Mahito n'a que 11 ans mais déjà toute une flopée de traumatismes à exorciser. Le jeune garçon ne se remet pas la disparition de sa mère dans un incendie. Un deuil qui l'unit à son père et incite le binôme à quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne. Là-bas, aux côtés de la nouvelle compagne de son paternel, notre protagoniste vaillant va rencontrer... un drôle d'oiseau.
Et plus précisément, un héron cendré. Animal majestueux, rapide, très taquin, inquiétant également. Et - on ne te spoile pas pourquoi - plutôt grotesque, aussi. Il est au coeur de Le garçon et le héron, le nouveau film-somme du maître de l'animation japonaise : Hayao Miyazaki. Un come-back fracassant pour le roi après Le vent se lève et une oeuvre qui cristallise toutes ses obsessions.
A savoir ? La liste est longue...
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Blessures d'enfance, guerre en sourdine, rapport organique à la Nature, communion - pas si évidente - entre animaux et humains, jusqu'à l'hybridation, figures maternelles et spectres, drôles de bestioles tantôt kawai à se damner (vivement les peluches !) tantôt effrayantes, émotions lyriques, et bien sûr, personnages hauts comme trois pommes vivant un conte initiatique à nulle autre pareille...
Pas de doute, le maestro est de retour !
Hayao Miyazaki revient effectivement très en forme dans cette fresque qui déploie les panoramas verdoyants comme les tableaux d'un peintre, les mouvements vastes de ses héros (animaliers ou non) comme une fresque épique, et les affects intenses de ses personnages comme autant de catastrophes naturelles - dévastatrices, pour eux comme pour nous.
Car comme d'habitude, Hayao Miyazaki concilie l'intime et l'immense : Mahito va croiser bien des énergumènes, constituant un sacré bestiaire (un héron qui cache bien son jeu, une navigatrice intrépide, une femme aux super pouvoirs flamboyants, des volatiles mignons mais surtout très affamés) mais cette quête immense l'amène avant tout à se confronter au deuil de sa mère, qui ne cesse de le hanter, comme un fantôme.
Un thème universel qui fait palpiter la corde sensible, des enfants comme de leurs parents... D'autant plus que le cinéaste transcende comme à son habitude l'illustration de cette thématique fragile à grands coups de séquences aussi contemplatives qu'époustouflantes. Inutile d'épiloguer davantage, on est ému, ébahi, amusé : c'est ça, la poésie Miyazaki.
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Et ça marche à fond. Le public s'y est beaucoup reconnu, et pour cause : avec 222 000 entrées déjà cumulées en France en comptant les avant-premières, Le garçon et le héron réalise un démarrage aussi chatoyant que le gros Totoro. Sur leurs sièges, les fans du studio Ghibli se réjouissent d'assister de nouveau, et peut-être pour l'une des dernières fois (le cinéaste fêtant ses 88 ans) à une expérience visuelle et sensorielle aussi unique.
Toi aussi, prends ton envol vers les salles !