Vous êtes vous jamais demandé ce qui pourrait se passer si on confrontait le public geek de Star Wars et... des numéros de strip-tease ? De quoi déclencher un cataclysme en mode Oppenheimer. C'est précisément ce dont nous avons pu témoigner en assistant en live à un pastiche aussi délirant que déluré : The Empire Strips Back, à découvrir dès à présent et jusqu'en janvier prochain au Théâtre du Gymnase.
N'écoutant que notre professionnalisme, on s'est rendu sur les Grands Boulevards en ce très frigorifique mois de novembre pour se réchauffer avec ce détournement façon spectacle de danse burlesque & strip-tease de la célèbre trilogie (oui, trilogie) de George Lucas. Oui, c'est comme si le Moulin Rouge invitait Chewbacca, R2D2 et Yoda. Sacré crew.
On n'était pas prêt pour ça. Vous nous plus, on le prédit. Succès sur les planches outre-Atlantique, passé de Chicago et San Diego à l'Australie sans oublier Los Angeles, The Empire Strips Back revisite les personnages les plus mythiques de Star Wars et les tubes les plus pop, de Michael Jackson à Miley Cyrus en passant par Guns N' Roses, sous couvert d'effeuillages très très coquins. Pour public averti évidemment.
Depuis le tout premier opus de la franchise interstellaire (rebaptisé Un nouvel espoir a posteriori), les pastiches des aventures de Luke Skywalker se sont multipliés. Avec toujours, une pointe de sexy. Mais ce show-là est peut- être, au sein des divertissements plus "grand public", loin des parodies type films pour adultes - bien que le spectacle soit foncièrement interdit aux moins de 18 ans ! - celui qui a le moins froid aux yeux. On vous raconte l'expérience.
Avait-on vraiment envie de découvrir ce qui se cache sous les costumes des Stormtroopers ? Les secrets torrides de Dark Vador ? Les coulisses de la captivité de Princesse Leia dans Le retour du Jedi ? Ou encore, l'intimité, hum, sans filtre de Darth Sidious, alias l'Empereur ?
Aucune idée, mais nous n'avons pas eu le choix !
Car The Empire Strips Back ne fait pas vraiment dans la pudeur et encore moins dans la pudibonderie : cette farce galactique entremêle numéros spectaculaires de danseuses expérimentées se concluant fatalement sur des tenues très épurées, déconseillées en période hivernale (sous peine de choper un rhume), et humour potache égratignant le mythe Star Wars à grands coups de private joke, de grivoiseries et de détournements trash.
Exemple ? On vous évoquait plus haut le côté "no filter" de l'Empereur. La magie des costumes faisant le reste, on ne va pas vous spoiler le numéro très spécial du personnage, à l'âge assez avancé pour rappel, mais sans risquer le divulgâchage, disons que ses chorés en solo sur fond de Wrecking Ball... ne sont pas à mettre sous tous les yeux. On n'avait jamais vu ça. Les souvenirs resteront impérissables.
Le tout s'est déployé devant un public en furie, devenu l'espace d'une soirée l'équivalent d'un gang de Gremlins qu'on aurait éclaboussé d'eau. Ambiance furieuse sur les sièges du Théâtre du Gymnase, comme si quelques loups tout droit sortis d'un cartoon de Tex Avery étaient venus les agiter avec ferveur. La bière proposée à l'entracte n'a pas dû aider. Finalement, c'est aussi bien sur scène que dans la salle que "the show must go on".
Voilà pour le mood, mais, précisons-le, ces dames étaient loin, très loin d'être aux abonnées absentes : fandom Star Wars oblige, auréolé du petit plus "muy caliente" de l'expérience, on a pu observer beaucoup de couples, quelques bandes d'amies, et même des spectatrices étrangères, venues tout droit d'Allemagne (par exemple) se sauver du froid parisien en assistant à ces performances... qui ont fait grimper la température.
Façon X Wing s'élevant jusqu'à l'Etoile Noire.
Entre chaque numéro burlesque, assuré par des danseuses au talent largement reconnu par leur audience (les applaudissements ont fait vibrer la salle), un host baptisé Bruce, tantôt déguisé en pion de l'Empire, tantôt en Rebelle, suscitait l'adhésion en décochant quelques blagues très "private jokes" sur la saga de space opera. Pas de quoi apaiser une foule de fans transformant vite le show en interaction constante et très allumée.
Traduction : si votre lifegoal est de voir une salle entière imiter Chewbacca à l'unisson, vous serez ravis. Une réception enthousiaste à Paris, qui n'est autre que la première ville européenne à accueillir ce spectacle not safe for work.
Le clou dudit spectacle ? On hésite entre la présence électrisante d'une Princesse Leia dont la badasserie n'est plus à prouver, et qui trouve dans le champ burlesque une force supplémentaire, et, contrepoint surprenant, une performance étonnante sur fond de Roads, le son hyper mélancolique de Portishead. Un numéro beaucoup plus introspectif qui a pris de revers une salle aussi attentive que lors d'un exam.
Une sacrée expérience donc. On ne t'en dit pas plus pour ne pas gâcher la fête. Ce spectacle interdit aux moins de dix-huit ans se déroule au Théâtre du Gymnase, et se réserve sur cette page.