Certains disent déjà que Jake Gyllenhaal est favori à l'Oscar. A l'image de Matthew McConaughey pour Dallas Buyers Club, l'acteur s'est investi physiquement et mentalement dans son rôle. Pour incarner Lou Bloom, ce chasseur d'images, Jake Gyllenhaal a perdu 14 kilos et s'est glissé dans la peau d'un homme prêt à tout pour le succès. Et quand on dit prêt à tout, on n'exagère pas. A chaque nouvelle scène, on oscille entre la fascination et la gêne devant les actes de Lou, personnage sociopathe et manipulateur franchement effrayant.
Si le film est une fiction, il est inspiré des vrais "nightcrawlers", ces hommes qui débarquent caméras à l'épaule dans les rues de Los Angeles dès que la nuit tombe. Cambriolage, accident de voiture, fusillade, incendie : chacun de ses faits divers est susceptible de faire l'ouverture des JT du matin. Et plus il y a de sang, mieux c'est. "Je voulais créer un monde qui représente précisemment le désespoir que ressentent les directeurs de chaînes d'info pour garder les audiences au sommet. Et jusqu'où ils sont capables d'aller pour ça (...) Les limites semblent sans cesse être repoussées", a expliqué le réalisateur Dan Gilroy à nos confrères d'Allociné . Et l'ex héros de Prisoners de résumer : "Ce film est une satire politique mais aussi une sorte d'avertissement".
Ce film coproduit par Jake Gyllenhaal lui-même a été tourné en vingt-six jours. Ou plutôt en vingt-six nuits. Car pusique les nightcrawlers sont des animaux nocturnes, toute l'histoire ou presque se déroule après le coucher du soleil. De quoi servir au spectacteur de sublimes plans de Los Angeles by night et ajouter une touche d'angoisse aux courses poursuites effrénées en voiture. Dan Gilroy a confié : "L'idée de réaliser un film la nuit m'a beaucoup intrigué. La nuit possède sa propre énergie et son propre style de personnages". Et Jake Gyllenhaal en Lou Bloom en est un qui mérite qu'on joue les couche-tard.