A l'affiche du dernier film du duo Tolenado/Nakache (Nos jours heureux, Intouchables), le feel good movie Une année difficile, Jonathan Cohen poursuit par-delà ses performances inénarrables dans des productions télé (comme l'imminent Sentinelle sur Prime Video) une carrière au cinéma plus nuancée, où le rire n'est pas la seule émotion qui occupe l'écran. Plus de complexité, c'est ce que souhaite notre JoCo national.
Et il l'explique lui-même dans les pages du magazine de cinéma Première, dont il occupe la nouvelle Une. Le grand Marc revient sur sa volonté de tourner avec plus de réalisatrices, celles qui font la diff' dans notre paysage : "Récemment, j'ai parlé avec Katell Quillévéré [la réalisatrice de la minisérie Le monde de demain, sur NTM], dont je suis très fan. Et j'adorerais tourner avec Justine Triet...", avoue-t-il. Cela ne nous a pas échappé...
Car Justine Triet est de ces cinéastes sur lesquels il faut compter aujourd'hui en France. Son dernier film, l'excellent Anatomie d'une chute, s'est vu sacré par la Palme d'or au Festival de Cannes. C'est exceptionnel pour une cinéaste française - Triet rejoint ainsi Julia Ducournau, réalisatrice de Grave et Titane. Une victoire à laquelle a succédé un accueil critique très élogieux. Et surtout : c'est un véritable carton en salles.
Ce film relatant le procès d'une romancière accusée d'avoir causé la mort de son mari, décédé dans d'énigmatiques conditions, a effectivement réalisé le meilleur démarrage au box office français d'une Palme d'or depuis Entre les murs de Laurent Cantet (2008). Il côtoie même le Parasite de Bong Joon Ho !
JoCo chez Justine Triet ? L'idée nous semble géniale. Mais pourquoi ?
Jonathan, bientôt devant la caméra de Justine ?
C'est très prometteur : l'oeuvre de la réalisatrice ne se compose que de quatre films pour l'instant, mais elle n'en est pas moins dense, riche et audacieuse. Aucun de ses longs métrages ne ressemble jamais au précédent : film politique, comédie, thriller psychologique, film de procès...
La cinéaste a confié à Virginie Efira son premier grand rôle de cinéma, avec l'épatant Victoria (2016). L'actrice Belge, aujourd'hui totalement indispensable au sein du cinéma français, y déploie pour la première fois une fibre tragicomique, une prestance qui fera merveille au cours des années suivantes.
Anatomie d'une chute, Palme d'or à Cannes, appuie l'exigence de la réalisatrice : on est captivé par ce récit relaté entre isolement de la protagoniste, panoramas neigeux, et interactions intenses entre avocats et juges, jusqu'à la résolution finale... Mais aussi ébahi par la densité psychologique, et thématique, de ce film qui relate tout ce que la vie en couple cristallise : le conflit, la violence, l'ambiguïté, l'indicible.
Et ça tombe bien. Car une histoire de couple mise en scène par une réalisatrice française de génie, "JoCo" l'a déjà fait. Si si. Et c'était magnifique : il s'agit de Enorme, de Sophie Letourneur. L'histoire d'un homme qui s'implique (beaucoup) trop dans la grossesse de sa femme, interprétée par Marina Foïs. Satire de la parentalité, comédie burlesque, quasi cartoon par instants, mais aussi tragicomédie dérangeante, Enorme détonne.
Un ovni qui, hélas, a suscité une large incompréhension, de la part de la critique comme du public. Cependant, la performance de Jonathan Cohen a surpris à l'unisson : plus ambivalente, complexe que ses partitions antérieures. Tant et si bien que ce rôle lui a valu une nomination aux César ! Jouer différemment, Jonathan Cohen sait faire, donc. Chez Triet, il ferait des étincelles.
"Je sais que Justine Triet l'adore, et qu'il rêve de bosser avec elle. Il y a chez lui de la profondeur, de l'émotion, de la colère, de la politique. Un point de vue... Celui ou celle qui aura envie d'aller chercher une autre couleur chez Jonathan la trouvera assez facilement" appuie justement son amie et consoeur Marina Foïs auprès de Première.
Si c'est la femme la plus drôle de France qui le dit...