Maeva Ghennam, c'est un peu la Madonna des férus de télé-réalité, toujours prête à faire couler de l'encre dans la presse people - et laisser les rageux rager. La star des Marseillais l'a encore démontré récemment en revenant l'espace d'un Snap sur un événement douloureux : sa semaine post-interventions chirurgicales.
Car la jeune femme, qui a déjà eu recours au bistouri par le passé, y est revenue une nouvelle fois l'espace d'un séjour à Dubaï, afin de "rectifier" son nez. Hélas, la cicatrice qui en a résulté s'est récemment... Ouverte. Ouille. Une désolation pour la personnalité médiatique qui se dit "énervée", "sur les nerfs", "fatiguée", mais aussi flippée "de garder une cicatrice à vie". Des émotions qui ne font pas trop marrer. Et pourtant...
Et pourtant, sur les réseaux sociaux, les internautes n'ont pas été les derniers pour se moquer de la star. On ne va pas se mentir, ces railleries ne datent pas d'hier d'ailleurs. Florilège de tweets : "cette femme, elle me répugne, quand je la regarde, j'ai impression qu'elle est sale", "Sans rire, vouloir ressemble à une poupée Bratz et finir défigurée, c'est triste", "Vous lui trouvez quoi ? Elle est défigurée à cause de la chirurgie"...
Les twittos sont sévères à souhait, et pas que. L'inénarrable Booba, qu'on connaît pour ses saillies diverses, s'est aussi permis de tacler Maeva Ghennam sur son physique, divertissant ainsi ses millions de followers : "ta lèvre, elle est en train de se décrocher de ton nez", a clashé le rappeur.
Ca n'a l'air de rien, mais la star des Marseillais ne fait pas juste l'objet d'un vulgaire buzz. Non, elle est victime d'une chose si large qu'elle a tout du phénomène : le sexisme crasse que subissent toutes celles qui passent par la chirurgie. En gros : du "body shaming" qui ne dit pas vraiment son nom.
Le "body shaming", c'est le fait de faire culpabiliser quelqu'un en pointant du doigt son physique - d'où le "shaming" : la honte. Tous les "arguments" (merci d'ajouter mille guillemets) sont alors bons pour rabaisser : disgracieux, pas assez ceci, trop cela... Les remarques de tous ceux qui feraient mieux de se mêler de leurs fesses visent couramment les femmes, et plus encore les jeunes femmes, celles qui publient régulièrement sur les réseaux.
Des plateformes où tout est minutieusement scruté, on le voit bien. Mais vous avez certainement remarqué à quel point la téléréalité se retrouvait elle aussi inondée par le "body shaming". En mars dernier, l'on apprenait d'ailleurs de la bouche de la psy et experte Estelle Dossin que les candidats de Mariés au premier regard abandonnent en masse "car ils ont trop peur de se faire pourrir sur les réseaux : 'Et tu as vu comme elle est grosse, et ses cheveux sont mal coupés, et elle a un bouton au milieu du front'.... Tout est passé au crible".
Et dans des émissions où les retouches physiques sont la norme, c'est encore là que le sexisme pointe le bout de son nez sans avoir été invité - un vrai relou celui-là. Mais pourquoi attaquer les meufs sur la chirurgie ? Car c'est le principe du patriarcat : imposer des injonctions, autrement dit des exigences physiques, source de frustration et de complexes, mais blâmer celles qui cherchent justement à apaiser ces complexes. On retrouve ce paradoxe partout dans notre société capitaliste : être incité à consommer, mais être jugé si l'on consomme trop. La même.
En gros : face, tu perds, pile, tu perds. Cela fait des années que les militantes féministes et la presse outre-atlantique creusent ce sujet : si la chirurgie n'est pas forcément l'acte le plus féministe du monde, ce qui est certain, c'est qu'elle n'engendre QUE du sexisme. Le "Elle" américain le déplorait déjà...en 2015 : "Nous devons questionner ce que signifie 'être beau' sans condamner de tels choix. Parfois, un lifting n'est qu'un lifting. Même la journaliste féministe Gloria Steinem s'est faite enlever un peu de graisse sur les paupières ! Nous sommes capables d'être des féministes avec des liftings, d'opter pour quelque chose d'un peu fake tout en restant authentique".
Des paroles qui sont encore loin de convaincre tout le monde tant ce thème clive à fond. D'autant plus quand il est question, et c'est le cas de "l'affaire" Maeva Ghennam, de ce que l'on appelle dans le jargon du "face shaming" : lorsque les remarques énervées se dédient principalement au visage de celui ou celle qu'on cherche à humilier. Vous en avez forcément lu mille. Attaquer le visage, c'est déshumaniser la personne, la considérer comme un monstre, tout en pointant du doigt au passage sa "superficialité".
Tout bonus pour qui souhaite se défouler gratos.
On capte vite que tout cela n'est pas qu'une question de télé. Il y a quatre ans, Rachida Dati se retrouvait elle aussi "shamée" à bloc pour avoir osé le bistouri. La femme politique squattait dès lors aux côtés de stars largement médiatisées comme Renée Zelwegger le banc des meufs dites "défigurées", comprendre, plantées sur un bûcher pour avoir "abusé" de ces pratiques (le verbe phare dans ces cas-là).
Des jugements à l'emporte pièce sur une chirurgie forcément "foirée", qui avaient alors fait réagir la journaliste Nadia Daam : "Peut-être que si la société ne passait pas son temps à dire aux femmes qu'il faut paraître jeune, belle et fraiche, la clientèle des chirurgiens esthétiques seraient moindre. Disposer de son corps comme on l'entend, c'est aussi, si on le souhaite, le soumettre au bistouri. Qu'est-ce que ça nous enlève, à nous, le fait que Rachida Dati ait décidé de subir telle ou telle intervention? Strictement rien".
D'ailleurs, l'interprète de Bridget Jones elle aussi s'était permise de calmer les esprits à ce sujet : "Il y a comme un appétit collectif à observer des gens humiliés par des attaques centrées sur leur apparence. La valeur d'une femme est historiquement mesurée par son apparence dans notre société". C'est réel. Ces derniers mois, les témoignages de plus en plus nombreux de nos stars préférées sur la chirurgie - comme celui de Courteney "Monica" Cox - rappellent aussi la réalité de ce sexisme.
Et quand on voit tous les coms que reçoit Maeva Ghennam sur son nez (oui, juste... sur son nez) on se dit que les mentalités ont quand même du mal à évoluer de ce côté-là. Mais genre : beaucoup, beaucoup de mal.