Ton album s'appelle "PDRG" pour "Pouvoir Danger Respect Game", que signifient ces mots pour toi ?
Le pouvoir évoque l'emprise, l'argent, le contrôle. Le danger c'est la violence, les addictions, la rue. Le respect c'est les valeurs, les principes. Et le game c'est le jeu entre tous ces mots.
La très grande majorité des 36 titres de cet album sonne très urbain, très oldschool alors que tu avais l'habitude de faire des morceaux plus musicaux comme Qui est l'exemple ?, La Puissance ou ton duo avec Natty sur Le Son qui tue, pourquoi avoir fait ce choix ?
Il y a des morceaux comme L'Oseille, Déterminé, Zga et d'autres qui sonnent club. Il n'y avait pas de volonté de faire du sombre, j'ai juste fait les sons qui m'inspiraient.
Sur ce double album il n'y a que deux duos, pourquoi si peu ?
Je devais aussi faire des feats US, mais on ne s'est pas entendu sur le plan financier. Ils me demandaient des sommes avec lesquelles je préfères plutôt acheter un appart ! Surtout que ça se passe sur le territoire français où je vends plus qu'eux, donc ce n'était vraiment pas logique. Et c'était aussi une façon de dire que je n'ai pas besoin de tout ça pour revenir. Quand à Amel Bent et TLF [NDLR : le groupe de son frère], je les ai choisis parce qu'ils sont les plus proches de moi. J'avais déjà travaillé avec Amel sur Hysteric Love. Et quand j'écoutais ses prods, je l'ai vue dessus tout de suite.
Dounia est sans doute le titre le plus marquant de "PDRG". Est ce qu'il représente quelque chose de particulier pour toi ?
Dounia c'est le gros thème de l'album. Je l'ai mis en dernier, et il résume le tout. C'est une vraie une introspection de moi. Ca parle du bien, ça parle du mal, ça parle de Dieu, ça parle du monde. Je me suis livré et j'ai réalisé en voyant les retours que pas mal de gens pensaient comme moi.
C'est le résumé des trois années passées ?
Non, plutôt des 35 dernières années que j'ai vécues.
Dans cet album, tu parles bien-sûr de Booba, il est presque devenu un sujet d'inspiration pour toi ?
Pas du tout, il ne m'inspire pas ! C'est juste des réponses, parce qu'il a fait la même chose de son côté. Je n'avais pas trop le temps de m'en occuper, j'ai avancé sur mon album... et tout vient à point à qui sait attendre.
On a parfois du mal à savoir comment a démarré ce clash, tu peux nous le rappeler ?
Ouh la, c'est compliqué. Les piques se sont enchaînées pendant des années. Moi quand je dis quelque chose, je n'ai pas peur de citer les gens. Lui, il préfère toujours tourner le dos et faire comme s'il n'était pas au courant. J'ai voulu arrêter d'un coup cette hypocrisie pure et dure. Au micro de Skyrock j'ai lâché un "zoulette", puis il y a eu son Wesh Morray, ensuite mon classique Wesh Zoulette et c'était parti. Il a mis du temps à répondre, il a fini par se laisser pousser les couilles comme on dit dans mon quartier. Il n'y avait pas de quoi s'affoler, le public attendait avant tout mon album. Quand tout le monde espérait un clash, j'ai lâché Dounia. C'était une façon de montrer que je m'en foutais, que le clash n'était pas mon fond de commerce. J'ai ouvert le bal, je le fermerai.
Et il est fermé pour toi aujourd'hui ?
Il est fermé mais bon... s'il redit quelque chose, il aura sa réponse. De toute façon il ne tient pas la route, ses réponses ne font pas autant de mal que les miennes, il le sait, c'est pas son truc.
Autre sujet que tu abordes dans plusieurs titres : le foot. Tu avais déjà invité Karim Benzema sur un titre. Cette fois tu remercies tes potes Balotelli, Samuel Eto'o, Matuidi. Tu supportes quel équipe en ce moment ?
Quelle question ! J'ai chanté Paris... Même si on est relégué en division 3 je ne changerai jamais d'avis. Je le dis dans ma chanson "Je supporte le PSG, même s'il est relégué". Quand Zlatan a gagné le trophée du meilleur joueur, ils ont même passé mon titre.
