The Last of Us est LA série qui fait parler en ce moment, les spectateurs sont ravis de l'intrigue. Mais ils doutent aussi qu'il puisse y avoir beaucoup d'innovation et qu'elle soit complètement différente de n'importe quelle autre série post-apocalyptique. Esthétiquement et au niveau du rythme, elle rappelle des séries vues et revues comme The Walking Dead. Cela peut être un obstacle : The Last of Us est conformiste, mais pour l'instant, cela en fait aussi une série prévisible.
il est évident que la présence de Neil Druckmann, co-producteur et co-scénariste, mais aussi réalisateur du jeu original, est mise en avant. Sans surprise, HBO Max met en avant son nom pour prouver que la série garde une fidélité rigoureuse au jeu, mais cela aussi peut être un problème.
On avait déjà repéré un problème sur la diffusion de la série en France, mais en voici un autre. Druckmann en tant qu'écrivain (et surtout, en tant que nom certifié dans le tout-puissant département de production) assure que la série sera respectueusement fidèle au jeu, et cela peut donner lieu à un certain manque de créativité.
The Last of Us (le jeu vidéo) a de très nombreuses qualités, mais elles relèvent toutes du domaine du jeu ou de la manipulation du point de vue, grâce au fait que ce soit interactif. Par exemple, parlons de la fameuse fin de la première partie (que nous ne révélerons pas ici, au cas où) : elle impacte et marque le joueur, justement parce qu'il est le joueur et pas un simple spectateur. Mais si cette fin est digne d'un film, c'est quelque chose que nous avons vu des milliers de fois.
Autre exemple sur le premier épisode : le flashback dans lequel on voit l'apocalypse se déclencher en de multiples points depuis l'intérieur d'une voiture. Dans le jeu vidéo, c'est le premier grand choc de l'intrigue, un décor d'action mémorable avec un grand drame, même si tout ce que le joueur peut faire est de déplacer la caméra. Lorsque la série la reproduit telle quelle, il devient clair qu'en perdant de l'interactivité, elle perd aussi de la force sachant que Druckmann s'est beaucoup inspiré d'une séquence de Children of Men, sortie sept ans avant.
La série va même jusqu'à dévaloriser le jeu vidéo. Et c'est un extrême auquel une bonne adaptation ne doit jamais se prêter. Bien sûr, c'est des cas isolés dans un seul épisode, mais le fait que The Last of Us rappelle à tant de téléspectateurs The Walking Dead et d'autres fictions apocalyptiques classiques montre que la valeur du jeu était dans la partie interactive : l'intrigue embellissait la partie. L'adaptation devrait plutôt trouver sa propre voie expressive. Nous en sommes au début de l'aventure pour The Last of Us, mais la série mérite plus et les fans espèrent ne pas être déçus.
Article écrit en collaboration avec nos collègues de Xataka.