Aux yeux de tous, Disney est l'entreprise parfaite qui symbolise les valeurs de l'amitié, de l'amour et la famille où règnent la joie, la paix et l'égalité. Mais dans la réalité, les coulisses du monde merveilleux imaginé par Walt Disney sont nettement moins réjouissants. Dernier exemple en date ? Une vague de licenciements impressionnante du côté de Pixar Animation Studios, propriété du groupe depuis 2006, justifiée par l'échec du film Buzz L'Eclair.
On l'a appris au début du mois de juin, ce sont 75 postes qui ont été supprimés par Disney, à commencer notamment par ceux d'Angus MacLane (animateur depuis 26 ans chez Pixar, réalisateur du récent film Buzz L'Eclair) et Galyn Susman (collaboratrice depuis 1995 et productrice de Buzz l'Eclair). Et si le nom de cette dernière ne vous dit peut-être rien, son licenciement fait aujourd'hui scandale chez nos voisins américains.
La raison ? Il symbolise à lui seul le manque de reconnaissance et de fidélité que peuvent avoir les entreprises envers leurs employés les plus loyaux et dévoués. Et pour cause, Galyn Susman n'était pas n'importe qui chez Pixar tant elle a permis au studio d'échapper miraculeusement à un désastre financier en 1999, lui permettant même à l'inverse d'engranger 485 millions de dollars de recettes cette même année, ce qui aujourd'hui équivaudrait à environ 884 millions de dollars. Une fortune hallucinante. Comment ? On vous explique.
Les fans de Pixar le savent, 1999 = sortie au cinéma de Toy Story 2, suite du formidable film de 1995 dans laquelle on suivait cette fois Woody se faire voler par un collectionneur, avant d'en apprendre plus sur son histoire et de faire la rencontre de Jessie. Une nouvelle histoire aussi drôle qu'émouvante qui permettait à l'animation de passer un nouveau cap à l'époque, mais qui aurait pu... ne jamais voir le jour.
En effet, à la suite d'une terrible maladresse au cours de la production, l'un des employés avait supprimé par mégarde la quasi-totalité du film des serveurs, causant un vrai choc pour les équipes qui assistaient en direct à la disparition des images sous leurs yeux. Plus d'un an de travail effacé en 20 secondes. Or, s'il existait bien évidemment des sauvegardes, Oren Jacob (réalisateur technique du film) rappelait au début des années 2000 que "les fichiers gardés étaient mauvais" et donc inutilisables, la faute à un problème de logiciel qui n'avait pas permis une sauvegarde optimale.
Et c'est là que Galyn Susman était entrée en jeu. Alors en congé maternité, la réalisatrice technique continuait en réalité de superviser l'avancée du film de chez elle. "En tant que maman qui voulait voir ses enfants grandir, j'avais besoin d'un ordinateur à la maison. Et donc, tous les jours, je copiais le film sur mon ordinateur", avait-elle expliqué. Traduction ? Grâce à cette technique, elle était tout simplement la seule personne du studio à posséder une véritable copie du film en bon état.
Aussitôt, Oren Jacob était donc venu récupérer l'appareil "enveloppé de coussins et couvertures" avant de "l'attacher avec la ceinture de sécurité de la voiture" et de rouler au ralenti pour le ramener dans les locaux et utiliser cette copie (qui était effectivement exploitable) pour relancer la machine. Autrement dit, sans Galyn Susman et son travail consciencieux, Toy Story 2 aurait pu couler Pixar et ne jamais exister sous la forme que l'on connait aujourd'hui.
Une anecdote tellement culte qu'elle a même fait l'objet d'un mini court-métrage disponible dans les bonus du DVD du film (voir ici) et qui avait permis à l'animatrice de posséder un certain statut chez Pixar... jusqu'à cette année. Comme quoi, les happy ending à Hollywood, ça n'existe que dans les films.