Il n'est vraiment pas simple de délivrer une version "live action" - en prises de vues réelles pour les non bilingues - des classiques Disney. Déjà, car on se prend systématiquement quelques bad buzzs sur les réseaux sociaux ou fours critiques cinglants dans les pattes. Mais ce n'est pas tout.
Mine de rien, ces projets qui n'en finissent pas depuis des années (Le livre de la jungle, Mulan, Aladdin) représentent aussi de vrais défis techniques. La preuve avec le dernier en date : l'imminent La petite sirène, en salles le 26 mai prochain. Faire vivre à coups de FX des animaux marins, remodeler des persos iconiques (comme la magnifique Ursula, inspirée dans le dessin animé d'origine par... Divine, drag queen mythique du cinéma underground), ou encore... animer des cheveux. Oui oui.
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Car ce sont (aussi) les cheveux d'Ariel qui ont exigé blinde de travail pour les très nombreux animateurs CGI du film. Et notamment cette séquence iconique où la sirène devenue humaine balance ses longs cheveux en arrière, dans un geste très "Parce que je le vaux bien". Instant fondamental en terme de dramaturgie car il représente le passage d'un corps à l'autre. Mais aussi... un véritable casse-tête technologique.
L'interprète d'Ariel elle-même, Halle Bailey, l'explique à Entertainement Weekly : "Cette scène était tellement amusante à faire. Mais c'était vraiment difficile, cependant, parce que mes cheveux étaient vraiment, vraiment très lourds... ".
La jeune star, dont La petite sirène est le premier gros projet ciné, développe : "Mes dreadlocks, c'est ce que je préfère chez moi, je les porte depuis que j'ai 5 ans !... mais elles sont comme de la laine : quand c'est mouillé ça devient beaucoup plus lourd. Ça double presque de poids". D'où la difficulté physique éprouvée à les jeter en arrière gracieusement comme dans une pub pour shampoings.
A cela, nous rappelle Entertainment Weekly, il faut encore ajouter les quelques mèches surplombant ces dreads, sur le front. "Ca faisait juste beaucoup de cheveux sur ma tête ! Donc, chaque fois que j'entrais dans l'eau, tout était plus lourd", détaille encore l'actrice. Bon, mais on s'en fout de ces cheveux, non ? Et bien non, justement.
On pourrait croire à un détail tout bête, mais en fait, ces cheveux contribuent énormément à la personnalité de cette nouvelle "Petite Sirène". Déjà, car on a pas l'habitude de voir un tel personnage avec des dreads. Pas simplement sous l'eau, dans un film Disney tout court !
Et c'est justement là le challenge : proposer une vision neuve, plus inclusive et représentative, en pensant aux millions de petites filles, afroaméricaines notamment, qui pourront se projeter à travers cette sirène noire qui dénote des habituels modèles Disney, où la blancheur est érigée en couleur hégémonique. Ca change.
D'ailleurs beaucoup se réjouissent de ce choix. Dès la mise en ligne des premières bande annonces (qui avait fait rager les racistes sur Twitter), une internaute avait applaudi cette démarche dans un post abondamment relayé : "Je me fiche de ce à quoi ressemblait Ariel dans le dessin animé : je dirai à mes enfants qu'Ariel était noire avec des dreadlocks. Désormais Halle Bailey est la seule petite sirène qui compte !". La messe est dite.
Preuve du sentiment d'authenticité souhaité dans le film de Rob Marshall, les cheveux d'Ariel sont un mix de FX et de tresses bel et bien réelles, donc. L'équipe a du comprendre à quel point Halle Bailey comptait plus que tout sur ses tifs, et ne pouvait s'imaginer sans cette coiffure qui l'accompagne depuis son enfance. Touchant.