La scène la plus difficile à tourner de l'histoire du cinéma se trouve dans le film d'action Opération Espadon, sorti en 2001. Elle dure à peine 30 secondes et ne contient qu'un seul mot du scénario signé par Skip Woods. Pourtant, elle a coûté 5 millions de dollars, a pris 1 an à réaliser et a nécessité l'utilisation simultanée de 135 caméras.
Le scénario de Opération Espadon indiquait que le mot "Kaboom" désignait clairement qu'une énorme explosion allait avoir lieu dans le film, mais ce à quoi personne ne s'attendait, c'était l'ampleur de cette explosion. Pour ce faire, l'équipe s'est inspirée des techniques utilisées par les Wachowski dans Matrix et le réalisateur Dominic Sena a exposé ses plans dans les notes de production du film mettant en scène Hugh Jackman, John Travolta ou Halle Berry, qui a expliqué regretter profondément d'avoir refusé l'une des superproductions de Keanu Reeves.
"Pendant cette scène, des voitures de police explosent, des types volent dans les airs, et il fallait que, lorsque nous arrivions à la caméra numéro 125, ce gars soit en train de voler dans le cadre. Je n'avais jamais vu de plan aussi difficile à mettre en place (...) Une séquence pour l'explosion, une séquence pour la voiture projetée dans les airs, une séquence pour les personnes censées se trouver à côté de la voiture (...) C'était donc une succession de plans. Il fallait des jours pour obtenir un plan de 30 secondes", a raconté le cinéaste.
Plus précisément, le tournage en lui-même a duré 3 jours, mais avant cela, 3 mois ont été consacrés à la planification de la scène. Il s'agissait de voir ce qui pouvait être tourné et ce qui devait être ajouté ultérieurement par ordinateur. À l'époque, la technologie ne permettait pas d'utiliser uniquement des effets visuels, ce qui rendait les choses encore plus compliquées.
Par exemple, pour ces 3 jours de tournage, il a fallu mettre en place un système multi-caméras avec une plateforme capable de supporter 135 caméras fixes. Le tout avec une précision de l'ordre de la milliseconde pour s'assurer que tout se déroule comme prévu. En effet, 85 % de la scène a été réalisée physiquement, puis certains éléments trop dangereux ont été ajoutés par CGI et d'autres retouches ont été effectuées sur commande.
La tâche n'a pas été facile non plus, puisqu'il a fallu huit mois à Frantic Films pour préparer la scène. L'un des plus grands défis a été la nécessité de ralentir l'image et de suivre un modèle différent en fonction de ce qui était à l'écran à ce moment-là, comme l'explique Chris Bond, cofondateur de Frantic Films : "Il a fallu huit mois pour que la scène soit prête". Pour toutes les prises de vue extérieures, nous avons dû ralentir 134 images à 400 images par seconde, et pour toutes les prises de vue à l'intérieur de la cafétéria, nous avons dû ajouter des images intermédiaires pour convertir une prise de vue de 45 images par seconde à 102 images par seconde'.
"Environ deux nouvelles images ont dû être générées entre chaque prise de vue ; cependant, en raison de la façon dont les caméras étaient courbées dans la scène, il a parfois été nécessaire de créer jusqu'à sept images intermédiaires synthétiques", a-t-il ajouté.
La société a dû créer plusieurs images à partir de rien grâce à la magie des effets visuels, avec le défi supplémentaire qu'elles devaient être suffisamment convaincantes pour être crédibles aux yeux du spectateur.
Malheureusement, tout ce travail pour 30 seconde du film n'aura pas suffi à faire d'Opération Espadon un succès au box-office. Il a rapporté autour des 150 millions de dollars pour un budget estimé à 70 millions. Pire, avec ce film, John Travolta a été nommé comme pire acteur aux Razzie Awards...
Article écrit en collaboration avec Espinof.