Après la crise des gilets jaunes, le président de la République Emmanuel Macron avait annoncé qu'il allait fermer l'ENA (École nationale d'administration). Une manière de favoriser l'égalité des chances, l'ENA étant connue pour être une école qui forme l'élite. Mais finalement, Emanuel Macron ne va pas fermer cette grande école de la fonction publique. A la place, il a décidé de la changer. Ce jeudi 11 février 2021, lors de son déplacement à l'Ira (l'Institut régional d'administration) de Nantes, le président de la République a en effet annoncé les nouveautés qui permettront plus de diversité à l'ENA.
Lui et le gouvernement de Jean Castex vont créer des "Prépas Talents" pour aider les étudiants de milieu modeste à préparer le concours des grandes écoles de la fonction publique. "Nous allons étendre le maillage sur le territoire des prépas talents, avec au moins 2 classes par région, pour être au plus proches des familles, de là où l'on vit" a-t-il ajouté, pour que les jeunes d'origines sociales ou de zones géographiques défavorisées puissent y avoir accès.
"Puis nous allons ouvrir des concours 'Talents'. Vous pourrez postuler aux concours dans les 5 écoles de la haute fonction publique" a prévenu Emanuel Macron. Les 5 écoles sont donc l'ENA, l'ENSP (l'École nationale supérieure de la police), l'EHESP (l'École des hautes études en santé publique), l'ENAP (l'École nationale d'administration pénitentiaire) et l'INET (l'Institut national des fonctionnaires territoriaux). "Il y aura 6 concours, parce que 2 seront consacrés à l'EHESP" a-t-il précisé.
Ils vont ainsi ajouter 1 000 places en plus au total, qui seront réservées à ces étudiants les plus modestes. "On en a aujourd'hui 700, on va les porter à 1 700" a-t-il déclaré. A noter qu'il y aura 5 à 6 places par école (6 pour l'ENA).
Et le président de la République a aussi prévu une allocation pour la diversité de 4 000 euros pour celles et ceux qui veulent tenter l'une des grandes écoles de la fonction publique et qui n'en ont pas les moyens financiers. Elle "sera doublée, portée de 2 000 à 4 000 euros par an" a ainsi indiqué Emmanuel Macron, qui avait aussi annoncé un prêt de 10 000 euros pour les étudiants de moins de 25 ans en galère suite à la crise Covid.
Grâce aux "Prépas Talents", au concours "Talents" et à l'allocation, le président espère que "cela va permettre de donner plus de force à ces écoles, d'avoir plus d'attractivité pour les élèves, mais aussi de créer plus de justice. Parce que l'ascenseur social fonctionne moins bien qu'il y a 50 ans". Souvent en effet, il a souligné une forme "d'auto-censure", un syndrome de l'imposteur chez les élèves qui viennent de la campagne ou de cités.
Mais Emmanuel Macron a rappelé qu'il ne faut "pas être assigné au milieu social ni au lieu où on est né", sinon "la nation se désagrège". Il a d'ailleurs confié à l'AFP être lui-même devenu énarque alors qu'il a grandi à Amiens : "Je ne savais même pas que l'ENA existait. Je l'ai découvert par hasard, à Paris. Je suis un enfant de la chance, sur ce point".
"On a besoin de casser l'entre-soi, les corporatismes. Aujourd'hui, c'est une première étape : changer qui sont les hauts fonctionnaires. Que cette nouvelle génération de hauts fonctionnaires ressemblent à la France" a également assuré Amélie de Montchalin, ministre de la Fonction publique, à BFMTV. C'est elle qui est à l'origine de la loi des "Talents", qui a été votée par l'Assemblée nationale en novembre 2020.