Blurred Lines est numéro un au classement des singles en France, devançant même les tout-puissants Daft Punk. Idem aux Etats-Unis, où le trio Robin Thicke, Pharrell Williams et T.I. est en tête du Billboard Hot 100. Mais là, patatras. Dans son blog Feminist in L.A., Lisa Huynes écrit : "Globalement, la majorité de la chanson de R&B (intitulée de manière douteuse 'Lignes floues') consiste à susurrer à l'oreille d'une fille 'je sais que tu le veux'. Traitez-moi de cynique, mais l'expression n'inclut pas vraiment la notion de consentement mutuel en matière de sexualité."
Un article, et la polémique est lancée. La mannequin Aly Davison poste une vidéo sur Youtube, intitulée "Robin est une b*te", pour dénoncer l'apologie de la femme-objet complètement nue dans la version non-censurée du clip : "Les femmes sont clairement utilisées comme des objets pour renforcer le statut des hommes dans la vidéo". Même les médias dits sérieux sont piqués par la polémique. CNN organise une émission-débat : "Blurred Lines de Robin Thicke promeut-il le viol ?". Suivent dans la foulée le Maura Magazine et la radio NPR Music.
Voulant faire preuve d'ironie, Robin Thicke a envenimé le sujet en déclarant au Huffington Post : "Les gens disent : 'Hé, estimez-vous que cela est dégradant pour les femmes ?' Je réponds un truc du genre : 'Bien sûr que ça l'est. C'est un plaisir de dégrader une femme. Je n'avais jamais appris à le faire avant. J'ai toujours respecté les femmes". Mais la polémique ne devrait pas entacher le succès du tube de l'été selon Shazam. Les internautes prennent plutôt cela à la rigolade, multipliant les parodies inversées. Des hommes-objets dans Good Boy, des femmes (trop) mûres dans Cougars. Même Robin Thicke et Pharrell Williams ont tourné leur clip à l'auto-dérision pour le show de Jimmy Kimmel.