Purebreak : Tu es championne de karaté, mais comment est née ta passion pour la musique ?
Anne-Marie : En réalité, j'ai commencé la musique avant le karaté. J'aime le sport et quand j'étais plus jeune, je voulais tout faire ! Du coup, j'ai joué dans quelques comédies musicales et je me suis ensuite mise au karaté avant de retourner à la musique à l'université. Après l'université, j'ai rencontré une compositrice pour écrire mes propres chansons, ce que je n'avais jamais fait auparavant. Je n'étais jamais allée dans cette direction avant de la connaître, mais cette rencontre m'a confirmé que c'est ce que je voulais faire.
Comment ton expérience dans le karaté t'a-t-elle servie pour ta carrière dans la musique ?
Avant de commencer le karaté, j'étais une enfant assez folle qui avait du mal à se concentrer sur une seule chose. Avec ce sport, j'ai essayé de travailler dur là-dessus même si ce n'était pas évident. En tout cas, le karaté m'a énormément aidé pour la concentration et la discipline, mais aussi pour m'apprendre à ne jamais rien lâcher.
Je n'aurai jamais imaginé que "Rockabye" remporterait un immense succès
Après le succès de "Alarm", ta carrière a véritable explosé avec "Rockabye" de Clean Bandit. Comment ont-ils eu l'idée de travailler avec toi ?
Je les connais depuis longtemps. Quand j'étais en tournée avec Rudimental, nous avions l'habitude de les croiser en festival et durant des concerts. J'aime toutes leurs chansons et quand ils ont terminé d'écrire "Rockabye", ils me l'ont envoyée et je me souviens qu'en l'écoutant, je me disais 'il faut que je la chante'. Je l'ai ensuite enregistré et ça a été un processus hyper rapide. Tout s'est passé en deux semaines.
Était-ce une surprise pour toi quand le morceau est devenu un énorme hit ?
Je n'aurai jamais imaginé que le morceau remporterait un immense succès. Je savais juste que j'aimais la chanson et le message qu'elle transmet. Ça a toujours été l'un de mes rêves d'avoir un hit et que les gens du monde entier l'entendent. Mais comme tout est arrivé très vite, je n'ai pas eu le temps d'y penser.
Ressens-tu une différence entre maintenant et le moment où tu as enregistré "Rockabye" ?
La seule différence que j'ai ressenti est que les gens étaient plus nombreux à savoir qui j'étais. Pour ma part, je sens que je suis toujours la même depuis que j'ai 12 ans, mais c'est super que "Rockabye" ait permis de faire un peu mieux connaître mes propres chansons. Merci à Clean Bandit pour ça.
Est-ce important pour toi d'avoir un hit pour lancer une carrière ?
Plus les gens écoutent ma musique, mieux c'est. Pour moi, le plus important est que les gens soient connectés avec mes chansons. J'essaie toujours de transmettre des messages positifs. Alors, quand les gens m'envoient des tweets ou me disent que mes titres les ont aidés, ça me rend vraiment heureuse.
J'essaie d'écrire mes chansons pour qu'elles rendent les gens plus forts pendant une rupture
Penses-tu à ça quand tu enregistres ?
Totalement. Quand j'étais petite, j'écoutais souvent des chansons qui m'aidaient à me sentir mieux dans mon corps. J'écoutais beaucoup Christina Aguilera et des chanteuses qui expliquent comment être une femme forte. Alors, quand j'enregistre, je réfléchis à comment je peux conseiller et aider les gens.
Après "Rockabye", tu as sorti tes morceaux "Ciao Adios", "Then" et "Do It Right". Quelles ont été tes inspirations ?
Ma plus grand inspiration sont mes ex-petits amis. Mon album est d'ailleurs centré là-dessus même s'il aborde d'autres sujets. Je trouve que c'est bien d'écrire sur ça car nous sommes tous passés par une rupture, malheureusement. Les gens se reconnaîtront donc forcément dans mon album. Même si mes chansons sont tristes, comme "Ciao Adios" qui parle d'un garçon quittant sa copine pour une autre, j'essaie de les écrire pour qu'elles rendent les gens plus forts durant cette situation.
Sont-elles toutes inspirées de ta vie personnelle ?
