Le monde du manga est à nouveau en deuil. Deux ans après la disparition de Kentaro Miura (Berserk) et un an après la mort accidentelle de Kazuki Takahashi (Yu-Gi-Oh), les médias japonais annoncent aujourd'hui un nouveau décès tragique : celui de Buichi Terasawa. Agé de 68 ans, l'artiste a été victime d'un infarctus du myocarde le 8 septembre 2023 à son domicile.
Ce nom ne vous dit rien ? Et pourtant, le mangaka - qui avait combattu par trois fois une tumeur au cerveau découverte à la fin des années 90, était derrière l'une des oeuvres les plus importantes au Japon : Cobra. Edité de 1978 à 1984 dans le Weekly Shonen Jump (Isan manga en France), ce titre - qui mêlait habilement l'aventure, le sexy et l'humour, avait par la suite connu une adaptation en anime rapidement devenue emblématique signée TMS Entertainment de 1982 à 1983. Il s'agissait par ailleurs de l'une des premières séries d'animation japonaises portée par un concept badass et peu enfantin à connaître une incursion à succès en France.
Souvenez-vous, Cobra racontait les aventures d'un redoutable corsaire de l'espace (dont le design était inspiré d'un certain Jean-Paul Belmondo), armé dans son bras gauche d'un rayon Delta (PsychoGun), une arme unique et destructrice. Aux côtés d'Armanoïde, sa coéquipière androïde, il parcourait ainsi l'espace à bord de son vaisseau spatial afin de conquérir de nouvelles richesses, des femmes et affronter ses plus grands ennemis.
Il est à noter que Buichi Terasawa n'a pas seulement marqué les esprits du public avec Cobra. Au cours de sa carrière, son talent s'est au contraire également exprimé à travers des titres forts comme The Black Knight BAT (1985) connu pour être l'un des premiers mangas à avoir utilisé la colorisation numérique, ainsi que Takeru (1992) aka le tout premier manga de l'histoire à avoir été créé numériquement.
Autant dire que le mangaka était un pionnier dans le genre au Japon, n'hésitant pas à s'affranchir des codes pour aller toujours plus loin et faire passer sa créativité à un autre niveau. Et ce sont ses exploits qui ont par la suite permis d'ouvrir la porte à de nombreux nouveaux artistes qui ont pu surfer sur ses travaux pour se lancer à leur tour.
Une disparition qui laisse donc un énorme vide et qui brise aujourd'hui le coeur de nombreux lecteurs et spectateurs qui ont grandi avec ses oeuvres et se sont éduqués à partir de son travail. "Tristesse infinie en apprenant le décès de Buichi Terasawa, auteur de Cobra, Takeru, Midnight Eye Goku... dont le talent n'avait d'égal que la gentillesse et un goût prononcé pour la déconne" peut-on ainsi lire sur Twitter aujourd'hui, tout comme "RIP à l'un des mangakas ayant bercé mon enfance" ou encore "Un grand monsieur s'en va".