L'actuelle Coupe du Monde 2023 de rugby qui se déroule en France était censée être le tournoi d'Antoine Dupont, le capitaine du XV de France. Malheureusement pour lui, ses coéquipiers et les supporters des Bleus, le demi de mêlée s'est blessé durant le match contre la Namibie joué le 21 septembre dernier, victime d'une fracture maxillo-zygomatique. Rien que ça.
Une situation que n'avait clairement pas anticipée le staff, et que le sportif gère à sa façon. Après avoir planifié une opération express pour remettre tout ça en place, Antoine Dupont serait déjà prêt à retrouver les terrains. Selon les dernières informations, il pourrait en effet reprendre l'entraînement collectif dès le week-end prochain, tandis qu'un retour à la compétition pourrait se faire dès le quart de finale (à la condition de porter un casque spécial).
De quoi rassurer tous les fans de rugby ? Pas tout à fait. Si la présence d'Antoine Dupont est clairement un plus dans l'optique de remporter le trophée ultime, Olivier Magne - finaliste de la Coupe du Monde 1999 avec la France et ancien joueur du CA Brive et l'AS Montferrand, a de son côté profité d'un article du Parisien pour déplorer un tel cynisme alors même que la santé des sportifs devrait être la priorité.
"Je pensais que le rugby que j'avais connu, où les coups étaient permis, où l'on pouvait être KO un week-end et rejouer le suivant, c'était fini. Et j'étais bien content. Mais je vois que non, a balancé l'actuel consultant de RTL et M6. Encore choqué par ce qu'il a pu voir et vivre au cours de sa carrière qui s'est étendue de 1992 à 2007, il ne comprend pas que les mentalités n'aient pas évolué et que les fameuses valeurs de l'ovalie s'assoient sur le bienêtre des joueurs en échange d'une potentielle victoire.
"Nous en sommes toujours à l'Antiquité. Ce sont les jeux du cirque. L'intégrité physique du joueur n'était pas prise en compte. Elle ne semble pas l'être plus aujourd'hui, a-t-il déploré, agacé par les passe-droits autorisés et la méthode de l'autruche adoptée par l'équipe de Fabien Galthié - déjà critiqué pour la présence dans le groupe d'un joueur condamné pour violences racistes. Je ne comprends pas que l'on puisse envisager le retour d'Antoine Dupont. Si le rugby provoque de telles situations, je dis non."
Il l'a ensuite ajouté, du haut de son expérience, il sait qu'un sportif n'est jamais le mieux placé pour prendre les meilleures décisions quand un enjeu devient si important. "On ne peut pas, aujourd'hui, sacrifier la santé des joueurs. Je laisse aux médecins les diagnostics et les décisions. Ce n'est pas au joueur de choisir, a-t-il soufflé. Lui, il voudra toujours aller sur le terrain et cela peut être dangereux. C'est pernicieux".
Conscient que son avis fera grincer des dents, "Mais qu'ils [ceux qui poussent pour son retour au plus vite] prennent sa place ! Bien sûr qu'il va nous manquer s'il quitte la compétition. On ne sera peut-être pas champions du monde sans lui", Olivier Magne estime malgré tout que la prudence est obligatoire dans un sport où le sujet des commotions cérébrales reste aussi important que tabou. "Qui viendra lui dire, dans vingt ans, s'il a perdu un oeil, que son sacrifice valait le coup ? Ses proches, ils en pensent quoi ? Ils veulent vraiment qu'ils prennent ce risque ?", a questionné l'ancien international.
Pour l'heure, ni le joueur, ni l'équipe de Galthié n'ont répondu aux interrogations, mais il ne fait aucun doute que le retour de Dupont sur les terrains sera scruté avec attention, lui qui, fatalement, pourrait vite devenir une cible sur la pelouse.