Léa Seydoux fait sensation en ce moment : second rôle remarqué du Dune 2 de Denis Villeneuve, elle est venue le 15 février dernier enflammer les tapis rouges l'espace de quelques séances photos l'érigeant - à en croire ses très nombreux fans sur les réseaux sociaux - en "reine" définitive du glamour et du charisme. On ne saurait mieux dire.
Mais il convient de rappeler que par-delà sa facette fashion et chic, Léa Seydoux est également une grande actrice. Et un film de science-fiction pas vraiment comme les autres le démontre largement en ce mois de février. Il fait son petit effet dans les salles obscures, ne met pas en scène Timothée Chalamet, ni Zendaya, et... il est français. Jolie équation. Cette oeuvre de SF c'est La bête, véritable ovni signé Bertrand Bonello.
La bête, c'est quoi ? Transposition d'une nouvelle de Henry James, ce récit multi-temporel et dimensionnel nous plonge dans la tête d'une protagoniste énamourée revivant ses multiples incarnations, à des siècles différents, afin d'exorciser ses émotions, dans un futur dystopique qui interdit les affects - et donc l'amour. C'est romantique, et désarçonnant !
Avez-vous déjà rêvé d'explorer un univers où les fantasmes oniriques de David Lynch auraient pour unique point d'horizon l'actrice de La vie d'Adèle ? Si oui, bienvenue dans cette love story aussi sensorielle que cérébrale qui l'air de rien immerge l'actrice dans la peau de plusieurs rôles, deux heures trente durant : une aristocrate mélancolique au tout début du vingtième siècle, une actrice/mannequin anxieuse de nos jours, une inadaptée sociale en 2044, confrontée à l'intelligence artificielle...
Une escale qui nous promène du Paris d'antan à Los Angeles, et du film à costumes tendance Jane Austen à la science-fiction Black Mirror style... en passant par le cinéma d'horreur - l'espace d'une troisième partie que beaucoup ont associé à Scream, oui oui. Le but de ce récit ? Exprimer à travers ces multiples trajectoires à la Cloud Atlas quelque chose de juste sur l'actuelle confusion des sentiments - et notre rapport de plus en plus organique au virtuel.
Et cela s'observe notamment à travers l'évolution du "crush" de notre protagoniste, jeune mec romantique qui au fil des siècles va revêtir des visages bien moins "sexy" et idylliques. On ne vous en dit pas plus.
Bertrand Bonello investit à sa façon le champ de la SF, comme le film d'animation Mars Express l'an dernier (long métrage qui repartira peut-être couronné des César !) et nous égare dans ce labyrinthe aux visions aussi envoûtantes que déconcertantes. Troublante dystopie, qui permet à Léa Seydoux de dévoiler un inattendu visage : une vertigineuse propension au spleen.
Bon voyage !