Si aujourd'hui, en Europe, beaucoup de jeunes rêvent d'une carrière en tant que vidéastes/influenceurs sur les réseaux sociaux, au Japon, l'un des métiers qui continue de passionner la jeune génération est celui de mangakas. Après tout, quoi de plus noble et excitant que de pouvoir raconter des histoires capables de bouleverser des millions de lecteurs et de donner vie à des héros iconiques qui entreront dans la culture populaire ?
D'autant plus que ce milieu peut permettre aux plus talentueux (et chanceux) de devenir amis avec leurs banquiers. Selon les données recueillies et révélées par Hiroyuki Watanabe (éditeur chez Kadokawa) et Yen Press, les mangakas seraient ainsi payés en moyenne 88 dollars par planche produite, même si ce montant peut évidemment varier en fonction de l'expérience.
Surtout, une fois les chapitres réunis en Tome, les artistes toucheraient une moyenne de 10% de royalties pour chaque numéro vendu. Cela équivaut à 50 yen (0,40 dollars) pour un prix de vente (au Japon) estimé à 4 dollars (500 yen). Autrement dit, pour 1 million de copies vendues, cela rapporterait 50 millions de yen aux mangakas, soit approximativement 334 860 dollars.
Des chiffres intéressants qui ont donc motivé les internautes à réaliser un petit classement des auteurs qui auraient gagné le plus d'argent au fil des années. Un classement qui, on le rappelle, prend uniquement en compte les ventes de mangas et ne concerne pas les bonus sur le merchandising (domaine très lucratif) ou encore les cessions de droits pour des adaptations, que ce soit en anime, live-action, pièces de théâtre... Voici le Top 10 !
10) Osamu Tezuka avec 67 millions de dollars gagnés pour son travail sur Astro Boy (100 millions de copies), Black Jack (48 millions de copies), Buddha (20 millions de copies) ou encore Dororo, Phoenix.
9) Mitsuru Adachi avec 72 millions de dollars gagnés pour son travail sur Touch (100 millions de copies), H2 (55 millions de copies), Miyuki (25 millions de copies).
8) Rumiko Takahashi avec 92 millions de dollars gagnés pour son travail sur Ranma 1/2 (55 millions de copies), Inuyasha (50 millions de copies), Urusei Yatsura (35 millions de copies), Maison Ikkoku (25 millions de copies), Rin-ne (3 millions de copies) ou encore MAO (1 million de copies).
7) Masashi Kishimoto avec 100 millions de dollars gagnés pour son travail sur Naruto (250 millions de copies) ou encore Samurai 8.
6) Takehiko Inoue avec 113,2 millions de dollars gagnés pour son travail sur Slam Dunk (185 millions de copies), Vagabond (82 millions de copies), REAL (16 millions de copies).
5) Gosho Aoyama avec 114,8 millions de dollars gagnés pour son travail sur Detective Conan (270 millions de copies), Yaiba (17 millions de copies).
4) Akira Toriyama avec 118 millions de dollars gagnés pour son travail sur Dragon Ball (260 millions de copies), Dr Slump (35 millions de copies), Sand Land.
3) Takao Saito avec 120 millions de dollars gagnés avec Golgo 13 (300 millions de copies)
2) Le duo Fujiko F. Fujio avec 120 millions de dollars gagnés pour son travail Doraemon (300 millions de copies), Obake no Q-Taro, Ninja Hattori-kun, Kaibutsu-kun.
1) Eiichiro Oda avec 206,6 millions de dollars gagnés grâce à son travail sur One Piece (516,6 millions de copies en circulation)
Des chiffres impressionnants, mais qui, encore une fois, sont à prendre avec des pincettes. Ce n'est qu'une moyenne et ceux-ci sont loin d'être précis. Surtout, il faut rappeler que ces sommes n'entrent pas directement dans les poches des mangakas.
En plus des taxes habituelles, il faut savoir que ce sont eux qui paient directement leurs matériels, mais également leurs assistants ou locaux. Quand bien même ils travaillent en collaboration étroite avec des éditeurs pour des publications hebdomadaires/mensuelles dans des magazines, ils restent indépendants et sont donc responsables des charges imposées par ce métier.
Par ailleurs, même si ces sommes ont de quoi faire tourner la tête, il est important de rappeler que seule une poignée d'élus a la chance de connaître un tel succès. Et ce succès peut vite s'accompagner de problèmes annexes, capables d'user physiquement et mentalement les artistes.
"A l'approche de chaque publication, c'était trois semaines de travail à la suite, avec seulement deux ou trois heures de sommeil par nuit, expliquait Hajime Isayama en 2023 au sujet de son travail sur L'Attaque des Titans. A l'approche de chaque échéance, je ne me souciais plus de bien dessiner. J'étais obsédé par cette date fatidique de livraison. C'était une telle souffrance que pour m'en libérer, j'en arrivais à accepter de sacrifier la qualité de mon dessin."
Conséquences de cette façon de procéder ? A l'instar de ses nombreux collègues dans le milieu, que ce soit Kôhei Horikoshi avec My Hero Academia, Eiichiro Oda avec One Piece ou encore Gege Akutami avec Jujutsu Kaisen, son corps pouvait ponctuellement le lâcher. "Comme je me penche un peu trop pour dessiner, j'ai souffert de terribles douleurs au dos, soufflait-il. Je me collais des bandes pour me redresser."
Autant dire que même avec autant d'argent sur leurs comptes en banque, les mangakas sont loin d'être les plus heureux au Japon. Entre un emploi du temps surchargé et une santé mise en danger, les artistes japonais n'ont jamais véritablement le luxe de savourer le profit de leurs efforts.