Si comme nous tous votre fil d'actualités est noyé de publis plus ou moins drôles et pertinentes dédiées à Barbie et/ou Oppenheimer, les deux monstres qui s'affrontent dans les multiplexes depuis le 19 juillet, pas d'inquiétude, il existe un remède : aller voir (aussi) d'autres films. Mais lesquels ? On a bien notre petite idée.
>> Team Barbie VS team Oppenheimer : et si les deux films n'étaient finalement pas si éloignés ? <<
Car le 19 juillet, c'est aussi la date de sortie d'un tout nouveau thriller dont l'intensité vous saisira pour ne plus jamais vous lâcher 90 minutes durant (oui, c'est un poil moins long que les trois heures du Christopher Nolan). Ce film noir, c'est Les meutes, spécimen tout à fait singulier du genre puisqu'il est... Marocain.
C'est dans les bas fonds de Casablanca que nous promène ce voyage au bout de la nuit, relatant les péripéties compliquées d'un père et de son fils, devant se débarrasser d'un corps encombrant et qui vont rencontrer bien des obstacles durant leur périple. Un pitch simple, efficace, et un résultat captivant.
Mais ce n'est pas juste toute la tension du film qui nous a scotché au fauteuil...
En nous racontant l'histoire d'Hassan (Abdellatif Masstouri) et Issam (Ayoub Elaid), père et fils dont la tentative de kidnapping tourne (très) mal et qui entament contre leur gré un chemin de croix, le cinéaste Kamal Lazraq choisit lui aussi de se rendre là où on ne l'attend pas. On trouve ainsi dans Les meutes des séquences glaciales - malgré la chaleur étouffante qui accable les protagonistes - mais aussi des instants d'humour noir savoureux. En mode ironie du désespoir.
Il faut dire que la propension de nos deux anti héros à foirer leur moindre tentative d'échappatoire oscille entre le tragique et l'absurde. Mais sans jamais que ces personnages soient tournés en dérision pour autant. Leurs traditions par exemple font l'objet de séquences étrangement apaisantes : comme lorsqu'ils s'évertuent à laver le cadavre qu'ils traînent avec eux et à le déposer dans un linceul, afin de respecter son entrée "de l'autre côté". Un corps qui ne sera jamais qualifié de "cadavre" d'ailleurs : on parlera plus volontiers "d'âme"...
Tout un rapport au spirituel que père et fils vont devoir légèrement transgresser pour parvenir à leurs fins. C'est ce dilemme moral qui finalement les rend si humains, malgré leur air distant, la sécheresse de leurs échanges. D'autant plus quand l'un d'entre eux se retrouve littéralement hanté par des fantômes - des djinns. De quoi enrichir d'autant plus une atmosphère déjà très envoûtante.
Peu à peu, c'est aussi une certaine tendresse qui se devine entre ces assassins malgré eux, même si ce lien doit frayer son chemin à travers la noirceur, la violence et la mort. Malmenés durant ce road trip dont la nervosité n'a rien à envier aux grands modèles américains du genre, Hassan et Issam sont captés comme les "meutes" du titre : des bêtes constamment à l'affût ou bien épuisées, aux expressions angoissées, ou lasses.
Une expérience émotionnelle qui ne ménage pas son public donc. Et c'est tant mieux.