Les remake en "live action" (prises de vue réelles) des classiques Disney, c'est un peu comme la pizza à l'ananas ou la sauce burger dans le kebab : tout le monde semble détester ça et pourtant, ça continue d'exister d'année en année. Preuve en est, après Mulan, Le livre de la jungle, Peter et Elliot le Dragon, Aladdin (pas celui avec Kev Adams, l'autre) ou encore La petite sirène (bientôt dans nos salles) c'est une énième masterclass estampillée Disney qui y aura droit.
En l'occurrence, c'est un ovni de la boîte aux grandes oreilles, véritable petit concentré de culte, qui devrait prendre la forme d'un film "dans la vraie vie" : Lilo et Stitch. Sorti il y a vingt ans déjà, ce dessin animé fait partie des fictions Disney à la Kuzco, l'empereur mégalo ou Atlantide l'empire perdu : des Disney un brin plus originaux que les autres, qu'on cite forcément quand on veut faire son intéressant.
Et l'idée de délivrer une nouvelle version de ce film peut être pas si connu de tous n'est pas mauvaise en soi. Seulement voilà, le projet fait déjà polémique. Et pas juste parce que les fans sont perplexes. Non, c'est un détail qui a engendré un vrai tsunami sur Twitter : le choix de l'actrice qui incarnera Nani, la soeur aînée de Lilo...
Aux côtés de Maia Kealoha, future Lilo sur grand écran, Sydney Agudong devrait interpréter Nani dans cet ambitieux projet. Oui mais voilà, pour certains, Sydney Agudonga ne ressemblerait pas suffisamment au personnage initial : une femme hawaïenne dénotant dans le paysage très monochrome (disons le : très blanc) des classiques Disney. Perso d'autant plus inédit à l'époque que Disney ne nous avait pas encore délivré de films comme Vaina, la légende du bout du monde, et son perso-titre, jeune polynésienne intrépide érigée en véritable "rôle modèle".
C'est là le noeud du problème : bien des internautes considèrent que la jeune Sydney Agudonga est trop blanche pour ce rôle. C'est l'argument d'une internaute qui s'est épanchée sur le sujet le temps d'un thread qui a bousculé la Toile : "Écoutez, c'est probablement une femme adorable, mais je ne peux pas m'empêcher d'être déçue. Je voulais que Nani me ressemble ! Elle a des jambes et des cuisses épaisses, une peau brune et des courbes et c'était cool de voir grandir parce que je ne me sentais pas si mal à l'aise avec mon corps...".
"Pour de nombreux insulaires du Pacifique, voir Nani dans le dessin animé était un moment de représentation important – un moment qu'ils espéraient voir reproduit dans l'adaptation live. L'identité hawaïenne des soeurs est également un point clé de l'intrigue dans le film original", déplore à l'unisson Teen Vogue.
Une polémique vaine selon certains, pour qui le talent de Sydney Agudonga importe tout de même davantage que ses origines américanos-philippines. Toujours est-il que c'est un nouveau chapitre qui s'ajoute au lonnnng pavé "Disney & polémiques" : en 2018 déjà, le choix de Naomi Scott en Jasmine dans Aladdin était largement controversé. Là encore, Naomi Scott était perçue comme beaucoup "trop blanche" pour le rôle.
On aurait tort de ne voir là que du "wokisme" comme on pourrait le dire sur un plateau de CNews. Car ce dont il est question est un vrai enjeu de société : le colorisme. Autrement dit, les discriminations, comme les écarts de traitement et de représentation, qui peuvent s'exprimer au sein d'une même communauté, en fonction des nuances de couleur de peau - plus claire, plus foncée. Forcément, le cinéma n'y échappe pas...
Et bien évidemment, impossible de ne pas penser aux réactions viscérales engendrées par le choix de l'actrice afro-américaine Halle Bailey pour incarner La petite sirène. Là, c'est l'inverse : Disney n'était plus accusé d'être à la ramasse niveau inclusion et représentation, ce sont plutôt les réacs qui s'en donnaient à coeur joie pour démonter le projet. Bref, un Disney "live action" sans scandale, c'est comme les sirènes : ça n'existe pas.