"Ipséité", Damso
L'ascension de Damso est tout simplement fulgurante. Le rappeur belge a gravi tellement rapidement les marches du succès qu'on a l'impression qu'il a toujours été là alors qu'en réfléchissant bien, on le découvre à peine. Et pourtant, avec "Ipséité", l'interprète de "Macarena" enfonce le clou bien profondément. Grâce à ses multiples talents (écriture, science de la punchline, sincérité, singularité), son succès est une évidence.
"La vraie vie", Bigflo & Oli
Déjà très en vue après leur premier album, les Toulousains Bigflo et Oli ont réussi à ouvrir encore un peu plus leur univers sur "La vraie vie", afin de toucher un public encore plus large. En faisant rimer lucidité et simplicité tout en étalant une gamme technique impressionnante, les interprètes de "Dommage" se font touchants et sincères à la fois, posant un regard sans concession sur le show-business et regrettant parfois la vraie vie à celle d'artiste.
"La fête est finie", Orelsan
Difficile de se le cacher, avec son troisième album solo, "La fête est finie", Orelsan a signé l'un si ce n'est LE disque de rap français de l'année poursuivant ainsi sa courbe de progression et amenant son niveau toujours un peu plus haut. Le paradoxe dans tout ça, c'est que le Caennais voulait faire un album positif et accouche finalement d'un opus plutôt noir, malgré quelques moments d'espoir. Son écriture définitivement désabusée et la variété des productions tendant vers l'électro en font un disque incontournable. Simple, basique, tellement efficace !
"Grand cru", Deen Burbigo
Il a pris son temps, mais Deen Burbigo a pleinement confirmé ce que l'on pensait de lui et le talent qu'on lui prêtait sur "Grand cru". En réussissant à faire cohabiter toutes ses influences, il réussit un disque riche qui touche autant les amateurs d'egotrips brûlants à la Rap Contenders que ceux qui aiment son humour assez second degré. Quant à ceux qui apprécient son écriture et sa réflexion, qu'ils ne se désespèrent pas, Deen Burbigo a aussi quelque chose pour eux. Bref, un album complet.
"Trône", Booba
D'accord, il vient à peine de sortir mais personne ne pourra contester le fait que "Trône" de Booba est un des meilleurs albums de l'année 2017. D'abord parce que cela faisait deux ans qu'on attendait le retour du Duc et qu'un disque de Booba n'est jamais anodin. La preuve, la fuite sur Internet qui l'a obligé à balancer son album sur toutes les plateformes de streaming quinze jours avant sa sortie "officielle" lui a permis de devenir l'artiste dont l'album a été le plus streamé en une seule journée, battant ainsi le record de Nekfeu. La preuve que B2O retombe toujours sur ses pattes. Si ses textes se veulent plus engagées, musicalement, l'interprète de "Friday" a su s'appuyer sur ses points forts tout en tentant l'aventure de l'afro-trap sans s'y perdre. Un sans-faute, donc.
"Damn.", Kendrick Lamar
La position de Kendrick Lamar a changé et ce dernier en a pris compte pour "Damn", son dernier album. C'est pourquoi ce disque possède plusieurs niveaux de lecture tant le rappeur se rend bien compte qu'aujourd'hui, il est devenu plus qu'un artiste, un porte-parole. Alors il s'attaque à des sujets pas évidents, sociaux, politiques et raciaux, le tout servi par des productions sans doute plus rap que sur ses précédents projets. Sa force, c'est de réussir à tout assembler le tout pour proposer un disque de qualité.
"The Autobiography", Vic Mensa
Premier album pour un artiste au parcours remarqué qui en profite pour développer une personnalité complexe et changeante, parfois à la limite de la schizophrénie tout en multipliant les influences. Résultat, il y a beaucoup d'informations à traiter ! Comme musicalement, c'est très fourni et que Vic Mena possède une large palette de talents, il propose un joyeux mélange et prouve qu'il est bien la relève du rap de Chicago.
"4 :44", Jay-Z
Ce n'est pas parce qu'il approche de la cinquantaine que Jay-Z va faire des concessions. Au contraire, on dirait qu'il profite de son expérience pour se mettre encore plus à nu, n'occultant aucune question, mêmes celles qui fâchent. "4:44" est donc un disque important, court mais intense, aux productions soignées qui servent parfaitement les lyrics du boss. Grâce à ce disque, Jay-Z prouve que oui, on peut vieillir et continuer à faire du rap performant et de qualité.
"Neva Left", Snoop Dogg
Autre "vieux de la vieille" toujours aussi compétitif, le vétéran de la West Coast, Snoop Dogg. En revenant à ses fondamentaux californiens, il recentre sa musique vers un retour aux sources qui fait du bien aux auditeurs mais qui offre aussi une seconde jeunesse au rappeur de 45 ans. Toutefois, il ne fait pas de la pâle copie de ce qui a fait son succès durant les années 1990. Si Snoop ne dédaigne pas quelques sons old school, il sait aussi parfaitement s'ouvrir à la nouveauté.
"Rather You Than Me", Rick Ross
Quasiment au rythme d'un album par an, Rick Ross pourrait s'essouffler. Mais, au contraire, cela lui permet de poursuivre sa progression. Si musicalement, il reste sur un entre-deux entre gros bangerz et titres gorgés de soul, c'est surtout au niveau de son écriture qu'il se passe quelque chose. Rick Ross se découvre notamment une conscience sociale et, une fois n'est pas coutume, il n'hésite pas non plus à parler de lui.