L'avenir de l'Equipe de France de football se fera sans Karim Benzema après un énième clash avec Didier Deschamps, mais également sans Houssem Aouar. Malgré un long parcours avec les Espoirs (17 sélections, 4 buts) et une sélection avec Les Bleus en 2020 face à l'Ukraine (match amical), l'actuel joueur de l'Olympique Lyonnais a finalement décidé de changer de nationalité sportive.
Ce jeudi 16 mars 2023, le milieu de terrain a confirmé sur ses réseaux sociaux qu'il souhaitait dès à présent représenter les couleurs de l'Algérie. Un choix considéré par certains observateurs et supporters comme opportuniste, l'accusant d'agir de la sorte uniquement parce que le secteur en Bleu est actuellement bouché, mais qui lui tenait au contraire à coeur.
Interrogé par la Fédération de Football de l'Algérie sur ce revirement, Houssem Aouar - né dans la banlieue lyonnaise mais de parents Algériens, a confessé vouloir se rapprocher davantage de ses proches et de ses origines. "Cette sélection représente énormément pour moi et ma famille, pour mes parents, a-t-il déclaré. C'est quelque chose de très fort pour moi."
Il l'a ensuite rappelé, même s'il a pour l'instant passé l'intégralité de sa vie à Lyon, le joueur de 24 ans a toujours eu l'Algérie en lui, "Mes rapports avec l'Algérie sont très forts et très étroits parce que depuis le plus jeune âge j'avais l'habitude de m'y rendre tous les étés avec ma mère et ma famille."
Puis, afin de prouver qu'il a toujours ressenti "un lien très fort entre [lui] et l'Algérie", Houssem Aouar a fait part d'une étonnante confidence. Malgré sa fierté à l'époque de rejoindre le groupe de Didier Deschamps, il s'est toujours senti mal à l'aise vis-à-vis de ce choix. "Pour être honnête, une fois mon choix fait de rejoindre l'équipe de France, j'ai ressenti tout simplement un regret, a révélé le footballeur. J'ai senti que je n'avais pas fait le choix qui me convenait à moi."
Des propos honnêtes que l'on ne peut que saluer - qui devraient malheureusement faire grincer les dents de quelques supporters limités, mais qui posent également une question : pourquoi avoir attendu plus de deux ans pour changer d'avis ? Etant donné qu'il n'avait joué qu'un match amical avec la France, rien ne l'interdisait - à l'instar d'Aymeric Laporte récemment, de changer de sélection plus tôt. La réponse ? Parce qu'il ne voulait pas s'imposer de manière illégitime dans un groupe vainqueur de la Coupe d'Afrique en 2019.
"C'est quelque chose qui me trottait dans la tête depuis très longtemps, mais je ne me voyais pas faire la démarche moi-même parce que j'avais peur qu'on me voit comme un opportuniste, a-t-il assuré. Et là, le coach et le président m'ont tendu la main, donc forcément, j'y ai vu un signe du destin. J'ai vu que j'avais une deuxième chance".
Reste désormais à espérer que les fans des Fennecs sauront l'accueillir comme il se doit et que les supporters de l'EDF ne se comporteront pas bêtement à son encontre durant les prochains matchs de Ligue 1. Néanmoins, au regard des premières réactions, cela semble mal parti. Invité de L'Equipe du Soir ce jeudi 16 mars 2023, Raymond Domenech - ex-sélectionneur des Bleus, n'a pas caché son agacement vis-à-vis de ce changement sportif qu'il estime "humiliant pour l'Algérie". Le consultant l'a expliqué, Houssem Aouar ne serait pas honnête avec lui-même et sa nouvelle sélection.
"S'il fait ça au moment où il est au top niveau et que c'est lui qui décide qui il choisit réellement ok, mais là il diminue quelque part l'idée qu'on peut avoir de cette équipe d'Algérie en disant 'Je ne suis pas bon pour l'Equipe de France, alors je parle de mon coeur et j'y vais', a-t-il déploré. Mais il ne joue même pas à Lyon."
De même, de nombreux suiveurs de l'Algérie estiment que Djamel Belmadi - le coach de la sélection, accepte de se faire marcher dessus en prenant Aouar. Alors que l'entraîneur lui avait toujours ouvert la porte, estimant qu'il serait un plus non négligeable pour son groupe, il avait néanmoins poussé un énorme coup du gueule en septembre dernier concernant la lenteur des décisions des binationaux (Aouar et d'autres) et leur façon d'entretenir un flou frustrant.
"Depuis 4 ans, j'ai contacté ces joueurs et plus que contacté. Allez les trouver, tous les noms que vous citez, ils sont 5-6, et demandez-leur si quelqu'un les a contactés ! Je serai très attentif à la réponse des joueurs", avait-il soufflé face à la presse algérienne. L'an passé, il s'avouait fatigué de voir les footballeurs et leurs proches tenir un double discours à longueur de journée, "Les papas des joueurs, en général, adorent souvent dire partout à quel point ils aiment le pays, à quel point ils sont nationalistes, mais ils changent de discours quand leurs fils doivent effectivement jouer pour nous."
Autant dire que l'arc de rédemption d'Aouar s'annonce long et difficile.