La science-fiction est un véhicule incroyable pour explorer l'humain, la place que nous occupons dans l'immensité de l'espace qui nous entoure, mais aussi parfois le divin, le spirituel, en reprenant des éléments de mythologie de n'importe quelle religion. Non pas avec des intentions perverses de convertir le spectateur, mais pour essayer de donner une forme à ce que la science n'a pas encore réussi à expliquer ou même à atteindre.
C'est difficile à vendre pour de nombreux spectateurs, qui attendent des réponses plus logiques de ce type de films. Des exemples comme l'étonnant 2001 : l'Odyssée de l'espace, avec ses dissertations nietzschéennes pour lesquelles beaucoup n'ont pas de patience, ou l'irrégulier Prometheus tentent de capturer une tension entre l'humain et une entité supérieure inexplicable, cherchant ainsi à faire un portrait profond de nous-mêmes. Sunshine se trouve également dans cette catégorie.
Avec Cillian Murphy, qui retrouve l'équipe qui lui a donné son rôle dans 28 jours plus tard, et Chris Evans, Michelle Yeoh et bien d'autres, cette ambitieuse odyssée de l'espace de Danny Boyle et Alex Garland a été très sous-estimée à l'époque. Ses images de premier ordre et sa collection d'idées existentialistes méritent d'être redécouvertes maintenant que le film peut être visionné en streaming sur Disney+.
Le film nous emmène en 2057, où le vaisseau spatial Icarus II tente de sauver l'humanité de la catastrophe. Le soleil n'a plus que cinq ans avant de s'éteindre, et l'équipage cherche un moyen de lancer une puissante charge explosive qui revitalisera le corps céleste et prolongera son existence. Mais le fantôme du précédent Icarus, qui a échoué dans sa mission, exerce une pression incroyable sur l'équipage.
Alex Garland applique une fois de plus ses concepts fantastiques ambitieux, encore plus caractéristiques de sa carrière de réalisateur de science-fiction. Danny Boyle élargit le tout avec un peu de sensibilité populaire et beaucoup d'émerveillement visuel. Leur parfaite collaboration donne naissance à un film éblouissant à bien des égards, mais aussi philosophiquement lié au spirituel, ce qui peut être une barrière insurmontable.
En fin de compte, le traitement du soleil comme une entité vivante et divine offre de nombreuses possibilités, comme un message sur la nécessité de préserver la nature pour notre survie (ce dernier élément fait le lien avec 28 jours plus tard).
Tout cela est assez impressionnant, mais c'est aussi l'un des exercices de créativité les plus libres dans un studio hollywoodien à gros budget. Malgré les aventures de Danny Boyle, le film ne se veut pas un pur produit de consommation, une aventure de plus, mais tente plutôt de décomposer des concepts pertinents, mais abstraits d'un point de vue scientifique. C'est pourquoi il s'agit de l'un des meilleurs films de science-fiction de ce siècle.
Article écrit en collaboration avec Espinof.