C'est une triste nouvelle que vient d'annoncer sur Facebook Marie Pierre Destin, la maman de Jonathan Destin : ce jeune homme de 27 ans est "décédé samedi chez [elle] dans son sommeil". Un véritable déchirement pour la famille du garçon qui, depuis plus d'une décennie, était devenu un véritable symbole de la lutte contre le harcèlement scolaire.
En février 2011, alors qu'il n'avait que 16 ans, Jonathan Destin - qui était victime de harcèlement quotidien depuis ses 10 ans (moqueries, brimades, violence physique), avait décidé de se suicider en s'immolant, avant de se jeter dans la Deûle. Finalement rescapé de ce drame, l'adolescent - qui était brûlé à 72%, avait néanmoins passé trois mois dans un coma artificiel et subi près d'une vingtaine d'opérations qui l'avait contraint à "vivre" à l'hôpital durant deux ans.
Interrogé en 2018 par LCI sur ce geste dramatique, il avait notamment confessé, "Le jour où mes harceleurs m'ont mis une arme sur la tempe, je me suis dit qu'il fallait que j'en finisse rapidement avant qu'ils me suppriment. Je ne voyais pas d'autre issue. Je me disais que la douleur du feu ne pouvait pas être pire que celle que je ressentais."
Une tentative de suicide que Jonathan Destin assurait regretter, "je me dis que je dois dépasser tout cela et continuer à vivre. On peut toujours se reconstruire", et qui l'avait poussé à profiter de cette deuxième chance pour partager sa propre expérience en parcourant les classes de France afin de sensibiliser les collégiens et lycéens sur les ravages du harcèlement, mais également apporter un message d'espoir aux victimes.
A cet effet, Jonathan Destin - dont ses "harceleurs ne sont jamais venus s'excuser", avait écrit un livre intitulé Condamné à me tuer (2013), avant de voir son histoire être adaptée sur nos écrans par TF1 dans le téléfilm Le Jour où j'ai brûlé mon coeur (2018).
"Il faut en parler et ne pas rester dans son coin, expliquait-il quand on lui demandait quel conseil donner à une personne harcelée. C'est la parole qui peut nous libérer du harcèlement. A l'époque, quand j'étais harcelé je ne savais pas ce qu'il fallait faire, j'étais perdu." Heureux d'être toujours en vie, Jonathan Destin voyait l'avenir d'un d'un regard optimiste : "Aujourd'hui, je rêve de prendre mon indépendance. Et d'avoir une vie normale : fonder une famille, avoir ma voiture, et me lever tous les jours pour aller au travail."
Une enquête est actuellement ouverte pour déterminer les circonstances de sa mort.