Tout à fait. J'ai toujours trouvé que c'était plus facile d'écrire sur un sujet que je maîtrise et par lequel je suis passé. Surtout sur scène, c'est plus simple de transmettre des émotions quand on a traversé les épreuves racontées dans nos chansons que l'inverse. Pour ma part, je me sens plus à l'aise avec mon expérience personnelle.
Ton album "Speak Your Mind" vient de sortir. Comment le définirais-tu ?
C'est un album qui raconte le fond de ma pensée. J'ai toujours voulu réaliser un album qui signifie vraiment quelque chose et qui transmet un message spécial. Je ne voulais pas forcément d'un album rempli de hits et de morceaux qui passent en boucle à la radio. Mes chansons abordent donc plusieurs sujets comme les complexes ou encore le fait de s'aimer comme on est.
Ressens-tu une certaine pression ?
Je suis surtout nerveuse. Ça m'a pris du temps pour écrire toutes les chansons, mais c'est surtout assez stressant de savoir qu'on ne peut plus y toucher une fois que tout est enregistré. Ça me fait peur, mais je l'aime comme il l'est et les gens peuvent penser ce qu'ils veulent du résultat tant que mes fans l'aiment, c'est le principal.
Tout le travail de mon album a été un long voyage
Veux-tu délivrer un message avec le titre de ton album ?
J'ai toujours été quelqu'un qui dit le fond de sa pensée, mes amis me connaissent d'ailleurs pour ça même si c'est assez bizarre. Je pense que plus de personnes devraient dire le fond de leur pensée. On a besoin d'être dans un monde où les gens partagent leurs sentiments. Et quand on est vraiment passionné par quelque chose, on se doit de le dire.
Comment as-tu travaillé pour cet album ?
Tout ce travail a été un long voyage parce que quand j'ai signé pour la première fois dans un label, je n'avais jamais écrit de chanson. J'ai donc passé beaucoup de temps au début à apprendre comment être une artiste. J'ai ensuite rejoint Rudimental et le fait de partie en tournée avec eux m'a permis de savoir comment me comporter sur scène. Mais pour mon album, j'ai travaillé avec beaucoup de personnes, mais j'ai surtout composé mes morceaux avec des femmes parce que j'ai l'impression qu'elles me comprennent mieux. J'adore écrire, mais c'est vrai que cet album a eu besoin d'un long processus pour sortir.
Comment as-tu eu l'idée de travailler avec Marshmello sur "Friends" ?
Je ne l'avais jamais rencontré et il a remixé mon morceau "Along" en 2016. J'ai adoré ce qu'il a fait et j'ai eu l'occasion de lui dire et de le remercier l'année dernière, quand je l'ai croisé à Londres. Quand il est venu en studio, mon album était déjà terminé, mais mon label m'a dit que notre morceau devait être mon premier single de 2018. Nous avons donc dû tout modifier et ajouter "Friends" à mon album. C'était assez inattendu du coup, mais c'était vraiment super.
Toutes mes chansons sont différentes au niveau du style
Ce feat est assez surprenant car son style est plutôt différent du tien...
Je pense que toutes mes chansons sont différentes au niveau du style, du coup ce n'était pas si surprenant le fait que j'ai travaillé avec Marshmello. Il est génial en tant que producteur. Il sait s'adapter aux artistes avec qui il travaille. Quand on écoute ses morceaux avec Selena Gomez ou encore Khalid, ils correspondent vraiment à leur univers. Du coup, "Friends" fonctionne vraiment bien sur mon album. Quand je suis en studio, je ne me dis jamais que mon prochain single doit ressembler au précédent.
Comment s'est passée cette collaboration ?
J'ai adoré travailler avec Marshmello. Tout s'est d'ailleurs passé très vite, nous avons écrit et enregistré toute la chanson en seulement trois heures. Je me suis ensuite dit qu'on devrait enregistrer un album entier (rires).
As-tu déjà vécu cette situation, la friendzone ?
Oui et c'est difficile d'évoquer ce genre de sujet sans se sentir mal. J'essaie toujours d'écrire sur des thèmes que je n'ai jamais entendu dans d'autres chansons. Quand nous avons évoqué ce sujet, je me suis tout de suite dit que ça serait amusant d'écrire dessus. C'est une situation horrible surtout quand tu es la personne friendzonée.
