Et si le plus grand film de science-fiction de l'histoire du cinéma... n'était jamais sorti ? La question mérite clairement d'être posée, surtout à l'heure de l'arrivée en salles du film événement de Denis Villeneuve : Dune 2. Car l'oeuvre dont il est question ici est une précédente adaptation du chef-d'oeuvre (inadaptable) de SF du romancier Frank Herbert. Seul bémol, celle-ci n'a jamais pu voir la couleur des multiplexes...
Effectivement, en pleines seventies, bien avant la sortie du Dune de David Lynch (film-monstre qu'a longtemps renié le cinéaste le plus bizarre d'Hollywood) c'est Alejandro Jodorowsky qui est appelé pour diriger l'adaptation ciné des aventures de Paul Atreides, jeune homme au destin hors du commun. A l'époque, Timothée Chalamet n'est même pas encore un concept. Mais de rêve pour cinéphiles sûrs, ce tournage tourne vite au cauchemar pur et dur. Cela, un documentaire captivant en témoigne : Jodorowsky's Dune.
Une sorte de gros making of génial à découvrir gratuitement en streaming sur Arte. Et qui nous rappelle pourquoi nous avons échappé à ce qui aurait pu être un chef-d'oeuvre...
Si vous pensez que David Lynch, le créateur de Twin Peaks, est légèrement décalé, préparez vous plutôt deux fois qu'une en vous attelant au cinéma d'un véritable patron du surréalisme : Alejandro Jodorowsky, le metteur en scène d'origine chilienne de El Topo et La Montagne sacrée. Des oeuvres qui ressemblent à un cadavre exquis, assemblage de motifs excessifs, provocateurs et abstraits, qui ne font sens qu'assemblés tous ensemble.
Des "trips" cinématographiques qui ont apparemment convaincu le producteur français Michel Seydoux de placer cet auteur autoproclamé "prophète" sur l'un des plus ambitieux projets de film SF. Ambitieux, notamment car son cinéaste prévoit un long métrage de douze heures ! Une demi-journée oui. Deux ans de tournage commencent alors et avec ces deux années, tout un lot de folies.
Léger florilège : "Jodo" a l'audace d'invoquer dans le casting des stars comme Orson Welles (oui, le réalisateur de Citizen Kane), Mick Jagger (oui, le leader des Rolling Stones) ou encore Salvador Dali (qui demandera à recevoir le meilleur salaire de tout Hollywood), la fabrication de costumes et de décors est pharaonique, sans oublier la conception par des génies de la bande dessinée (comme Moebius) de milliers de storyboard...
Et bien plus encore. Tout le reste est à découvrir dans le documentaire Jodorowsky's Dune. Précisons juste que Pink Floyd devait réaliser la bande originale de ce film finalement abandonné (ce qui devait ajouter quelques zéros au budget) et qu'une partie de l'équipe excellera... sur le Alien de Ridley Scott - le premier, et le meilleur. Comme quoi, dans l'usine à rêves, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !