Un manteau en hermine, une grossièreté à faire pâlir les plus balourds, un machisme accroché à l'ossature et une notoriété fébrile de rappeur numéro UNO, laissons tomber le rideau tout de suite car vous l'avez reconnu : on va vous parler du personnage de Fatal. Créé par Michaël Youn en 2002 avec ses acolytes de toujours Vincent Desagnat et Benjamin Morgaine, le rappeur Fatal, figure de proue du groupe de musique parodique Fatal Bazooka a eu le droit à son film en 2010. Sobrement appelé Fatal, on suivait la descente aux enfers de ce rappeur mythomane, mégalo et abject.
Robert Lafondue, jeune savoyard passionné de rap, quitte sa province bien décidé à conquérir Paris. Une fois sur place, pas question d'assumer cette origine pas franchement street-cred coded, et s'invente une enfance dans le 'ghetto'. Arrivé numéro "uno" à l'issue d'une dizaine d'années de carrière, détenteur d'une ville clinquante, de quatre Music Awards de la Musique, tout s'effondre lorsque son label le lâche après une énième frasque problématique, au profit du nouveau chouchou de l'industrie, Chris Prolls (Stéphane Rousseau). Ruiné, plaqué par sa femme-trophée, lâché par ses potes, il erre dans les rues en quête d'identité, une identité qu'il retrouvera en rentrant au bercail et en se reconnectant avec ses racines savoyardes... le tout enrobé dans une légende scato-crétine invoquant un père absent, une chèvre et une fréquence basse.
En tournée promotionnelle pour le film C'est le monde à l'envers !, Michaël Youn se confie au micro d'Allociné sur cette suite bien réelle. Les rumeurs courent depuis longtemps, mais le projet ne semble enclenché que depuis peu de temps. Et, comme à l'accoutumé pour le créateur du Morning Live, tout est parti d'une blague : "On s'est retrouvé avec le producteur du film Fatal, Alain Goldman. On avait envie de retravailler ensemble, de refaire quelque chose. On a parlé de plein de projets. Il m'a dit: "Et si on faisait la suite de Fatal ?" Je lui dis : 'Non, laisse tomber, on m'en a déjà parlé 10 fois, puis je n'ai pas d'idée. Non, mais tu vois, on ne va pas revenir 15 ans plus tard, dire que le mec est tombé dans le coma et qu'il se réveille aujourd'hui'. Et là, il me regarde et dit : "C'est super ça ! T'imagines, 15 ans après Fatal... Et on appelle ça Bazooka'".
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Comme le mentionne Youn dans l'interview, Fatal n'a pas cessé d'exister après le film. "Je me suis rendu compte que le personnage ne m'avait pas quitté depuis toutes ces années. Je continue à faire des tournées de mon autre métier de chanteur. Je chante Fatal Bazooka un peu partout. Au début, c'était dans des petits événements et maintenant, je fais des festivals de 80 000 personnes. Le personnage a sa propre vie, il l'a continué tout seul sans moi". Le personnage a beau continuer de vivre sa vie sur scène, l'intention de Michael Youn est de présenter un personnage qui n'a pas du tout évoluer. "(...) [Il] n'a pas évolué. Et aujourd'hui, dans un monde beaucoup plus woke, Fatal, avec ses réflexes de boomer misogyne, homophobe, rappeur pur et dur, ça va pas du tout marcher pour lui".
Depuis quelques années, on a pu voir évoluer l'acteur-réalisateur-chanteur dans des productions un peu plus tournées vers le drame (ou a minima vers la comédie dramatique) qu'à l'accoutumée. Une évolution de carrière plutôt naturelle, mais avec laquelle il souhaiterait faire une petite rupture. Une pause, pour renouer avec son amour de jeunesse pour la "comédie débile" comme il l'appelle. À cette appellation, rien de condescendant, il le justifie d'ailleurs dans cette même interview : "La comédie débile à la Ben Stiller, à la Will Ferrell, comme le fait très bien aussi la bande à Fifi, c'est ce que j'adore. Dans débile, n'y a absolument pas de condescendance de ma part".
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Et c'est cette ligne de (mauvaise) conduite qui est adoptée dans l'écriture et la production de Fatal 2. "On est s'est laissés gagner par l'histoire qui est tellement con et ça nous fait tellement plaisir. C'est jubilatoire de pouvoir retourner dans de la vraie comédie pure et dure. Ce que j'appelle, et qui n'est pas méprisant, de la comédie débile, ce que j'aime beaucoup faire. (...) Donc, repartir là-dedans et remettre de la musique, réécrire avec mes potes des morceaux à la fois qui tournent et qui sont bien cons, c'est extrêmement jouissif".
Toujours en cours de développement, le film est prévu pour 2026. Promis, dès qu'on a davantage d'infos, on vous tiendra au courant !