Alors qu'il était déjà la cible d'accusations de harcèlement sexuel et de comportement déplacé - ce qui a convaincu le ministère des Sports de lancer un audit sur le fonctionnement de la FFF, Noël Le Graët (président de la fédération) s'est retrouvé au coeur d'une tempête médiatique supplémentaire ce week-end en se montrant irrespectueux à l'encontre de Zinédine Zidane.
Au détour d'une interview sur RMC pour évoquer la récente prolongation de Didier Deschamps à la tête de l'Equipe de France de football, le dirigeant avait balayé d'un revers de main la possibilité de voir Zidane lui succéder en déclarant : "Je n'en ai rien à secouer, il peut aller où il veut. Il peut aller où il veut dans un club en Europe, il en aurait tant qu'il veut. Une sélection, j'y crois à peine. (...) Je ne l'aurais même pas pris au téléphone. Pour lui dire quoi ? Bonjour monsieur. Ne vous inquiétez pas, cherchez un autre club, je vais me mettre d'accord avec Didier."
Une attitude qui avait rapidement choqué la planète foot et qui avait vu autant de journalistes que d'anciens footballeurs réclamer sa démission, ne l'estimant plus à la hauteur d'un tel poste. Un cri du coeur un peu étonnant / hypocrite au regard de leur long silence vis-à-vis des accusations de harcèlement sexuel, néanmoins entendu puisque, ce mercredi 11 janvier 2023, le Comex (Comité exécutif) de la FFF s'est finalement réuni en urgence afin de statuer du cas de Le Graët.
Résultat ? C'est à travers un communiqué que l'information est tombé : le président a été (temporairement) mis sur la touche, remplacé par Philippe Diallo, qui était jusqu'à présent le vice-président : "Noël Le Graët, en accord avec le Comité exécutif de la FFF réuni ce jour à Paris, a choisi de se mettre en retrait de ses fonctions de président de la Fédération jusqu'à la communication définitive de l'audit diligenté par le ministère des Sports, et dans l'attente de son analyse par le Comex de la FFF".
Une décision saluée par tous (bien que certains pointent du doigt la formulation du communiqué en rappelant que ce n'est pas le Comex qui a pris la décision ET que Le Graët n'a pas officiellement démissionné), qui a pris une autre ampleur quelques minutes plus tard avec les propos d'Eric Borghini sur BFM TV.
Interrogé sur cette réunion et l'état de Noël Le Graët, ce membre du Comex a révélé que le grand patron de la FFF était notamment revenu sur la polémique concernant le Ballon d'Or 1998 : "Il nous a présenté ses excuses pour les propos tenus sur Zinedine Zidane, des propos qu'il ne pense pas. (...) Il a reconnu qu'il avait commis une erreur, eu une communication non maîtrisée. Il a envoyé une lettre à Zinedine pour lui demander un rendez-vous. Il s'est excusé auprès de lui et auprès de nous."
Surtout, Eric Borghini a dévoilé ce que Le Graët avait dit pour défendre son cas. Et vous allez le voir, c'est surprenant : "On a commencé par écouter notre président, qui a commencé le Comex en nous disant 'je n'ai rien fait, je jure sur votre tête à tous que je n'ai rien fait et que le rapport de l'audit sera très positif pour moi, il n'y aura rien contre moi'."
Un optimisme improbable au regard de la haine qu'Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, semble lui porter si l'on se fie à ses nombreuses déclarations, et un mode de défense très puéril que l'on pourrait même qualifier de ridicule. Aussi, sans grande surprise, il n'a pas fallu attendre longtemps avant de voir les internautes s'en moquer.
"'J'ai rien fait, je le jure', Il est en maternelle ou quoi ?", peut-on lire sur Twitter, tout comme, "Le poto il est déconnecté il jure sur leur tête", "Comment tu jures sur la tête des gens, c'est quel genre de lâcheté ça" ou encore, "Il jure sur la tête des autres membres de la mafia FFF. Généralement on jure sur la tête des ces enfants ou sa mère, ça en dit long sur le fonctionnement de cette organisation mafieuse."
Pour l'anecdote, cette mise en retrait de Le Graët ne traduit pas une possible démission future de sa part. Eric Borghini l'a rappelé, tout dépendra des résultats de l'audit : "Si le rapport blanchit complètement le président, je voudrais qu'on m'explique pourquoi il serait contraint à la démission. Soit il a commis des faits qui, sur le plan pénal, disciplinaire, éthique, sont condamnables, ce sera dans le rapport et dans ce cas là, il n'y a pas de sujet et il nous a de lui-même dit 'je démissionnerai'. Soit le rapport est positif et le blanchit... au nom de quoi il quitterait ses fonctions? Le rapport sera un peu l'arbitre."
Autant dire que les prochains jours s'annoncent cruciaux et que les tensions pourraient rapidement reprendre...