Depuis l'annonce de leurs dates de sortie, c'est devenu un running gag, presque une obsession : entre Barbie avec Margot Robbie et Ryan Gosling et Oppenheimer avec son casting fou, il ne pourra en rester qu'un. Les deux sorties au ciné phares de ce 19 juillet engendrent par leur confrontation dans les multiplexes quantité de mèmes, de tweets ironiques, de blagues sur les réseaux.
Que choisir entre le film de Greta Gerwig et celui de Christopher Nolan ? On serait tenté de dire : les deux. Mais ce n'est pas si simple. Sur Twitter, des internautes virilistes expriment volontiers leur dégoût à l'idée d'aller voir Barbie en salles, l'espace d'allusions à mi chemin entre le sexisme et l'homophobie - tout un programme. Etrangement, les fans de Barbie, de leur côté, ne propagent guère de haine à l'encontre d'Oppenheimer...
>> Trop d'hommes n'assument pas d'aller voir le film Barbie : Ryan Gosling veut les aider <<
Deux salles, deux ambiances donc. Et le duel, très taquin souvent, prend aussi la forme d'une vraie stratégie marketing. On parle carrément du phénomène "Barbenheimer" outre-atlantique. Il serait né dès l'annonce par Warner Bros dès début 2022 de la coïncidence des dates entre les deux films. Oui oui, ca fait plus d'un an qu'on a droit à des mèmes "Barbie vs Oppenheimer", sur Twitter ou des forums comme Reddit.
Motivés par toute cette frénésie, certains médias annoncent carrément un "affrontement historique" !
Entre conflit cinéphile et blagues complices, le "Barbenheimer" n'en finit pas de submerger le web. Mais depuis leur sortie, de plus en plus de spectateurs proposent une expérience audacieuse : tenter d'aller voir les deux films dans la même journée. Pour beaucoup, ce challenge de vrai cinéphile est devenu l'illustration même de l'expression "grand écart". Quelque chose de suffisamment improbable pour alimenter les retweets et les réponses hilares.
Ce qui ressort de cette guéguerre exacerbée à fond par les internautes (qui force évidemment sur l'exagération), c'est cette idée curieuse que les deux films ne pourraient pas coexister au sein du même public. Oui, ils racontent des histoires aux points communs loin d'être évidents (pas forcément de bombe qui explose chez Greta Gerwig, ou de voitures roses chez Nolan), et leur mood semble quelque peu différent, et alors ? Les plus curieux tenteront ces deux immersions. Et on leur souhaite.
D'ailleurs, des internautes s'amusent déjà à réconcilier les fanbases entre elles.
C'est le cas du réalisateur et auteur François Descraques (Le visiteur du futur). Sur Twitter, le cinéaste a balancé LA punchline de la semaine : "J'ai vu Oppenheimer et Barbie. L'un est un film intense sur comment les hommes sont la cause de la fin du monde. Et l'autre est Oppenheimer". Une analyse malicieuse qui sous couvert d'humour relie des projets qui semblent avoir comme thème commun... les dérives d'un système dirigé par des mecs. Le nôtre. L'un parle du patriarcat, l'autre de la mise au point de la bombe atomique pendant la Seconde Guerre mondiale. Deux sujets qui, chacun à leur manière, ont comme un goût de catastrophe.
"Pour info, j'ai beaucoup aimé les deux. Allez les voir", tient d'ailleurs à préciser François Descraques derrière la vanne. Et si Greta Gerwig et Christopher Nolan avaient beaucoup plus en commun qu'on ne pourrait le croire ? Une hypothèse à éclaircir dès aujourd'hui en fonçant dans les salles obscures...