Wes Anderson ADORE Roald Dahl. L'auteur de Charlie et la chocolaterie, James et la grosse pêche, Sacrées sorcières, Matilda, pour ne citer que mille et un classiques de la littérature jeunesse. Le réalisateur avait déjà livré une somptueuse transposition en stop-motion de Fantastic Mr Fox, et c'est désormais à la nouvelle La Merveilleuse Histoire de Henry Sugar qu'il s'attaque, l'espace d'un court-métrage de 39 minutes.
Une actualité - ce court-métrage déjà présenté à la Mostra de Venise sera mis en ligne sur Netflix le 27 septembre prochain - qui a donné l'occasion au réalisateur de La famille Tenenbaum et Asteroid City de revenir sur un sujet à controverses : les polémiques qui concernent Roald Dahl, décédé depuis 33 ans, et les réécritures et censures qui pèsent sur ses plus célèbres romans ces dernières années.
Les termes jugés "offensants" de ses fictions ont par exemple été supprimés de certaines éditions anglophones. En particulier, relate Courrier International, "les expressions considérées comme blessantes liées au genre et au physique". Et cela, "problématique" ou pas, Wes Anderson ne l'accepte pas.
Roald Dahl a toujours autant la cote. Alors que ces dernières années ont pu ravir (ou non) les fans, entre l'adaptation par Robert Zemeckis de Sacrées Sorcières (avec Anne Hathaway) et celle, en musical et sur Netflix, du cultissime Matilda. Et cette année, il faudra encore compter sur une nouvelle version au cinéma de Charlie et la chocolaterie, avec le très attendu Wonka, portrait du chocolatier fantasque sous les traits de Timothée Chalamet.
Et pourtant, la prose de Roald Dahl est de plus en plus discutée. Des termes sont considérés comme offensants, mais aussi des descriptions, des personnages. Il faut dire que l'art de la caractérisation de Roald Dahl, et les péripéties burlesques qu'il met en mots, peut être source de violence, de cruauté, d'humour noir cinglant. Des éléments qui expliquent en partie l'immense popularité du romancier depuis cinquante ans.
Mais faut-il pourtant réécrire, corriger, supprimer, censurer ? C'est hors de question, a tranché Wes Anderson en conférence de presse à Venise : "Je comprends la motivation. Mais personne d'autre que l'auteur ne devrait modifier l'oeuvre – or, dans ce cas, il est mort ! En fait, dans l'idée, je ne veux même pas que l'artiste modifie son propre travail...", développe le cinéaste, qui prend la chose très personnellement.
>> Charlie et la Chocolaterie, Matilda... Netflix prépare des séries d'animation <<
"Je pense en quelque sorte que ce qui est fait est fait !", a conclu l'artiste. Voilà qui est dit. Mais qui ne devrait pas clore les débats. Du côté de la Roald Dahl Story Company, rapporte Le Monde, on veille ainsi depuis début 2023 à ce que des changements "réduits et soigneusement réfléchis" soient effectués sur bien des volumes... Quitte à interroger tous ceux qui ont grandit avec ces livres irrévérencieux.