Initialement prévu le jeudi 8 septembre avant d'être déprogrammé en urgence suite au décès de la reine d'Angleterre, c'est ce dimanche 11 septembre 2022, en deuxième partie de soirée, que le numéro de Complément d'enquête centré sur l'envers du décor du business des influenceurs a été diffusé sur France 2.
Un numéro très attendu des téléspectateurs, de plus en plus en colère contre les arnaques vendues par ces "influvoleurs" (marque presque déposée par Booba), qui n'a pas été simple à mettre en place. En cause ? De nombreux intervenants qui étaient interrogés sur leurs pratiques au cours du reportage ont progressivement eu peur de voir leur image s'écorner face aux sujets abordés, et donc leur business s'effondrer à la suite de la programmation.
C'est notamment le cas des TikTokeurs Alex et Nina expatriés à Dubaï ou de la star de la télé-réalité Milla Jasmine qui, dès la fin des enregistrements, ont rapidement contacté leurs avocats afin de demander à disparaître du doc', tout comme Magali Berdah - boss de l'agence Shauna Events, que l'on a pu voir à l'écran en train de réclamer la suppression d'une séquence la concernant car celle-ci ne lui plaisait pas.
De quoi comprendre que le reportage diffusé ce week-end a donc été victime de censure ? Que les promesses vendues par le documentaire Arnaques, fric et politique : le vrai business des influenceurs n'ont pas été tenues par peur des représailles judiciaires ? C'est justement la question que se posent aujourd'hui de nombreux téléspectateurs.
Alors que Booba a profité de son compte Twitter pour déplorer le fait que ce numéro de Complément d'enquête avait mystérieusement laissé de côté de nombreux sujets, "Il manque des choses...Pub pour la clinique des Champs, Nicky comestics, sa société est en perte et les journalistes annoncent 3M€ d'benef, le nombre de procès et plaintes en cours contre elle, placements du jeu de la fusée, arnaques CPF...", des internautes se sont quant à eux étonnés du temps d'émission effectif, "Un peu court c'est dommage (ça devait durer 2h40 au lieu d'1h je crois, bizarre)".
Les journalistes de Complément d'enquête ont-ils véritablement cédé aux pressions ? On vous rassure, la réponse est "non". Si la durée du reportage peut paraître courte (68 minutes), elle est pourtant dans la moyenne des autres émissions. Celle du 1er septembre a en effet duré 69 minutes, là où celle du 23 juin durait 76 minutes et celle du 9 juin durait 63 minutes. En réalité, la case des 2h40 vendue correspondait simplement au programme initialement prévu avant ce bouleversement exceptionnel de la grille de France 2.
Par ailleurs, le journaliste Tristan Waleckx - que l'on voit à l'écran sur les fameux fauteuils rouges, a de son côté promis sur Twitter que malgré les menaces et coups de gueule des influenceurs mis en cause, rien n'a été coupé au montage : "Malgré les (nombreux) courriers d'avocats, notre Complément d'enquête sur les influenceurs de la télé-réalité, initialement prévu jeudi dernier, sera bien diffusé ce dimanche soir. Bien évidemment, pas une virgule n'a été changée !"
Une déclaration attendue, validée par Paul Labrosse, le réalisateur. Interrogé par TVMag sur les retours inquiets des différents intervenants, ce dernier en a profité pour faire un rappel très important : "Après le tournage, une fois qu'ils ont vu que des questions leur plaisaient moins que d'autres et qu'on allait aborder certains sujets qu'ils n'avaient pas envie qu'on aborde, ils ont essayé de se rétracter. Nous avons heureusement, en France, le droit à l'information."
Puis, il l'a ensuite précisé, ce n'est pas parce que Magali Berdah a pu exprimer face caméra qu'elle ne voulait plus voir une séquence avec elle apparaître à l'écran que l'équipe du documentaire était obligée de l'écouter : "Nous sommes dans notre droit à partir du moment où quelqu'un vous autorise à tourner à l'instant T, répond à vos questions et passe plusieurs heures avec vous. (...) Ce n'est pas parce qu'elle nous demande de ne pas diffuser cette séquence que nous sommes obligés de le faire."
Même si certains médias n'ont pas une très bonne réputation, ce n'est pas une raison pour ne plus avoir confiance en la presse et en la rigueur des journalistes. "Beaucoup de gens pensent encore que la presse est juste un organe de communication qu'on peut utiliser, maîtriser et manipuler, a-t-il soufflé. Or, ce n'est pas le cas."
Vous l'aurez compris, même si ce numéro a pu nous laisser sur notre faim, celui-ci a néanmoins été enregistré et monté de façon normale et sans censure. Et qui sait, peut-être que les thèmes qui n'ont pas été abordés cette semaine le seront bientôt dans une autre émission. A suivre.