Débarquant après la bataille - en l'occurrence après la sortie de DriveClub et Forza Horizon 2, The Crew est l'une des dernières grosses licences qu'Ubisoft avait à dégainer en cette fin d'année. Repoussé à plusieurs reprises pour être peaufiné, la production, à mi-chemin entre le jeu de course et le MMO, a-t-elle profité de ces nombreux reports ? Pas autant qu'on l'aurait souhaité.
Pourtant, au moment de lancer le titre, on ne peut qu'être impressionné, tout d'abord par son monde ouvert. Car grâce à un algorythme très sympathique, les développeurs d'Ivory Tower nous offrent un terrain de jeu gigantesque (et pas des moindres) : les Etats-Unis. De Détroit à Chicago, en passant par Las Vegas, Los Angeles ou encore New York... The Crew nous fait voir du pays avec brio (tout le contraire d'un certain NFS : The Run). Et si certes, ses environnements ne sont pas totalement fidèles, l'immensité de la carte est malgré tout propice au dépaysement.
C'est donc dans cet univers aux tracés variés (autoroutes, montagnes enneigées, routes boueuses...) que le joueur évolue librement durant le scénario. Car oui, The Crew propose une intrigue, malheureusement pas très passionnante. Vous incarnez un adepte de grosses cylindrées chargé par le FBI d'infiltrer et de démanteler un gang de malfrats spécialisé dans les courses illégales. Tiens, ça nous rappelle un certain Fast & Furious.. Aussi peu originale l'histoire peut être durant la 20h de jeu qu'elle englobe, celle-ci rend tout de même la progression moins linéaire.
Vous l'aurez compris : gagner des courses devient rapidement votre quotidien pour espérer déloger les généraux et ainsi faire tomber le gang comme un château de cartes. Des compétitions motorisées qui prennent plusieurs formes : course au finish, course contre la montre, course-poursuite contre la police, destruction du véhicule de l'adversaire... les missions s'avèrent très variées - et réalisables en coop. Dommage que l'IA soit parfois capable du meilleur mais surtout du pire. Raison de plus de s'essayer en solo aux nombreux défis annexes que comprend le titre.
Là aussi, ces challenges profitent d'intitulés très éclectiques (course de vitesse, passage de checkpoint, slalom...). L'objectif : mettre vos compétences à rudes épreuves. Par ailleurs, ces défis sont récompensés par de l'argent mais principales des pièces à utiliser pour tuner son bolide. En effet, à l'instar d'un héros de MMORPG, votre voiture est un avatar virtuel que vous pouvez faire évoluer à votre guise, à l'aide des loots récupérés à la fin de chaque course - et dont les bonus varient selon sa position sur le podium ou encore les points amassés.
Ainsi, pas moins d'une vingtaine de pièces peuvent être changées pour faire augmenter le niveau de votre bébé à quatre roues. A cela s'ajoutent 5 kits de tuning, dont l'utilité se révèle en fonction du type de terrain. Est-ce flagrant une fois au volant ? Pas nécessairement puisque la conduite dans The Crew se rapproche plus de l'arcade que de la simulation. Alors effectivement, en "Dirt" ou "Raid", les terrains paraissent moins glissants ; et l'impression de vitesse semble plus flagrante en "Perf. De là à chambouler notre manière de conduire ? Pas vraiment.
Et le roster dans tout cela ? The Crew propose en tout une quarantaine de véhicules parmi lesquels on retrouve la traditionnelle Ford Mustang, la classique Mini Cooper ou la magnifique Chevrolet Impala Sedan de 1967. Des voitures auxquelles les joueurs ne peuvent prétendre qu'en récupérant des Bucks (gagnés en mission). Une tâche loin d'être aisée - à mois d'utiliser des Crew Credits (récupérés avec de vrais euros), la faute à des missions scénario et des défis ne rapportant que très peu d'argent. C'est là qu'interviennent les missions "factions".
Les courses de faction permettent d'affronter en ligne les pilotes du monde entier lors de courses bien plus rémunératrices (entre 5000 et 20.000 bucks par course !). Dans les grandes lignes, au fur et à mesure de la progression, on peut choisir d'adhérer et représenter un groupe pendant les affrontements sur le bitume. Et plus on gagne de courses, plus on se hisse dans la hiérarchie du clan. Et comme tout travail mérite salaire : à chaque connexion, une somme est reversée selon la position de la faction dans le classement général et la nôtre au sein de la bande.
Pour ceux qui craignent de se retrouver face à un titre Pay-to-Win, ce n'est pas tant le cas puisqu'il faut jouer des coudes pour remporter la victoire, la vitesse ne faisant pas tout. Bien sûr, ceux qui oseront dépenser de l'argent réel seront avantagés. Mais à force de persévérance et de quelques heures de jeu, le bolide ultime peut être au final acheté même par les plus avares.
Techniquement, DriveClub et Forza Horizon 2 peuvent dormir sur leurs deux oreilles. The Crew fait une sortie route magistrale en nous offrant des graphismes très franchement peu raccoleurs. La modélisation des véhicules reste cela dit plutôt fidèle, tout comme leurs rugissements. Mais du clipping assez prononcé et des textures loin d'être mirifiques nous font demander si on évolue bien sur la nouvelle génération de consoles. On se consolera dans sa carte gigantesque ou encore dans sa bande-son qui accompagne plutôt bien cette virée 100% américaine.
Verdict : The Crew s'annonçait prometteur. Manette en mains, il ne l'est pas autant. En cause, des graphismes légers, une IA très pauvre et une conduite peu expressive. Les néophytes de jeux de caisses devraient néanmoins prendre du plaisir à explorer l'immense carte du jeu ainsi qu'à faire évoluer leurs différents bolides avec leurs amis. En fait, dès que l'on considère The Crew comme un MMO de course et non comme une simulation, la pilule passe - un peu - mieux. Notez enfin qu'une connexion est obligatoire pour jouer. A quand un patch intégrant un mode offline ?
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