De 2011 à 2018, d'abord avec Tokyo Ghoul durant 14 tomes, puis ensuite avec Tokyo Ghoul:re durant 16 tomes (tous édités en France chez Glénat), Sui Ishida nous a plongé dans un univers horrifique tout aussi violent qu'impactant à travers une histoire passionnante où le gore côtoyait brillamment les dilemmes moraux.
>> Plus fort que One Piece et Jujutsu Kaisen, ce manga a tout explosé au Japon en 2023 <<
De quoi ça parle ? Alors que Tokyo est envahie de créatures (les goules) avides de chair humaine, Ken Kaneki se fait attaquer par l'une d'entre elles, l'obligeant à subir une greffe pour survivre. A cet effet, la goule à l'origine de l'attaque sert de donneuse, transformant radicalement sa vie. Là où le CCG (Centre de Contrôle des Goules) cherche avant tout à exterminer ces monstres - dont une partie est gérée par l'horrible Arbre Aogiri, Ken Kaneki comprend progressivement que derrière cette guerre sanglante se cache une réalité plus nuancée.
Un manga du Weekly Young Jump rapidement devenu culte au fil des ans au point de faire partie des plus vendus dans le monde avec près de 50 millions d'exemplaires écoulés en l'espace d'une décennie - devançant des titres comme The Promised Neverland, Yu-Gi-Oh!, Seven Deadly Sins, Dr. Slump ou encore Death Note, mais également d'être adapté en anime par Studio Pierrot, d'avoir le droit à deux films en live-action et même d'atteindre le marché du jeu vidéo.
De quoi faire le bonheur de Sui Ishida, qui développait avec Tokyo Ghoul son tout premier manga ? Oui... et non. Au détour d'un entretien avec Animania et Manga Passion, l'artiste - qui travaille désormais sur Choujin X, son nouveau projet, a confessé qu'il avait encore du mal à totalement assumer cette oeuvre aujourd'hui.
"Si je m'en tiens au manga en lui-même, je ne considère pas vraiment Tokyo Ghoul comme un succès, a-t-il révélé à la surprise générale. Pour moi, un succès s'obtient quand j'ai le sentiment d'avoir dessiné quelque chose de bien. Quand j'y pense, je ne demande pas nécessairement à un manga d'être bien reçu dans la société ou qu'il soit aimé par beaucoup de personnes. Le succès, pour moi, c'est de savoir si je peux m'en vanter/satisfaire ou non".
La raison d'une telle distanciation ? Il aurait parfois du mal à trouver le juste milieu entre ses ambitions créatives et les envies des lecteurs. "C'est plutôt compliqué pour moi de développer un vrai lien avec mes lecteurs, a-t-il expliqué. Pour être honnête, je n'ai pas d'idées précises de ce qu'ils aiment lire dans mon manga. Et j'ai l'impression que si j'y pense trop, je vais de plus en plus tenter de répondre à leurs demandes, ce qui peut finir par affecter mon travail et le rendre étrange".
Une exigence impressionnante de la part du mangaka (probablement liée aux conditions de travail parfois difficiles et donc sources de compromis frustrants) mais également excessive. Si, comme tout manga, Tokyo Ghoul a évidemment des défauts, il n'en reste pas moins une réussite qui mérite d'être découvert tant il apporte un véritable vent de fraîcheur au genre.