Et si on assistait enfin à un début de règne des drag queens à la télé française ? Au sein d'un PAF pas forcément connu pour sa subversion, on a déjà pu savourer sur FranceTV Slash Drag Race France, inspirée du mythique RuPaul's Drag Race - inépuisable réservoir à gifs, et à grosses chialades aussi. Et ce jeudi 18 mai 2023, c'est pour la toute première fois en prime time que les drag queens se sont affichées : c'était sur NRJ 12, dans l'émission Perfect Queens.
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L'idée ? Introduire un large public (celui des Anges de la télé-réalité et de Tellement vrai, donc vraiment très large) à la culture drag par le biais de participantes hautes en couleurs enchaînant présentations, danses, spectacles divers, mais aussi moments plus intimistes permettant de mieux les découvrir. Pour rappel, une drag queen, c'est un homme qui se travestit en femme (enfin, qui se réapproprie et s'amuse des codes de la féminité), dans le cadre d'une performance, d'un spectacle : c'est jouer un personnage.
Et cette première historique pour nous est loin de laisser le public de marbre. Sur Twitter déjà, les avis enthousiastes déboulent, emojis coeur à l'appui : "Cette émission est incroyable ! On veut plus de Drag Queens à la télé svp", "Comment j'aimerais tellement voir une performance en live, j'adore le drag, je suis sûre que tu dois t'éclater à un spectacle de drag", "Perfect Queens c'était trop bien !".
Surtout, les hourras se multiplient pour saluer la perf' de Coco Richard, autrement dit, dixit un twitto : "la cagole la plus drag queen sur la chaîne des Anges ... Iconique !".
Coco Richard est l'une des vedettes de l'émission. Se définissant comme "comedy queen" et "homosexuel festif", cette reine du stand-up est également très active sur les réseaux, partageant aussi bien son humour que ses engagements politiques - contre les violences faites aux personnes LGBTI, l'homophobie qui explose en France, l'extrême-droite...
Pour la participante, l'émission de NRJ 12 est bien plus qu'un simple concours. C'est une manière d'initier un public super mainstream à une culture encore méconnue et surtout incomprise pour beaucoup. Et de rappeler qu'être drag, ce n'est pas juste de l'entertainement : "Il est important que les drag-queens restent engagées et pas lisses", énonce l'artiste à Télé Loisirs. Sa collègue "queen" Aalyiah Express abonde : "Le drag est politique". "Avoir un discours militant découle de mes expériences, de ma vie, j'en ai besoin, c'est cathartique. Il m'est important de défendre des valeurs antiracistes et anti-LGBTphobies", développe la queen auprès de 20 Minutes.
Il est même question de "militantisme artistique". Ca te semble exagéré ? Ca ne l'est pas.
Bien sûr, être drag queen, c'est politique : se jouer des stéréotypes masculins et féminins profondément ancrés dans notre société (oui, en 2023 toujours) en "performant" un genre, faire des sexualités un vrai spectacle, angoisser les virilistes réacs et tous ceux qui voient le mot "efféminé" comme la pire insulte.
Mais c'est aussi une culture fédératrice, au sein de laquelle chacun(e) peut s'identifier. Humour, personnages et danse confèrent beaucoup de joie et d'optimisme à des parcours persos jamais évidents (ruptures familiales, expérience de la haine, drames divers), mais donnent aussi à réfléchir sur l'acceptation de soi, l'émancipation, la manière dont l'on se joue du regard des autres, la solidarité aussi, entre personnes vulnérables et marginalisées. Une ribambelle d'enjeux qui font forcément écho et expliquent le succès de RuPaul's Drag Race.
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Car finalement, on a toujours beaucoup à apprendre des drags. Sacrée recette donc, qu'une bonne partie du public s'est plu à retrouver hier soir auprès de ces Perfect Queens. En attendant la suite ?