Quand un film attire près de 14 millions de spectateurs dans les salles françaises, se retrouve numéro un au box office de l'année de sa sortie (1993) et vaut même à son actrice (Valérie Lemercier) un César, on peut le dire : c'est une franche réussite. Comme si tout était écrit. Et pourtant, c'est toujours loin d'être le cas.
Car Les visiteurs (le film dont il est question ici) n'était pas une évidence pour tout le monde. Surtout pas pour les producteurs et les financeurs derrière le projet. Aujourd'hui, "okayyy", dame Ginette, les métamorphoses diverses, et même la scène du facteur, apparaissent comme des passages obligés de la comédie française. Qu'on va d'ailleurs revoir sans déplaisir ce 19 juillet 2023 sur TF1 à 21h10 : la première chaîne rediffuse non seulement le premier, mais aussi le second volet de cette trilogie moyenâgeuse et dingue.
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Mais c'est une profonde réticence qu'a avant tout du affronter son metteur en scène.... Tant et si bien d'ailleurs que ce film aurait très bien pu ne jamais exister !
En fait, on se demande aujourd'hui si les mésaventures de Godefroy de Montmirail et Jacquouille la Fripouille auraient pu prendre forme sans... Jacquouille, justement. Enfin, plus précisément Christian Clavier , acteur qui avait déjà accompagné très fidèlement le réalisateur Jean-Marie Poiré sur plusieurs films auparavant : Twist again à Moscou, Mes meilleurs copains, L'opération corned beef...
Au tout début des années 90, Les visiteurs, Christian Clavier y croit fort. Il est bien le seul ! Jean-Marie Poiré se souvient du côté du magazine Première : "Christian a toujours été partant pour des idées de dingue. Avec le recul, Les Visiteurs, c'était un truc de fou. Personne n'a voulu produire le film. C'est un projet qui s'est gagné au bras de fer. Je l'ai produit avec Clavier contre l'avis d'Alain Terzian [grand producteur français installé depuis la toute fin des années 70, ndlr] et même de Gaumont !".
"Tout le monde a trouvé le scénario épouvantable, débile... En vieux français en plus ! Et pourquoi pas en chinois ? Mais Christian a été emballé d'entrée. C'est quelqu'un qui est client d'idées que la plupart des gens refusent. Moi, j'aime le risque. Et Christian a toujours envie de me suivre. La Gaumont aussi a fini par me suivre... parce que j'ai menacé d'aller le tourner ailleurs !", se remémore encore le cinéaste.
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Et durant le tournage encore (tournage qu'il aurait très bien pu abandonner donc), Jean-Marie Poiré ne va pas cesser de déconcerter son entourage et les producteurs. Notamment en testant pour certains plans, comme la fameuse scène du "C'est des malades !", une toute nouvelle caméra intégrant un processus de modification de vitesse de l'image. "Lors de la rencontre avec le facteur, j'ai pu accélérer la course de Jacquouille dans la forêt pour produire un effet cartoon", se réjouit le réalisateur, à Première toujours.
Un succès moins téléphoné qu'on ne pourrait le croire donc...