Depuis plusieurs jours, une crise touche la police française. De nombreux policiers se sont mis en arrêt maladie pour protester contre le placement en détention provisoire d'un de leurs collègues dans le cadre d'une enquête sur des violences commises par quatre officiers de la BAC à Marseille.
Dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet 2023, Hedi, 21 ans, a été touché par un tir de LBD, puis frappé par des policiers. Défiguré, il livre aujourd'hui un témoignage choc à Konbini. Le soir du drame, il participait à la "fête des terrasses". Il raconte avoir croisé la route de quatre membres de la brigade anticriminalité et avoir été atteint par un tir de LBD qui a déformé son visage.
"J'ai reçu un impact dans la tête. Au début, je ne savais pas ce que c'était. Je suis tombé au sol et quand j'ai voulu me relever, on m'a traîné dans un petit coin où il faisait tout noir et de là, on a commencé à me frapper", explique-t-il. Tandis qu'il était immobilisé au sol, le jeune phocéen a été la cible de coups de poing et de matraque. Ses agresseurs lui ont "cassé la mâchoire".
"A aucun moment, on ne m'a demandé mes papiers, ni ce que je faisais. J'essayais de leur dire qu'ils pouvaient me fouiller, que je n'avais rien de dangereux. Mais ils ne voulaient rien savoir...", relate-t-il. Le drame est survenu dans un contexte de violences urbaines en France. A l'image de nombreuses grandes villes, Marseille a été durement touchée. Hedi assure qu'il ne participait pas aux émeutes survenues après la mort de Nahel, jeune de 17 ans tué par un policier suite à un refus d'obtempérer à Nanterre.
Après avoir réussi à se relever, Hedi a trouvé refuge dans une épicerie. "J'ai voulu me toucher la tête, mais je n'ai pas senti mon crâne...", glisse-t-il. Transporté à l'hôpital, il est resté dans le coma jusqu'au lendemain. S'en est suivie une semaine en réanimation et deux dans un service de neurochirurgie. Après deux opérations, les médecins n'ont eu d'autre choix que de lui retirer un morceau de crâne. "65 agrafes" leur ont été nécessaires pour le refermer...
Le jeune marseillais en est conscient : sa vie ne sera plus jamais la même. "Des fois, je me dis que je vais me réveiller, mais en fait je me réveille tous les jours avec la tête déformée, avec ces migraines, cet oeil flou... Je me suis regardé une fois à l'hôpital par curiosité, mais c'était trop. Quand tu vois ton crâne, il est plus comme avant, c'est dur à supporter...", indique-t-il tout en précisant qu'il se déplace et s'exprime plus lentement qu'avant.
"Je sais que je n'aurai plus la même vie qu'avant, mais ma vie d'avant, elle était bien par rapport à celle-ci...", conclut Hedi. Dans le cadre de cette affaire, quatre policiers de la BAC ont été mis en examen pour violences en réunion. L'un d'entre eux a été placé en détention provisoire, soulevant depuis une vague de protestation au coeur de la police...