Faut-il mentir pour séduire ? Evidemment que non, et pourtant, Primo croit le contraire. Primo, c'est le héros bluffeur mais malgré tout attachant de J'aime regarder les filles, tribulation de deux amoureux dans la France des années 80. Un fils de provinciaux qui se fait mytho pour les yeux d'une bourgeoisie qui l'attire.
Et Primo, surtout, c'est l'un des plus fulgurants comédiens de sa génération : Pierre Niney. L'acteur Césarisé (pour son incarnation d'Yves Saint Laurent) mais également snobé (Le livre des solutions de Michel Gondry, où il incarne avec une étrange drôlerie un anti héros total, fut ignoré par l'Académie cette année) détonne déjà en 2011 lorsqu'il trouve l'un de ses premiers grands rôles dans cette drôle de fable romantique...
J'aime regarder les filles fait partie de la riche collection disponible gratuitement en ligne sur francetv. Des films à découvrir en streaming : il suffit de s'inscrire au site de francetv, d'accepter les pubs, et voilà. Mais pourquoi rattraper fissa cette naissance d'une idole des jeunes ?
Dans le thriller azuréen Un homme idéal, Pierre Niney se fait romancier escroc : il vole un journal qui ne lui appartient pas et le recopie pour engendrer un best seller. Avant que le karma ne le rattrape ! Dans Frantz, poignant mélodrame en noir et blanc de François Ozon, il se fait passer pour l'ami français d'un époux défunt auprès de sa veuve, allemande. Encore un mensonge de plus. Tout cela advient des années avant la sortie en salles discrète de J'aime regarder les filles, qui marque donc la genèse d'un serial-mytho. S'ensuivront Comme des frères, 20 ans d'écart, Five (autre récit d'un mec embourbé dans ses mensonges !)...
>> Gratuit en streaming : avec une note de 4,5/5, cet animé est considéré comme un classique instantané <<
Pierre Niney semble adorer les personnages de jeunes hommes qui s'enferment dans le mensonge, jusqu'à croire en leurs propres affabulations, quitte à vivre à jamais dans l'illusion. Comme une malédiction. C'est normal : quoi de plus logique pour un comédien que d'incarner des saltimbanques adeptes de simulacres ? Des hommes qui font tout "pour de faux", incarnent ce qu'ils ne sont pas, et flippent que la vérité un jour soit découverte.
La crédibilité de Pierre Niney dans de tels rôles, toujours sur le fil, n'est plus à prouver. A l'époque, la critique hexagonale saluera d'ailleurs largement la fraîcheur d'une révélation du cinéma français, tragicomique, tendre, sensible, aussi crédible dans les années 2010 qu'a pu l'être un Jean-Pierre Léaud soixante ans auparavant. Chapeau l'artiste !