Marshmello porte toujours un casque, mais toi qui a travaillé avec lui, as-tu vu son visage ?
Non je n'ai jamais vu son visage, mais je pense que ce n'est pas plus mal de garder le mystère. Ça donne un petit truc en plus.
Tu as aussi collaboré avec Ed Sheeran sur ton nouveau morceau "2002". Comment ça s'est passé avec lui ?
Vraiment super. J'ai toujours voulu travailler avec lui parce que je l'adore en tant que personne. Quand on est enfin allé en studio ensemble, je me suis sentie assez stressée, mais il a toujours été de bons conseils et d'une grande aide. Il m'a appris beaucoup de choses. Et puis, on a travaillé assez vite donc c'était parfait.
Je connais Ed Sheeran depuis une dizaine d'années
Quelle a été ta réaction quand il t'a proposée de faire sa première partie ?
C'était incroyable. Ses concerts sont super à regarder. Mais une première partie est toujours un défi car les gens ne viennent pas pour te voir. On ne sait donc jamais comment ils vont nous recevoir. Ses fans à lui ont été vraiment gentils avec moi l'année dernière. Ils ont été accueillants.
Le connaissais-tu avant ?
Bien sûr. On se connaît depuis une dizaine d'années environ. Il est l'une des premières personnes que j'ai rencontrée quand j'ai rejoint l'industrie musicale. C'est surtout un artiste qui n'a jamais changé. Il est toujours resté lui-même depuis le début de sa carrière, il ne s'est jamais comporté comme une superstar et c'est vraiment important. Je préfère ce genre d'artiste qui sais rester tel qu'il est. Il est gentil, adorable et il est un vrai soutien.
Ça t'a pris pas mal de temps pour sortir ton premier album, comment ça se fait ?
Ça a pris du temps car j'étais énormément occupée avec les tournées. C'est dur de trouver du temps pour composer et travailler, mais c'est vrai que je ne voulais pas me précipiter. Mon but était de rendre mon album parfait. C'était important pour moi qu'il ait une vraie signification. Mais je vous promets que mon deuxième album prendra moins de temps (rires).
J'ai commencé à écrire mon deuxième album
Tu as déjà commencé à écrire ton deuxième album ?
Oui j'ai commencé. Il y a tellement de chansons que je veux mettre dans cet album et je serai triste si elles ne sortent pas. Je pense que beaucoup de travail m'attend encore une fois.
Avec quels artistes rêverais-tu de collaborer ?
J'aimerais travailler avec Khalid, Eminem et Alanis Morrissette. Mon but est de collaborer avec des artistes différents et qui essaient de toujours transmettre des messages importants et sincères.
Et si tu devais choisir un artiste français ?
Dès que je venais en France, c'était pour travailler avec Club Cheval (groupe d'électro français, ndlr). Je ne sais pas si le groupe est toujours d'actualité. Ça serait top de les revoir cinq ans après notre dernière rencontre.
J'essaie d'avoir un esprit ouvert sur les réseaux sociaux
Aujourd'hui, les réseaux sociaux prennent beaucoup de place, est-ce une bonne chose pour toi ?
Je pense que les réseaux sociaux sont importants. J'essaie d'avoir un esprit assez ouvert à ce sujet d'autant plus qu'ils permettent aux artistes de se faire un peu mieux connaître. Ils montrent aussi leur vraie vie. Par exemple, je partage tous avec mes abonnés que ce soit moi au travail ou encore moi fatiguée. Les réseaux sociaux permettent aussi de découvrir la réaction des internautes en avant-première. Et du côté de ma vie privée, je trouve que les gens qui me soutiennent sont vraiment respectueux.
Et comment gères-tu les haters ?
J'avais l'habitude d'être en colère et blessée par leurs critiques, mais aujourd'hui, je réalise qui ne savent pas qui je suis réellement et qu'ils ne me diront jamais ce qu'ils pensent vraiment en face. J'essaie aussi de me souvenir qu'ils traversent aussi peut-être des moments difficiles même si parfois j'ai vraiment envie de leur crier dessus. Mais je me dit que ça ne sert à rien d'être toujours en colère.
Propos recueillis par Lola Maroni. Contenu exclusif. Ne pas reproduire sans citer PureBreak.com.