Le Tour de France, c'est mille et un souvenirs : l'été, les panoramas filmés en vues aériennes, les commentaires des journalistes en mode escales touristiques, les montées qui flinguent les mollets... Mais si tout cela suscite la nostalgie, il y a quand des même des choses qui devraient sérieusement changer.
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Un bad buzz tout récent vient de nous le prouver : la polémique qui entoure le "Guide de l'hôtesse parfaite", manuel destiné aux hôtes et (surtout) aux hôtesses, ces jeunes femmes chargées d'accueillir le public mais aussi de chaleureusement féliciter les champions sur le podium à grands coups de sourires et de baisers sur la joue.
Cette drôle de charte directement remise aux principales concernées lors de leur recrutement incite ces dernières à s'épiler les jambes et les aisselles, à se maquiller obligatoirement (un makeup qui doit être "léger"), mais aussi à... déboutonner le premier bouton de leur chemise. "A contrario, les hommes sont invités à boutonner l'ensemble de leur uniforme", relève Le Parisien, qui a pu avoir accès au fameux document.
Un livre digne d'un règlement pour Miss France donc, qui semble surtout provenir d'une époque où tous les débats sur les stéréotypes sexistes étaient de l'ordre de la science-fiction. D'où le scandale...
Pour la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, très portée sur les questions de genre, ce guide est une totale aberration. Invitée sur le plateau de BFMTV le 4 juin dernier, elle le flingue : "Ca me choque. Le métier d'hôtesse est structuré sur des stéréotypes sexistes. On peut demander à ces femmes de porter des talons, ce qui est contradictoire avec leur métier qui implique de beaucoup marcher... voire des chemisiers transparents".
Avant de déplorer : "On nie leur professionnalisme, qui n'est pas reconnu, en les enfermant dans un rôle de potiche ! Et en plus c'est une profession particulièrement exposée à tout ce qui est harcèlement sexuel, remarques sexistes voire agressions sexuelles. Il faut revoir tout ça en profondeur, c'est un sexisme structurel". Le sexisme structurel, comme le sexisme "systémique", c'est lorsque le sexisme s'exprime à travers toutes les structures de la société - politique, économique, culturelle, sociale...
Le pire, c'est que c'est justement pour combattre ces vieilles représentations sexistes que Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, avait renouvelé le protocole en 2020, en remplaçant la tradition des deux hôtesses entourant le champion par une hôtesse et un hôte. Plus égalitaire du coup, moins "rétro".
Deux ans plus tôt, Fatima Benomar, cofondatrice de l'association féministe Les Effronté·e·s, taclait déjà cette tradition et évoquait précisément les mêmes raisons pour le faire : "Les femmes sont des sportives, des athlètes, battent des records. Les femmes ne sont pas des potiches ou des objets sexuels". Charte des "parfaites hôtesses" ou pas, toutes ces polémiques-là ne datent pas d'hier, loin de là.
Bon, en 2023, cette image semble encore très bien se porter, malheureusement... Mais jusqu'à quand ?