L'Equipe de France à la Coupe du Monde, tu y crois ?
Je n'ai pas vu les derniers matchs de l'Equipe de France mais j'ai entendu les résultats et ce n'est pas prometteur du tout. J'espère qu'on aura des bons joueurs, qui vont se concentrer sur le foot et pas sur les boîtes de nuit. J'espère qu'ils vont rester humbles, à l'image de Ribéry. Je trouve que c'est un bon exemple, c'est un travailleur, on ne le voit pas beaucoup mais les résultats sont là.
Puisqu'on parle sport, Tony Parker qui arrête sa carrière de rap pour se consacrer au basket, c'était une bonne idée ?
Je ne veux pas être méchant, j'ai pas écouté les projets de Tony Parker. Mais je pense qu'il est meilleur dans le basket que dans le rap. Au moins il aura essayé, mais c'est surtout un kiffeur de hip hop. Si moi demain je me mets au basket, je suis sûr qu'à un moment il me dira "Continue le rap" !
Dans l'album, il y a aussi l'interlude "en mode" en référence à cette expression que tu as "lancée" il y a quelques années. En 2013, c'est quoi l'expression du moment selon toi ?
Zlatana, parce que la période est très zlatanesque. [rires]
Le "Non mais allo" de Nabilla, il est déjà oublié ?
Je ne suis jamais rentré dans ce truc là, peut-être parce que je ne regardais pas trop la tv à cette époque là. J'ai compris qu'elle avait lancé un expression... Mais qui ne deviendra pas un classique comme "en mode".
D'ailleurs le titre Zlatana parle des bimbos, tu cites Zahia, Ayem, Nabilla... Quand on est un rappeur, on est obligé de parler de filles à fortes poitrines et d'en mettre dans ses clips ?
C'est plutôt quand on est homme, qu'on est obligé de parler de femmes. Surtout quand on est hétéro. Marc Lavoine quand il chante Elle a les yeux revolver, il ne parle pas des yeux d'un homme. Et les femmes font pareil, elles parlent des hommes. Regarde la chanson Jeune Demoiselle de Diam's, c'est pareil. Les sexes opposés s'attirent, c'est tout.
Depuis la sortie de ton album, tu portes beaucoup d'attention aux chiffres de tes ventes quand certains artistes disent ne pas être concernés...
C'est des menteurs, que du pipeau ! [Il sifflote] Tous les artistes suivent les ventes, c'est obligé. Il y a un investissement sur le projet, un label derrière. Même si au départ, je le fais vraiment par passion du rap, je me tiens aussi au courant de ce que pense mon public. Alors oui j'ai pas battu mon record, car c'est moi qui détient le record du plus d'albums vendus en une semaine avec "le Code de l'Horreur", mais mon public était content. Et moi aussi. C'est top de revenir à 40 000 [ventes en huit jours] après trois ans d'absence.
Dans le top 5 des ventes justement sur iTunes (au lundi 7 octobre), il y avait, à part toi, Drake, Birdy, Stromae et Génération Goldman. Ca t'inspire quoi ?
Ca montre avant tout que le rap est une musique à part entière, et sait s'imposer devant les plus gros de la variet et de la world music. Et il faut la respecter comme telle. Concernant les autres artistes, j'aime bien Drake mais je n'ai pas encore écouté son album. Pareil pour Stromae, mais les deux titres qu'il a sortis sont vraiment bien faits. Pour les albums de reprises, je pars du principe qu'on ne touche pas aux classiques. Et je ne m'engagerai jamais dans un endroit où j'ai pas pied.
Dans le morceau L'Artiste tu dis "Je plains le nouveau rap français, comment ouvrir les portes avec une radio de bras cassés", quel avis tu portes sur la nouvelle scène rap : Orelsan, 1995, Sexion d'Assaut... ?
Je ne vais pas citer de noms pour ne pas faire leur promo. Mais aujourd'hui le nouveau rap français ce n'est pas franchement ma tasse de thé. Ce n'est pas pour être méchant, ils ont leur public et c'est l'essentiel. Mais pour moi, ils ne font pas du rap, ou du moins pas celui que j'écoute. Je suis plus dans un rap authentique, classique, je viens d'une autre école.
Propos recueillis par Louise Wessbecher
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