Afin de digérer l'incroyable succès de "La fête est finie" et préparer au mieux "Civilisation", son nouvel album sorti en novembre 2021, Orelsan avait fait le choix de se mettre en retrait et de couper autant ses réseaux sociaux que ses apparitions publiques pendant plus de deux ans. Un éloignement nécessaire pour le rappeur qui cherchait à se ressourcer et se renouveler créativement parlant, qu'il avait néanmoins brisé exceptionnellement au printemps 2021 dans le cadre d'une collaboration avec Ninho sur le titre Millions.
Alors que cela faisait des mois qu'Orelsan vivait caché et se torturait l'esprit pour donner vie à de nouvelles chansons percutantes et mémorables au côté de Skread et Ablaye, il a logiquement été contraint de sortir de sa cabane pour aller tourner un clip. Problème, à la suite d'une photo volée sur le tournage par l'un des figurants, le rappeur s'est rapidement retrouvé au centre des moqueries sur les réseaux sociaux, la faute à une apparence jugée peu flatteuse. Comparé notamment à une grand-mère, l'interprète de L'odeur de l'essence a soudainement fait face à un déferlement de critiques et de haine qui ne l'a pas laissé indifférent.
Ce jeudi 13 octobre, Amazon Prime Video vient de mettre en ligne la partie 2 du documentaire Ne montre jamais ça à personne, centré cette fois-ci sur les coulisses de la création de l'album "Civilisation". Une plongée passionnante et une nouvelle fois riche en images et révélations, qui nous dévoile un envers du décor absolument fascinant. On y découvre comment fonctionne Orelsan pour créer ses titres, mais on y retrouve surtout un artiste - pourtant multi-récompensé et adulé, être constamment en proie au doute, au stress et à une remise en question permanente.
Là où son nouvel opus a une nouvelle fois mis tout le monde d'accord - Orelsan a notamment reçu deux Victoires de la Musique en mars 2022 (Artiste interprète masculin, Chanson originale), ce documentaire ne cache pas la souffrance qu'Orelsan a pu ressentir au moment de le confectionner. Tandis que le rappeur a souvent l'image clichée d'un mec un peu mou qui fait tout à l'arrache, ces images inédites présentent à l'inverse un artiste qui se met constamment dans le mal, piégé par un perfectionnisme toujours en lutte avec un syndrome de l'imposteur qui ne semble pas le lâcher.
Aussi, alors qu'Orelsan était déjà en retard sur son planning et galérait comme jamais à créer "Civilisation", ces moqueries des internautes sur son look, mais également les retours négatifs sur son rap au côté de Ninho, l'ont mis plus bas que terre. "Quand le morceau sort, ça faisait deux ans que je n'avais pas sorti un truc et j'ai le malheur d'aller voir sur Twitter, et je vois plein de réactions qui disent, 'Ah ça se voit qu'il est vieux', 'Sa voix elle est vieille', 'Ca se voit qu'il n'est plus dedans', 'Oh le flow il est rigide', 'Orelsan il est fini'", contextualise-t-il dans un premier temps devant la caméra de son frère, Clément Cotentin.
Des commentaires qu'il n'avait pas anticipés et qui l'ont donc touché. "Quand il y a un truc que tu crois qui est cool et que tout le monde te dit qu'en fait t'es un fils de p*te, parce qu'il y a vraiment des gens qui mettent 'ce FDP d'Orelsan', et bah au bout d'un moment je peux faire semblant que ça me touche pas, mais..., a-t-il soufflé. Comme ça faisait deux ans que j'avais coupé Twitter et tout, le fait de tout se reprendre dans la gueule d'un coup, c'est relou."
De quoi le braquer, mais également le bloquer davantage dans un moment crucial, "J'ai pas envie d'agir en réaction par rapport à eux, donc après je fais rien. Mais je suis censé écrire un album et si l'album est nul..." Après tout, le pote de Gringe le rappelle, il n'avait jusqu'à présent jamais connu ça : "D'habitude, ça ne me touche pas". Par conséquent, la découverte de cette situation inédite mêlée au contexte l'a totalement déstabilisé : "Là, comme c'était le truc où ça devait être mon retour. (...) Ce qui me rendait fou, c'était qu'une mauvaise photo faisait que les gens voyaient ma musique différemment, que ça pouvait influencer tout mon travail. (...) Je me dis que le retour c'est pas gagné."
Heureusement, son entourage - et notamment son mariage, lui permettront finalement de se libérer d'un poids, mais cette révélation nous permet de mieux comprendre pourquoi Orelsan lâche avec humour (mais pas que) une terrible phrase dans ce documentaire : "Après [cet enregistrement], j'arrête le rap".