On ne va pas se le cacher, aujourd'hui, Aaron Paul ne fait plus du tout les 27 ans de Jesse Pinkman. Un problème ? Oui et non. "Oui" parce que le physique adulte de l'acteur casse un peu la fragilité du personnage tant importante dans l'histoire et une certaine continuité. "Non" parce qu'il est toujours aussi incroyable. C'est bien simple, 6 ans après la fin de la série, on a l'impression qu'Aaron Paul n'a jamais vraiment quitté Jesse. Sa performance est toujours aussi forte, intense et on vibre comme au début avec lui. Coup de vieux ou non, son talent n'a pas pris une ride et offre même un nouveau regard sur ce nouveau Jesse. Plus mature, plus intelligent, Aaron Paul profite d'avoir vieilli pour apporter une autre facette à son héros.
Aaron Paul n'est pas le seul à ne pas avoir perdu sa patte, Vince Gilligan - le créateur de Breaking Bad, s'en sort à nouveau très bien ici. En l'espace de deux petites heures, il nous rappelle à quel point il maîtrise cette tension dans son récit - certaines séquences nous tiennent parfaitement en apnée, et combien les silences, la place au temps sont importantes. Malgré une histoire qui avance plus vite que dans la série - ce qui est légèrement déroutant au premier abord, on retrouve cette sensation d'étouffer avec les personnages à chaque nouvelle scène.
Surtout, on en prend une nouvelle fois plein les yeux à travers des séquences magnifiques et des mises en scène toujours aussi créatives. Il faudrait évidemment revoir le film pour en apprécier les moindres détails, mais les scènes dans l'appartement au moment de la fouille, celle dans la cage, le final en Alaska ou le duel dans l'usine sont déjà suffisamment marquantes pour nous enthousiasmer. Pas de doute, le film s'intitule El Camino mais on regarde bien du Breaking Bad.
Comme promis par Vince Gilligan, Walter White est bel et bien mort, tué lors du final de la saison 6. Néanmoins, cela n'a pas empêché Bryan Cranston, son interprète, de faire un petit tour dans ce film afin de célébrer une nouvelle fois la série et rendre un petit hommage à son cultissime personnage à l'occasion d'un nouveau flashback situé au tout début de l'histoire.
Un moment très fort puisque, après le sacrifice de Walter, on comprend avec cette scène - qui nous montre la belle relation qui unissait Jesse et Walter à leurs débuts, quand ils prenaient chacun soin l'un de l'autre - que Jesse gardera avec lui cette image de son ancien enseignant, plutôt que celle du terrible Heisenberg. On a le sentiment que Jesse pardonne à Walter et que ce dernier obtient sa rédemption.
Par ailleurs, Walter White n'est pas le seul à revenir à l'écran. Au contraire, de nombreux autres personnages cultes de la série - plus ou moins importants dans l'histoire, viennent également passer une tête. On ne les citera pas pour ne pas vous ruiner d'autres surprises, mais ça reste très sympa à suivre à défaut d'être réellement utile.
De même, El Camino offre énormément de clins d'oeil à la série à condition d'ouvrir le nôtre. Là encore, il faudrait revoir le film plusieurs fois pour tout capter, mais c'est très agréable de voir cet univers nous ouvrir à nouveau ses bras.
Oui, c'est la terrible question que l'on se pose durant tout le visionnage de El Camino. Attention, le résultat est très cool et on prend un réel plaisir à replonger dans cet univers, néanmoins, on ne peut s'empêcher de penser qu'il n'apporte finalement pas grand chose. Certes, on connait désormais avec certitude la nouvelle vie de Jesse (c'est décidément très beau l'Alaska), mais en avait-on besoin ? La fin de Breaking Bad se suffisait à elle-même et El Camino ne rivalise pas tellement avec ce que notre imagination avait pu trouver.
Plus Jesse se rapproche de sa liberté et plus on réalise que sa quête personnelle n'est que du bonus pour nous mais pas une nécessité. Peut-être est-ce parce que cette suite ne dure que deux heures, là où cette histoire aurait pu être plus impactante dans une série de plusieurs épisodes ? C'est possible. En attendant, on termine ce film avec un sentiment de satisfaction - très joli parallèle entre la scène finale du film et celle de la série, mais également avec la conviction que seule la fin de Breaking Bad nous restera en tête.