Pariât pour les uns, chef d'oeuvre pour les autres. Castlevania : Lords of Shadow s'est quoi qu'il en soit rapidement imposé comme un beat'em all particulièrement audacieux et créatif dès sa sortie en 2010. Le studio Mercury Steam avait d'ailleurs pris soin de conclure cette itération avec un épilogue habile qui, en plus de poser en amont les bases prometteuses de sa suite, en a fait saliver plus d'un en révélant le destin funeste de Gabriel Belmont, devenu Dracula, le Seigneur des Vampires.
Mais des décennies après avoir renvoyé Satan dans son deux pièces miteux des enfers et un ultime affrontement contre la Confrérie de la Lumière, le Prince des Ténèbres n'est ironiquement plus que l'ombre de lui-même. C'est pourtant ce démon desséché, vidé de ses pouvoirs et à la recherche de sa mortalité que l'on incarne au début de cette nouvelle aventure, avec pour mission d'éradiquer Lucifer dont le retour se profile au 21ème siècle. Car oui, au risque d'en décevoir certains, cette suite mord à pleine dent le présent.
Exit les inspirations heroic-fantasy, Castlevania : Lords of Shadow 2 opère un virage artistique radical dans la licence, en s'essayant pour la première fois à la conception d'un univers contemporain et open-world. Si l'on salue le parti-pris des développeurs de ne pas copier la progression chapitrée du premier volet, difficile néanmoins d'accrocher totalement à ce monde bâtard dans lequel les buildings, figures géantes de verre et d'acier, cohabitent étrangement avec l'architecture gothique des ruines de Castlevania.
Mercury Steam parvient cela dit à combler nos envies d'épopées moyenâgeuses en offrant la possibilité de se rendre à tout moment, via le sceau du loup blanc - une porte vers un monde parallèle, dans le château de Dracula. Les allers-retours sont d'ailleurs légions tout en restant logiques vis à vis du scénario qui, quoi qu'entachée par une mauvaise fin, est riche en cliffhangers. On regrette juste que la finesse du level-design prenne le pas sur la diversité des décors. Qu'on se rassure, le gameplay s'avère quant à lui plus motivant.
Si le fouet de sang n'a rien d'original, celui-ci rappelant la croix de combat qui s'appuie sur deux types d'attaque (de zone ou de courte portée), deux armes inédites font a contrario une entrée remarquée : l'épée du Néant et les Griffes du Chaos. La première permet de récupérer de la vie à chaque coup ou de geler ses opposants tandis que la seconde permet de détruire les boucliers ennemis. Leur utilisation est limitée par les orbes de sang, que l'on récupère en combat lorsque la jauge de concentration au maximum ou via les puits d'âmes.
Et jongler entre ces trois appendices devient vite impératif pour avancer. Cette facette est loin d'être contraignante puisque les combos proposés s'assimilent de manière très intuitive. Et cette simplicité n'est pas entachée par le nouvel arbre de compétences, très complet, qui pousse à abuser des enchaînements mis à notre disposition pour les améliorer. Bien évidemment, celui qui maîtrisera l'art de l'esquive, de la contre-attaque et du timing sera encore une fois le mieux récompensé. Ceci est d'autant plus vrai que les QTE ont été simplifiés afin de privilégier la déferlante de coups plutôt que les finish move participatifs.
Incarner le Prince des Ténèbres s'accompagne d'autres avantages comme l'introduction des reliques à utiliser en combat pour booster ses compétences ou encore soigner son suceur de sang mal en point. Qui dit Dracula, dit aussi mouvements surhumains, à l'exécution rapide et fluide, que l'on apprécie d'ailleurs d'autant plus grâce à une gestion de la caméra maintenant libre. Cela donne lieu à des affrontements plus dynamiques et tactiques face au bestiaire et aux boss titanesques tous plus originaux les uns que les autres.
Cependant, tout n'est pas parfait à l'image de la volonté des développeurs de diversifier le gameplay. On pense essentiellement aux séquences d'infiltration, surtout là pour justifier l'utilisation régulière mais dispensable de certains pouvoirs vampiriques pour accéder à des zones inaccessibles (transformation en rat, possession des démons, nuée de chauve-souris). La durée de vie a aussi été revue à la baisse (20 heures environ), tout comme la difficulté, que l'on assigne rapidement au mode le plus élevé pour plus de challenge. Point positif tout de même : les séquences de plates-formes sont nombreuses et très jouissives.
Visuellement, ce second épisode souffle le chaud et le froid. D'un côté, malgré un manque de diversité, la modélisation des décors reste renversante. Mais soyons réalistes, Castlevania : Lords of Shadow 2 n'est graphiquement pas la claque monumentale que l'on espérait, la faute à une sortie peut-être trop tardive ainsi qu'à un aliasing trop prononcé dans certains environnements. Que l'on aime ou pas, la direction artistique, flirtant parfois avec le cyberpunk, atteste quand même d'un réel travail de recherche.
Comment enfin ne pas dédier quelques mots à la partie sonore du titre, maîtrisée du début jusqu'à la fin. Avec Robert Carlyle d'une crédibilité exemplaire dans le rôle de ce Dracula assoiffé de sang et en quête de rédemption, le doublage est très appréciable. Une réussite que l'on retrouve dans la bande-son composée par Oscar Araujo, envoutante et accompagnant avec brio notre traversée des décombres de la ville de Castlevania ou encore nos virées sanglantes dans le château du Prince des Ténèbres.
Verdict : L'habit contemporain est discutable. Les phases d'infiltration auraient pu être zappées. La partie graphique a un peu vieilli. Sa fin est expéditive. Certes, cela fait beaucoup d'ombres à ce tableau gothique. Castlevania : Lords of Shadow 2 n'en reste pas moins jouissif avec son gameplay efficace, sa direction artistique inspirée et surtout son héros froid et charismatique dont le regard de sang marquera à coup sûr le paysage des beat'em all.
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