Purebreak : Comment es-tu arrivée sur le projet Banlieusards ?
Chloé Jouannet : J'ai passé un casting parce qu'il y a quatre ans, j'ai fait un court-métrage, où j'ai rencontré mon chéri d'ailleurs, et il y avait une fille, qui s'appelait Jawahine, qui travaillait sur ce projet. Elle s'est souvenue de moi, on s'était vraiment bien entendu. Elle m'a envoyé un message sur Facebook pour savoir si je voulais passer un casting pour Kery James. Info honteuse du jour, je ne savais pas qui était Kery James. Mon mec s'est foutu de ma gueule (rires). Je me suis quand même renseignée sur lui, j'ai écouté ses textes. Je voulais pas arriver sur le tournage en mode 'Ah c'est vous Kery ?'.
Lisa est dans une justesse naïve
Comment définirais-tu ton personnage Lisa ?
Elle représente la part féminine, mais aussi le côté bourgeois et blanc du film si on doit parler concrètement. Elle est née du "bon côté", du coup, elle ne voit pas les couleurs ni les défauts. Elle ne va pas faire la différence entre un avocat et un mec de banlieue. Elle suit son coeur, elle est dans une justesse naïve. Elle ne comprend pas la différence sociale, c'est ce que j'ai en commun avec elle. J'ai tellement été élevée avec des parents ouverts. Le racisme n'a pas fait partie de ma vie.
Le film est très engagé et dénonce de manière juste la vie dans la cité. C'était important pour toi de mettre en lumière cette histoire ?
C'était hyper important parce que Lisa rentre dans un univers qu'elle ne connaît pas du tout, mais moi aussi, quand je suis arrivée sur le tournage, il y avait des codes que je ne connaissais pas. Il y avait un parallèle assez similaire et intéressant. Kery l'a très bien filmé d'ailleurs. De toute façon, tu es toujours plus juste quand tu parles de quelque chose que tu connais et que tu as vécu.
Trouves-tu encore normal le cliché de la différence d'échelle sociale comme il y a entre Lisa et Soulaymaan ?
Les choses bougent quand même, il ne faut pas être que négatif. Les banlieues d'aujourd'hui ne sont pas celles d'il y a 20 ans. Mais des c*ns, il y en aura partout. Des gens qui te traitent différemment parce que tu viens d'ailleurs, ça arrivera tout le temps. Mon plus gros stress quand je suis arrivée sur le film de Kery c'était qu'on me traite différemment parce que j'allais être "la seule blanche". Finalement, il n'y a pas eu tous ces problèmes, loin de là. Il faut continuer à se dire que les choses vont bouger. Evidemment, on n'est pas tous égaux, mais notre génération ne doit pas lâcher l'affaire. On a un gros pouvoir de communication. Il ne faut pas que ce soit tabou, il faut arrêter avec ça. Sur le tournage, Jammeh se moquait de moi en me disant que j'avais jamais pris le RER. Il y avait beaucoup de bienveillance, on rigolait.
Kery James est très discret, c'est un bosseur
Comment s'est passée ta rencontre avec Kery James et les acteurs ?
Super, c'était top. Kery est très discret, c'est un bosseur. Il te laisse ta liberté pour t'exprimer, il te parle quand il a besoin de te parler. Il y a un truc très juste.
Cela n'a pas été trop difficile de créer une telle alchimie avec Jammeh Diangana que tu ne connaissais pas ?
Pas du tout. On s'est ultra bien entendu, c'est un amour. Il est intelligent, gentil, touchant, il est super doué. Il est trop cool. On avait beaucoup de taff sur nos textes, on se soutenait tout le temps. On était un vrai duo.
Votre scène du concours d'éloquence est bluffante, a-t-elle été compliquée à tourner ?
Elle a été faite d'une traite. Tout le début, c'est un plan séquence. On a mis une journée pour la tourner et la scène dure 11 minutes. C'était un truc de malade. Il y avait pas mal de pression, mais c'était tellement positif. Ça reste l'une de mes plus belles journées de tournage. Je n'avais pas l'impression de jouer, c'était naturel.
Que retiens-tu de ce tournage ?
Le concours d'éloquence. C'était une journée ultra forte. Quand c'était la fin, on a tous pleuré. L'ambiance était très bizarre, il y avait tellement d'amour et de bienveillance. Même les figurants étaient bouleversés par nos mots aussi forts à la fin.
J'aimerais jouer un super-héros, une espionne ou une sorcière avec des pouvoirs magiques
Tu as défendu une autre belle histoire dans Jamais sans toi Louna, comment as-tu vécu cette expérience ?
On était une équipe remplie d'amour et de bienveillance. On a parlé de cette histoire avec les parents qui ont perdu leur enfant pendant 4 ans. Ce sont des choses que tu ne rattraperas jamais de toute ta vie. Ils étaient tellement gentils. Ça ouvre les yeux sur le monde, sur ce qu'il se passe.
As-tu d'autres projets de prévu ?
Début 2020, je serai dans Derby Girl qui est la première série originale de France Télévisions. J'ai le rôle principal, ça n'a rien à voir avec Banlieusards, c'est complètement absurde. Mais l'air de rien, c'est sur les stéréotypes, il y a un vrai truc sur l'image de la femme.
Tu as joué des rôles assez différents, mais quel rôle souhaiterais-tu aujourd'hui explorer ?
J'aimerais jouer un super-héros, une espionne ou une sorcière avec des pouvoirs magiques. Déjà, juste pour voir à quoi ressemble le tournage sans les effets spéciaux. Ou alors de jouer une folle, complètement tarée.
J'ai envie qu'un jour, on n'ait pas besoin de préciser que je suis la fille d'Alexandra Lamy
Est-ce que tu demandes des conseils à tes parents avant de choisir un rôle ?
Je leur demande toujours des conseils. Après, ce n'est pas avec mes parents que j'en parle le plus, c'est avec mon amoureux. Il me conseille super bien, il sait quel genre de carrière je veux. Il me connaît par coeur. Je suis bien entourée comme j'entoure bien aussi.
Ça te gêne quand on dit "la fille de" ?
Ça me gêne, j'ai envie d'être Chloé Jouannet, mais ça viendra à temps. Je comprends aussi, ça fait partie du jeu. Ça peut être une béquille comme ça peut être une aide. C'est sûr que ça me fait passer des étapes plus vite, mais j'ai envie qu'un jour, on n'ait pas besoin de préciser que je suis la fille d'Alexandra Lamy.
Tu parles assez ouvertement de ton couple avec Zacharie Chasseriaud, ce qui est assez rare chez les acteurs...
Ça fait depuis que j'ai 17 ans que je suis avec lui. C'est mon amoureux, je suis hyper fière. Je l'ai toujours aimé.
Propos recueillis par Lola Maroni. Contenu exclusif. Ne pas reproduire sans citer PureBreak.com.