C'est un véritable événement qui s'apprête à avoir lieu ce samedi 3 septembre 2022. Pour la première fois en France, l'UFC (Ultimate Fighting Championship, organisation américaine d'arts martiaux) va poser ses valises à Paris pour une soirée d'anthologie.
Diffusé en exclusivité sur RMC Sport 2, ce tournoi qui sera organisé dans un Accor Arena à guichets fermés (15 000 spectateurs attendus) mettra en scène 13 combats de MMA dont les deux plus attendus des fans opposeront Ciryl Gane à Tai Tuivasa, et Robert Whittaker à Marvin Vettori. Rien que ça.
Un véritable exploit pour le pays quand on sait que les compétitions professionnelles de MMA ne sont autorisées en France que depuis le printemps 2020. La raison d'un tel retard ? Cette discipline a longtemps été considérée comme trop violente et donc dangereuse.
Mais justement, ce sport est-il vraiment à risques et à ne surtout pas montrer aux enfants ? Pas forcément. Alors qu'il existe évidemment des règles très importantes à respecter lors d'un match (interdiction de frapper son adversaire dans le dos, derrière la tête ou dans les parties génitales, ni de lui donner un coup de pied alors qu'il est au sol), les combattants sont les premiers à rappeler que la MMA est possiblement moins violente qu'un sport considéré comme plus noble : la boxe.
"Pour gagner en MMA, ce n'est pas comme en boxe où la tête est presque la seule cible, a rappelé Cyril Gane à Eurosport. Je peux gagner parce que j'ai mis un K-O, une soumission... Je peux frapper dans les jambes, au corps... les coups sont dissipés".
Et pour cause, la MMA regroupe des athlètes aux disciplines variées et donc aux spécialités différentes. On y retrouve ainsi des strikers (ceux qui vont attaquer), des lutteurs (qui vont utiliser la cage comme accessoire pour déséquilibrer l'adversaire en le collant dessus) et même des grappleurs (ceux qui jouent au sol à l'aide de l'immobilisation).
Tant de techniques variées qui accentuent le spectacle mais qui, étonnamment, allègent (un peu) les risques. "Si l'on autorise la boxe en France, je ne vois pas pourquoi on n'autoriserait pas le MMA, a parfaitement expliqué Jean-François Chermann (Neurologue et auteur de "K-O, le dossier qui dérange"). En MMA, on peut gagner un combat sans taper sur la tête de quelqu'un".
La question n'est bien évidemment pas de dire que la MMA est sans danger, mais qu'il faut aller au delà du spectacle proposé sur le ring. Contrairement aux apparences, les combattants y sont plus respectés et en sécurité qu'on ne l'imagine. "Ce que je reproche à la boxe, c'est que c'est un sport qui autorise les commotions, a déploré le neurologue. On peut être compté et se relever trois fois. On permet au boxeur d'encaisser des coups sur un cerveau fragilisé".
A l'inverse, un sportif en MMA sera immédiatement pris en charge en cas de doute. "Dès que [les arbitres] sentent le combattant traumatisé sur le plan du cerveau, ils arrêtent le combat, a salué Jean-François Chermann. Il n'y a pas vraiment de phase où on voit le combattant prendre une répétition de coups".
Toujours pas convaincu de laisser votre enfant regarder un match ? D'accorder une chance à ce sport ? Jean-François Chermann a pourtant un argument imparable. Si la MMA va logiquement causer des blessures aux mains et pieds en raisons des coups portés, la discipline est pourtant plus sécurisée que des sports classiques et acceptées de tous.
Selon le neurologue, là où le cerveau (l'un des organes les plus importants à préserver) est le plus en danger, ça va être dans le hippisme, "un des sports avec le plus de traumas crâniens [en raison des secousses]", mais également le foot, "avec les têtes chez les enfants", et bien évidemment le rugby où les joueurs "reprennent au bout d'une semaine" après une commotion, là où les combattants de MMA sont à l'arrêt durant six semaines.
A ce sujet, petit détail qui fait toute la différence : "Un combattant de l'UFC va faire trois, quatre combats dans l'année. En rugby c'est 30 à 40 matches" sur une saison. Autrement dit, les risques sont divisés d'une façon impressionnante.
Alors oui, la MMA n'est pas sans risques, mais c'est également le cas de tous les autres sports.