Si on vous dit "Barbie", vous pensez à quoi ? Au jouet le plus célèbre du monde ? A l'un des symboles les plus évidents du patriarcat ? A une comédie qui prend à revers ce sexisme pour revendiquer une facette hyper féministe ? Tout cela est vrai. Mais savez-vous vraiment d'où vient l'égérie de Mattel ?
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A l'origine, Barbie était un jouet. Rien d'étonnant. Sauf que... Ce n'est pas vraiment le type de jouet auquel on pense spontanément. Effectivement, c'est en découvrant lors d'un voyage européen la "Lilli", une charismatique poupée, dans les vitrines d'un magasin de jouets allemand, que l'ingénieuse Ruth Handler va avoir l'idée dans la seconde moitié des années cinquante d'inventer Barbie, nommée ainsi d'après le prénom de sa propre fille - qui s'appelait Barbara.
Sauf que Bild Lilli (son nom complet)... était un jouet pour adultes !
Oui, Barbie s'inspire directement de Lilli, mais Lilli n'était pas du tout destinée au même public. C'était un sextoy, faisant la joie d'une certaine audience germanique. Audience qui s'était familiarisée avec elle via le succès d'une bande dessinée publiée dans le journal allemand "Bild", relate Slate.fr.
Au fil des cases de ces comic strips pas forcément révolutionnaires, Lilli apparaît comme une jeune femme très "libre" et décomplexée. On l'y voit notamment vêtue d'une nuisette ou de sous-vêtements, saisie par le regard indiscret des hommes. L'idée de sa transposition en jouet quelques années plus tard ? Pouvoir l'habiller, la déshabiller... Physiquement, Lilli ressemble aux stars sulfureuses d'alors : les pin up.
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Oui oui, comme celles qui, doucement provoc', faisaient déjà la Une des revues naissantes d'alors, type Playboy - une revue américaine initiée un an tout juste après la création de Lilli, en 1952. Dans le genre, cette poupée n'est guère plus subtile. Elle est l'expression directe d'un désir masculin très libidineux.
Une vraie "femme-objet", littéralement. Spécialiste des poupées Barbie, l'auteur américain M.G. Lord définit d'ailleurs Lilli comme... "une caricature pornographique". Tout un poème !
Magie du marketing à l'américaine : Ruth Handler va en reprendre le concept - notamment la physionomie (sa queue de cheval, son corps), et la garde robe - pour en faire le produit par excellence des bonnes familles US. Un emblème pour beaucoup des diktats de beauté traditionnels (chevelure blonde, jambes longilignes) et du conservatisme, synthétisés en 28 cm d'hyper féminité. Sacrée métamorphose !
Il faudra attendre 1964, rapporte Courrier International, pour que l'entreprise Mattel rachète officiellement tous les droits d'auteur de Bild Lilli pour enterrer à jamais cette dernière, au profit de la superstar Barbie et sa "plastique parfaite".