuo Uematsu ainsi que sa véritable force à savoir les mélodies qui mettent bien en valeur les situations telles qu'on veut les exprimer. J'ai confiance en lui. Il sait ce que j'attends de lui et au final, on obtient une sorte de symbiose intéressante dans le jeu.
Que pensez-vous de l'évolution de la saga Final Fantasy depuis que vous avez quitté Square Enix ?
H.S : Les gens qui sont à la tête du développement des FF actuels, sont les petits jeunes d'hier qui ont travaillé avec moi sur FF3 et FF4. Ce sont des personnes qui ont été très impliquées dans les épisodes dont j'ai été responsable. Donc ils connaissent la série aussi bien que moi. C'est certes ma création, mais on l'a développée tous ensemble ce qui fait qu'il y a une continuité logique. Ces développeurs ne sont pas arrivés de nulle part. Donc s'ils ont jugé bon de faire évoluer la licence dans telle ou telle direction, ils n'ont sûrement pas eu le tort de le faire. D'autant plus que je n'ai plus mon mot à dire, je n'avais qu'à rester si j'avais voulu intervenir. Le seul commentaire que je peux faire, c'est que cela reste quelque part mon bébé. Et donc, ce que je veux, c'est que mon bébé soit heureux.
Propos recueillis par Vincent de Lavaissiere. Ne pas mentionner sans citer Purebreak.com
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