Ce lundi 17 juin, l'Equipe de France débute enfin son Euro 2024 avec un premier match contre l'Autriche. Un événement très attendu des amateurs des Bleus, dont le coeur n'est pas encore guéri après la finale de Coupe du Monde perdue en 2022, mais qui débute déjà très mal.
A l'instar de l'édition 2021 qui avait vu Kylian Mbappé partir au clash avec Olivier Giroud en pleine préparation, ce nouveau tournoi est encore une fois accompagné d'une polémique. Au programme cette fois ? Pas de guerre d'ego entre les joueurs, mais une crise de confiance entre l'équipe de Didier Deschamps et la Fédération Française de Football.
Et pour cause, quelques jours après le résultat des Élections Européennes et la dissolution de l'Assemblée Nationale annoncée par Emmanuel Macron, l'attaquant Marcus Thuram avait notamment profité d'une conférence de presse pour prendre position contre la montée du RN lors des futures Législatives. "La situation est très, très grave, avait-il soufflé. Comme l'a dit Ousmane (Dembélé), il faut dire à tout le monde d'aller voter. En tant que citoyen, que ce soit vous ou moi, il faut se battre au quotidien pour que ça ne se reproduise pas et que le Rassemblement national ne passe pas".
Or, si ce message avait été salué par une partie des supporters, il n'aurait pas plu aux dirigeants de la FFF. A tel point que, ce week-end, un communiqué a été publié sur le site de la Fédération afin de calmer les ardeurs des joueurs vis-à-vis de leurs messages : "La Fédération Française de Football (...) souhaite également que soit comprise et respectée par tous sa neutralité en tant qu'institution, ainsi que celle de la sélection nationale dont elle a la responsabilité. Il convient à ce titre d'éviter toute forme de pression et utilisation politique de l'Équipe de France."
De quoi permettre aux dirigeants de ne pas se mettre une partie (peu ouverte d'esprit) de ses supporters à dos - une triste ironie quand on pense aux combats contre le racisme ou l'homophobie prônés par les instances, mais une façon de procéder qui n'a pas été validée par les joueurs.
Tandis que Kylian Mbappé en a rajouté une couche ce dimanche 16 juin face à la presse, "On a besoin de s'identifier à des valeurs de tolérance, de respect, de mixité. Chaque voix compte. J'espère qu'on va faire le bon choix", Sébastien Tarrago - journaliste de L'Equipe, a de son côté révélé que le communiqué de la FFF avait fait grincer des dents en interne. "Il n'a pas du tout été apprécié par certains joueurs de l'Equipe de France, a-t-il lancé. Ca, c'est très, très clair".
Et d'ajouter ensuite : "La sortie de Kylian Mbappé [dimanche] était due tout, sauf au hasard". A tel point que, selon le journaliste, une partie des Bleus envisageait de "marquer le coup ce soir" à travers une action commune pour faire front contre la montée de l'Extrême-Droite.
Problème ? Les joueurs ne seraient pas encore inspirés pour imaginer la meilleure action (on se souvient que leur lettre au Qatar en 2022 avait été moquée et critiquée vis-à-vis de son hypocrisie). Surtout, tout le monde ne serait pas motivé par un tel mouvement.
Là où Marcus Thuram assurait que tous ses coéquipiers étaient contre le RN, "En équipe de France, je n'ai aucun doute que tout le monde partage ma vision sur les choses", Sébastien Tarrago rappelle en revanche que certains d'entre eux ne voudraient pas s'impliquer publiquement. "C'est difficile de dire 'le groupe' et de parler de l'ensemble des joueurs. Faut pas oublier que certains sont plus ou moins détachés de ces considérations, comme c'est le cas dans la société", a rappelé le journaliste.
Une divergence de points de vue capable de fêler l'état d'esprit des Bleus et ouvrir la porte à une nouvelle crise ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais comme c'est désormais la tradition, l'Equipe de France n'aborde pas sa compétition d'une façon sereine...