Les plats revisités, les mains en l'air, les coups de pression qui mettent le feu, les assiettes qui ressemblent à de l'art contemporain... On est toujours content de retrouver Top Chef, comme c'est le cas ce soir sur M6, pour tous ces ingrédients-là qui n'ont pas vraiment le même goût ailleurs. Mais si tu suis l'émission depuis longtemps, tu as pu remarquer que le programme n'était pas forcément aussi "déconstruit" que les plats qu'il met en scène...
Et notamment quand il s'agit de faire dans l'égalité des sexes. Car c'est une grande question qui revient à chaque nouvelle saison : pourquoi si peu de meufs sont parvenues à se hisser au sommet de Top Chef ? L'an dernier souviens-toi, la cheffe Louise (Bourrat) est devenue l'exception qui confirme la règle en s'érigeant en grande gagnante au bout d'une lutte acharnée. Une étape en plus dans l'histoire de l'émission mine de rien.
<< "Un geyser de sang" : cet accident survenu dans Top Chef que vous n'avez pas vu à l'écran <<
Mais justement, c'est exceptionnel comme victoire. Et les jurés bafouillent volontiers quand il s'agit d'interroger cette facette-là. Car forcément, la question a déjà été posée...
L'an dernier, on se grattait déjà furieusement le menton à ce sujet. Non seulement à propos de l'absence de grandes gagnantes dans les finales - ou même de la rareté de celles qui se hissent jusque là - mais aussi du nombre pas forcément paritaire de candidates face aux candidats : 15 candidats et seulement trois femmes dans l'édition de 2022. Pas besoin d'être fort en maths pour se rendre compte du souci.
Un juré alors tout nouveau, Glenn Viel, s'était même expliqué à ce sujet dans les pages du Parisien : "Si on pouvait avoir plus de femmes, on en prendrait plus. Mais ce n'est pas le problème, on parle avant tout de qualités culinaires. Il n'y a pas de débat. Nous, on parle de cuisiniers, pas d'hommes ou de femmes".
A chaque accusation de sexisme, c'est toujours le même argument qui ressort, quel que soit le sujet en fait : il faut voir le talent, pas le genre, ce n'est pas discriminatoire... Et donc, les inégalités n'existent pas. Mais dans ce cas-là, pourquoi ce ne sont jamais les mecs qui se retrouvent en nombre inférieur ? Mystère et boule de gomme.
Le juré avait là aussi son avis sur la question : "Il y a moins de femmes en cuisine que d'hommes, c'est un fait, et cette proportion est le reflet de notre profession aujourd'hui, elle n'est pas biaisée". Selon une enquête de la plateforme de réservations en ligne TheFork, les femmes représentaient entre 31 et 50% des effectifs au sein de la majorité des brigades de cuisine en 2021. D'où le fait qu'on se pose sérieusement la question quand on se retrouve avec trois femmes seulement dans une émission - on est loin des cinquante pour cent, tu noteras.
Et tous ces travers-là n'échappent jamais aux twittos : "Top Chef n'a pas eu le mémo spécial #8mars, Journée internationale des droits des femmes (enfin ils n'ont jamais eu le mémo parité, il s'est perdu il y a longtemps) : 6 candidats hommes, 3 chefs coachs, 1 présentateur...", épingle une téléspectatrice.
<< Louise Bourrat (Top Chef 2022) victime de sexisme en cuisine, elle se confie <<
Le public n'est pas forcément convaincu par les arguments des jurés. Même quand c'est une femme qui s'exprime. Comme l'éternelle Hélène Darroze, qui proposait déjà sa version des faits... En 2017 ! Elle expliquait alors à 20 Minutes que la profession "est essentiellement masculine" d'où l'absence de parité dans Top Chef. Et pourquoi ? Car la plupart du temps les femmes doivent "tenir un rôle de femme, de mère, une autre manière d'éduquer les enfants, tenir sa maison...".
Peut-être pas l'analyse qui a le mieux vieilli, à la relire six ans plus tard. Son compère Michel Sarran, lui, est plutôt persuadé que beaucoup de femmes "n'ont pas envie d'exercer cette profession après les mouvements de libération féministes, et souhaitent sortir du joug de la cuisine". Des théories parmi d'autres.
Mais si ça peut rassurer le jury (ou pas), Top Chef n'est en fait que le reflet d'un système beaucoup plus vaste qui touche à la reconnaissance gastronomique en général. Par exemple, savais-tu qu'en mars dernier, parmi les 44 nouvelles étoiles révélées du prestigieux Guide Michelin édition 2023, on ne dénombrait que 10 % de cheffes - dont l'inspirante Georgiana Viou ? Toujours le même pourcentage hyper faible qui revient, et ce malgré une forte présence féminine aux fourneaux.
Heureusement, M6 propose en contrepartie son lot de figures féminines qu'on retient, à la personnalité forte : difficile d'oublier Justine (Piluso) de la saison 11 par exemple, candidate qui a beaucoup fait jaser. Cette année, on pense à la très remarquée cheffe de 26 ans Carla Ferrari. Mais de ce côté-là encore, on peut tiquer : c'est bien souvent les meufs qui s'en prennent plein la figure sur les réseaux. Le sexisme n'est jamais loin.
Cette année encore, ce fut largement le cas d'Albane, très critiquée par les twittos... Pour sa voix. Oui oui. Des fans sont même venus à sa rescousse sur Twitter : "Vous n'aimez pas Albane en grande partie par sexisme, hein", "vous qui commentez #TopChef vos attaques contre la voix d'Albane ça ressemble quand même beaucoup beaucoup à du sexisme crasse", "Et à un moment faudra qu'on parle de la hâte que de prennent toutes les candidates meufs de top chef, quoi qu'elles fassent (spoiler: c'est le sexisme)".
Encore un autre sujet qui fait beaucoup réagir chaque mercredi soir...